Worldcom joue sa survie cette semaine.
Le géant des télécommunications est traîné
devant la justice par 25 de ses banques - deux seulement ont
renouvelé leur soutien à l'opérateur. Les 25
créanciers mécontents espèrent bien recouvrer
tout ou partie partie des sommes engagées, et demandent que
les dépenses de WorldCom soient gelées.
Un arrêt de
mort ?
La somme
réclamée est colossale : 2,65 milliards de dollars.
De quoi entraîner WorldCom dans la spirale de la faillite -
si l'on en croit les avocats de l'opérateur. WorldCom connaît
en effet de grosses difficultés de trésorerie :
la compagnie a récemment cherché à reconstituer
son fonds de roulement en s'engageant dans de nouveaux prêts.
La situation semble critique, et un jugement défavorable
pourrait entraîner WorldCom par le fond.
En cherchant à récupérer
leurs capitaux, les 25 banques impliquées dans la procédure
donnent l'impression de vouloir dépecer le géant des
télécoms juste avant qu'il ne trépasse, probablement
dans le but de devancer les demandes des autres créanciers.
A cette heure, seules deux banques sont prêtes à soutenir
leur client : J.P. Morgan Chase et Citigroup.
Le monde de
la finance est choqué
Pourquoi
WorldCom a-t-il enregistré 25 défections simultanées ?
Sans doute parce qu'à la lecture des véritables chiffres
comptables, l'entreprise se porte assurément assez mal. Mais
aussi parce que les manipulations comptables de WorldCom ont profondément
choqué les investisseurs. Une enquête menée
par le congrès Américain montre en effet que la fraude
était une pratique bien établie chez WorldCom -
et ce depuis l'année 2000. Les chiffres étaient maquillés
dans le but de conformer les résultats de l'entreprise aux
prévisions communiquées aux marchés.
Quel avenir pour WordlCom : faillite,
rachat, démantellement ? La règlementation Américaine
empèche un opérateur de télécom de racheter
un concurrent - la concentration est prohibée par une
loi qui date de 1996. Mais l'administration Américaine seraît
prête à faire une exception : la FCC (Federal
Communications Comission) veut éviter que le traffic Internet
soit troublé par l'éventuelle faillite de WorldCom -
et en particulier que 20 millions de clients se retrouvent
sans capacité de communication.
L'option du
rachat est incertaine
A cette heure, la FCC se réserve encore la possibilté
de revenir sur son annonce : ses positions ont été
vertement critiquées par les baby-bells, qui craignent
qu'un monopole n'émerge suite à un éventuel
rachat. Pourtant, la faillite de WorldCom résonnerait comme
un coup de tonnerre aux Etats-Unis, et causerait sans doute de gros
dégâts chez ses clients. Un choix cornélien
pour la FCC ...
[Nicolas Six, JDNet]