Alain Deschenes
(Alcatel) : "Pour harmoniser les processus métier, il faut d'abord harmoniser l'informatique" Par JDNet Solutions (Benchmark Group) URL : http://www.journaldunet.com/solutions/itws/030303_alcatel.shtml
Seizième entreprise française par la taille,
Alcatel mise sur l'innovation technologique et de marché. Mais malgré
la bonne tenue de l'activité mobile - et le succès spectaculaire de l'activité
ADSL - le groupe a perdu près de 5 milliards d'euros en 2002. Résultat
: la masse salariale va passer de 120 000 salariés fin 2000 à 60 000 salariés
fin 2003, suivant la courbe de l'activité du secteur des télecoms. Propos recueillis par Nicolas Six le 03/03/2003
JDNet Solutions. Comment
réduire les coûts d'un SI en période de crise ?
Quels ont été les "effets
pervers" dans ce domaine ? Ici comme ailleurs, il faut éviter de partir avec un a priori : on entend beaucoup parler de centralisation ces derniers temps, puisque la tendance est aux économies. Mais en période d'euphorie et d'investissement, la tentation est souvent contraire : les entreprises préfèrent laisser une grande liberté d'action au terrain. C'est une affaire de balancier : une période de centralisation, puis une période de décentralisation, et ainsi de suite. Voilà pourquoi je ne peux pas arbitrer entre centralisation et décentralisation : il faut toujours avoir à disposition un carquois de solutions et choisir la bonne flèche pour un besoin donné. La structure de l'informatique se doit d'épouser la forme du groupe. Pour tout vous dire, nous avons décidé de centraliser beaucoup de choses, mais sûrement pas tout : ce serait sous-optimal. Vous
avez des chiffres précis pour nous montrer combien les choses ont
évolué ? Un
exemple concret de centralisation ? Auparavant, il existait beaucoup de projets disséminés aux quatre coins d'Alcatel, souvent excellents mais avec peu ou pas de partage et de réutilisation. Nous avons lancé ce projet global au niveau du Groupe, identifié deux grands pôles de compétences qui ont été investis du rôle de centre de compétence. Ils ont défini un modèle technique et une stratégie de déploiement. Aujourd'hui, toutes les divisions d'Alacatel disposent de cet outil adapté à leurs usages et performant, un outil qu'ils n'auraient pour la plupart pas pu développer eux-même, faute de moyens. Ce projet n'aurait pas existé si l'informatique n'avait pas été centralisée. Réductions
de coûts, centralisation ... Votre embauche en 2000 marquait
une volonté "politique" de la part de la DG ? Qu'est-ce que c'est,
concrètement, que la convergence des processus métier et
de l'informatique ? Une équipe centrale de Business Process valide les choix et meilleures pratiques, assure la cohérence d'ensemble et cordonne l'activité des différents projets. Cette équipe est sous la direction d'un vice-président qui est un peu mon frère siamois : nous travaillons ensemble au quotidien à gérer l'ensemble du programme de transformation et accompagner les changements organisationnels. En tant que DSI d'Alcatel, je place ce défi encore au delà de l'optimisation des ressources informatiques: les économies sont supérieures en travaillant à l'amélioration des processus métier qu'en optimisant ses dépenses informatiques. Quels sont vos rapports
avec les utilisateurs finaux ? La centralisation a-t-elle
dégradé la communication ? Le SI d'une grosse
firme comme Alcatel, c'est une tour de Babel ? A l'époque ou nous avons fait ces choix, ces produits étaient un excellent compromis entre performances et universalité - entre l'approche "best of breed" et le "tout-en-un". Côté infrastructure, nous commençons de migrer lentement d'Unix vers Linux. Alcatel, c'est combien
de postes client en tout ? Mais cette politique n'a qu'un temps : nous allons bientôt reprendre les investissements en vue de rajeunir le parc. Toutes les options sont ouvertes : nous n'avons par exemple pas exclu la possibilité d'opter pour des clients légers dédiés aux applications les plus basiques. Cette option est d'autant plus intéressante que nous sommes en train de "webiser" bon nombre d'applications. Quelques experts d'Alcatel travaillent en ce moment sur ce dossier. Vos 30 premiers clients
représentent 50 % de votre CA. Votre SCM est il relié
au leur ? Certaines de nos activités sont assez prévisibles, d'autres le sont moins : il faut savoir lire les statistiques en tenant compte de ce paramètre. Nous utilisons surtout l'advanced planning comme un outil d'aide à la décision. Quand on sait les utiliser de façon critique, le ROI de ces outils est excellent. Je n'ai qu'un regret : qu'il soit encore trop souvent nécessaire de développer un connecteur spécifique pour relier un SCM à un autre. Nous travaillons actuellement à une standardisation des connexions, mais les outils techniques doivent encore faire des progrès. On est encore loin de l'idéal de la "napsterisation" des échanges B2B. Comment gérez-vous
vos équipes ? Pour ou contre l'externalisation ?
A qui faites vous confiance
pour vous informer ?
Alain Deschenes est canadien : il a effectué ses études d'informatique à l'Université de Montréal dans les années 80, avant de s'orienter vers l'informatique de gestion. Après un passage à la Caisse des Dépôts et Placements du Quebec - où il assiste à la révolution de la micro-informatique -, Alain Deschenes entre chez DMR, un cabinet de conseil racheté depuis lors par Fujitsu. En 1993, il aide Paribas à centraliser son SI, et quitte DMR pour devenir responsable de l'architecture globale de la banque. Lorsque BNP fusionne avec Paribas, il devient DSI adjoint du groupe. Six ans après son installation en France, il est nommé au poste de DSI d'Alcatel. Pour tout problème de consultation, écrivez au Webmaster Copyrights et reproductions . Données personnelles Copyright 2006 Benchmark Group - 69-71 avenue Pierre Grenier 92517 Boulogne Billancourt Cedex, FRANCE |
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