En deux ans à
peine, les SMS (Short Messages Services) ont remporté un succès
inespéré auprès des utilisateurs des téléphones
cellulaires, et conquis près de 250 millions d'usagers en Europe,
selon le cabinet Forrester Research. Fort de cette expérience pour
le moins enrichissante, les opérateurs de téléphonie
mobile préparent activement la prochaine génération
de messages sur téléphones portables, appelés aussi
MMS pour Multimedia Messaging Services. Seul hic, l'essor de ces petits
messages dotés de sons et de courtes vidéo est conditionné
au déploiement des réseaux dits 2,5 G ou GPRS en Europe
(voir
notre article). Dans ce contexte, l'EMS (Enhanced Messaging Service),
compromis entre la richesse fonctionnelle des MMS et la simplicité
technologique des infrastructures GSM requises par les SMS pourrait bien
faire son trou. D'autant plus que la version 5 de cette technique - qui
vient d'être adoptée par le 3GPP
- apporte entre autres nouveautés un peu de couleur dans un monde
en noir et blanc...
L'arrivée des premiers services EMS remonte à quelques temps
déjà, avec des fournisseurs de contenu tels que Kiwee
ou 123Multimédia
en France, qui ont été parmi les premiers à proposer
aux utilisateurs de télécharger logos animés et sonneries
personnalisées sur leurs téléphones portables. Chez
les fabricants de terminaux, c'est Ericsson
qui a ouvert le bal en 2001, rapidement rejoint par Alcatel, Siemens
et Motorola, en annonçant la sortie pour l'été 2002
de ses premiers téléphones compatibles EMS, le T20e et le
T29. Si ces services, promus à grand renfort de campagnes publicitaires,
ont reçu un accueil plutôt favorable auprès des adolescents
essentiellement, leurs limitations techniques ont cependant contribué
à freiner une adoption plus massive. La normalisation de la V5
de l'EMS par le Third Generation Partnership Project (3GPP) au début
du mois pourrait changer la donne.
"L'ancêtre des EMS , c'est le smart messaging de Nokia",
rappelle Fabrice Segura, directeur technique de Swapcom,
un éditeur de logiciels pour applications mobiles membre du 3GPP.
Selon lui, les avancées de la dernière version d'EMS sont
significatives sur plusieurs points. Au niveau du
formatage
des données d'abord, puisque les EMS vont pouvoir assurer la gestion
des attributs de couleurs en plus des caractètes gras et soulignés
qu'autorisait déjà la V4. Au niveau de la taille des messages
ensuite, qui en théorie pourront être 8 fois plus longs que
la V4 plafonnée à 160 caractères (comme les SMS)
grâce notamment à un procédé de compression
des données.
"Avec l'implémentation de LZSS, un algorithme de compression
qui permet de factoriser certains éléments, on gagne de
la place par rapport à la V4 qui était loin d'être
optimisée pour faire passer des messages riches", explique
ainsi Fabrice Segura. Mais c'est surtout la possibilité d'envoyer
des animation en mode séquentiel (à base de fichiers bitmaps)
ainsi que des icônes en couleur qui représente l'avancée
la plus intéressante. Enfin, la prise en charge d'un algorithme
de graphisme vectoriel pourra permettre de saisir à la main de
petits dessins simples (via un stylet), pour les téléphones
communicants équipés de ce genre de fonction.
Plusieurs fabricants de terminaux ont d'ores et déjà annoncé
le support des EMS V5, parmi lesquels Sagem,
qui devrait implémenter la norme sur les téléphones
de la gamme my X-5, prévus pour le second trimestre 2002. Comme
le souligne le directeur technique de Swapcom, même si certains
constructeurs fourbissent actuellement leurs armes et annoncent pour bientôt
la sortie de terminaux compatibles MMS (comme le Nokia 7650 par exemple),
il leur faudra s'accomoder des 9,6 Kbt/s du réseau GSM pour quelque
temps encore. De quoi ouvrir de belles perspectives aux EMS, dont le poids
(entre 140 octets et 1 Ko à comparer aux 30 à 50 Ko des
MMS) s'accorde mieux - pour le moment en tout cas - aux exigences de pragmatisme.
[Marc Lemesle, JDNet] |