Chaque jour apporte son lot de mauvaises
nouvelles pour l'opérateur de télécommunications
américain - qui s'est rendu coupable d'une monumentale
fraude
comptable. Le cours de l'action a dans un permier temps été
envoyé par le fond. Après avoir été
suspendu pendant près d'une semaine, le titre a en effet
chuté de 93 % sur la journée de lundi au Nasdaq.
Puis on a appris que certains créanciers
pourraient retirer leur confiance à Worldcom : deux
d'entre eux sont sur le point d'accélérer le remboursement
des prêts accordés au
groupe,
arguant que Worldcom n'a pas respecté ses engagements. Au
total, l'opérateur pourrait avoir à leur verser plus
de 4 milliards de dollars dans les jours qui viennent. Une défection
qui intervient alors que Worldcom tente désespérément
de réunir un nouvel emprunt de 5 milliards de dollars dans
le but avoué d'éviter la faillite.
Deux procès
Les ennuis viennent aussi de la justice. A la procédure de
la SEC - l'organisme américain qui contrôle les
comptes des sociétés côtées en bourse -
s'ajoute celle du gouvernement fédéral, qui a lancé
sur la demande de l'administration Bush une enquête sur les
malversations dont Worldcom s'est rendu coupable. L'attitude de
Worldcom face à la justice laisse visiblement à désirer :
le patron de la SEC a déclaré lundi que Worldcom faisait
preuve d'un certain "manque de volonté de dévoiler
entièrement ses comptes aux investisseurs et d'une insuffisante
coopération avec la SEC".
Coup de grâce : le Nasdaq
lui-même pourrait purement et simplement rayer Worldcom de
ses tableaux et donc suspendre la quotation de l'action jusqu'à
nouvel ordre. Le
marché
new-yorkais des hautes technologies a en effet signifié à
Worlcom que l'enteprise avait "échoué dans son
obligation de répondre aux attentes du marché",
et que son action pourrait être rayée des listes.
La chute pourrait
être rapide
Tout va se décider dans les jours qui viennent : échéances
comptables, radiation du Nasdaq, et perte de clients. Worldcom pourrait
donc vivre ses dernières heures. On peut douter que le licenciement
de 17 000 employés change la donne : ce 'dégraissage'
dans l'urgence suffira à peine à dégager un
milliard de dollars chaque année. Un gage qui risque de laisser
froids les partenaires de Worldcom, à l'heure où les
opérateurs large bande doivent faire face à une surcapacité
massive et durable de leurs réseaux qui les empêche
de facturer leurs services à un prix raisonnable.
[Nicolas Six, JDNet]