Jacques Tordjman
(GFI Informatique) :
"Mon objectif est toujours de fusionner avec un égal !"
Par JDNet
Solutions (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/solutions/itws/030520_it_tordjman.shtml
SSII créée en 1995, suite au rachat par Jacques
Tordjman à EDS d'une division comprenant 900 personnes et réalisant
45 millions d'euros de chiffre d'affaires, GFI Informatique a gravi les
échelons en France et en Europe. Son P-DG revient ici sur les ambitions
de croissance - pour le moment reportées - de son entreprise et sur
les perspectives offertes par l'externalisation dans des pays proches tels
que ceux du Maghreb.
Propos recueillis par Fabrice Deblock le 20/05/2003
GFI en 2002
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Chiffre
d'affaires:
|
554,2 millions d'euros |
Résultat
net:
|
19,1 millions d'euros |
Effectif:
|
6 940 personnes |
Répartition
du CA par métier:
|
Intégration de systèmes:
58%;
Outsourcing:
20%;
Progiciels: 15%;
Conseil:
7% |
Répartition
du CA par secteur:
|
Industrie, distribution, services:
38%;
Secteur public:
31%
Banque-finance-assurrance: 18%;
Telcos:
13%; |
JDNet Solutions : Comment
se porte GFI aujourd'hui ?
Jacques Tordjman. Comme tous les acteurs
du secteur, nous sommes confrontés depuis mi-2001 à la baisse
généralisée des tarifs, à une surcapacité
de production et à une décroissance de notre chiffre d'affaires.
Nous avons pour cela mis en place un plan défensif et un plan offensif.
Sur le plan défensif, notre objectif est de préserver notre
profitabilité opérationnelle - actuellement elle est de
7,8 % -, d'améliorer notre "position cash" et de continuer à
nous désendetter. Nous n'avons pas procédé à de plan
social, nous nous sommes séparé de 600 personnes en 14 mois,
essentiellement par départ volontaire ou, plus rarement, par négociation
au cas par cas.
Sur le plan offensif, il s'agit pour nous de restructurer notre offre
et d'investir dans l'organisation commerciale, afin d'être prêt
lorsque les premiers signes de reprise se manifesteront, ce qui n'est
selon moi pas pour 2003. Cette année 2003 est d'ailleurs dans le
prolongement de 2002, le marché va encore baisser ! Nous devons
nous attacher à protéger nos parts de marché, faute
de ne pas en gagner pour le moment. Nous misons donc sur les offres de
TMA qui permettent à nos clients de réaliser de substantielles
économies.
Votre
objectif est-il toujours de fusionner et d'acquérir une taille
paneuropéenne ?
Oui, cet objectif est toujours d'actualité mais
le rapprochement que j'avais entrepris avec Thales IS a été
stoppé net l'été dernier. Mon objectif est toujours
de fusionner avec un égal, mais quand votre valorisation est divisée
par deux et demi par le marché alors que la valeur intrinsèque
de votre société n'a pas changé, il est préférable
de reporter l'opération !
L'atonie générale doit se terminer, nous sommes pour le
moment au milieu du gué ! Une fois que les conditions de marché
seront revenues, la fusion avec un égal, pour doubler de taille,
pourra se faire, à un prix raisonnable et sans que nos actionnaires
ne soient dilués.
Quels métiers sont actuellement les plus
porteurs chez vous ?
L'intégration de systèmes souffre actuellement.
Mais l'activité progiciels est porteuse, notamment à destination
des collectivités et de l'administration qui consomment de l'informatique
malgré la crise. L'externalisation fonctionne bien aussi, nous
gagnons des contrats pour nos centres de calcul en province, Belair Industries
à Lyon, par exemple, ou Equant à Sophia Antipolis.
De même, l'externalisation dans
des pays proches tels que le Maroc fonctionne bien. Pour le moment, nous
sommes en train de démontrer à nos clients que ces centres
sont aussi performants que ceux en province.
Les DSI sont-ils prêts à entendre
ce discours ?
Oui, plus que jamais. Les DSI sont actuellement tétanisés,
bloqués, ils sont devenus des gestionnaires purs et durs, à
réduire par tout moyen les coûts, à surveiller la
sous-traitance... Ils veulent des prestations à prix réduit mais à
qualité de service élevée. Ils n'entreprennent rien d'envergure,
ils sont sur de petits projets dont ils peuvent mesurer immédiatement
le retour sur investissement.
L'externalisation dans les pays proches
permet de réaliser des économies de l'ordre de 30 à
40%. Ce discours est donc adapté à la situation actuelle,
mais aussi sur le moyen et long terme, car les gens sont bien formés
ce qui, pour des prestations d'un certain type, peut parfaitement convenir,
notamment quand la présence prolongée chez le client n'est
pas indispensable et que les projets ne sont pas trop complexes. C'est
le genre d'avantages qui rassurent nos clients.
Comment gérez-vous
vos intercontrats ?
Tout est géré par intranet, ce qui nous a d'ailleurs permis
de voir venir la crise. Les commerciaux y ont accès, les collaborateurs
concernés aussi, ainsi que nos partenaires sociaux, ce qui permet
à toutes ces personnes de placer les intercontrats plus facilement.
Nous avons mis en place un cycle de formation pour certains d'entre eux,
afin de parfaire leurs compétences. Nous avons aujourd'hui 180
intercontrats en France, sur un total de 4 000 personnes.
A 62 ans, Jacques
Tordjman est ingénieur ESIEA et Docteur en physique (3° cycle). Il a commencé
sa carrière en 1968 chez Philips puis chez Honneywell-Bull. Il crée, en
1973, sa première SSII, Scor Assistance, dont il est le directeur g énéral,
puis une seconde, en 1975, Scofi. Après avoir cédé Scofi à Sesa, il rejoint
GFI en 1984 pour y diriger les activités d'ingénierie. Début 1985,
il prend également la présidence de GFI Techniques Bull. En 1990, il est
nommé P-DG de l'ensemble du groupe GFI Informatique.
Lorsqu'EDS, première SSII mondiale, acquiert GFI Informatique en 1991 à
la suite de l'OPA réussie à Londres sur la maison-mère de GFI (SD-Scicon),
Jacques Tordjman est nommé P-DG de l'ensemble, qui prend le nom d'EDS-GFI.
En 1993, il conduit EDS-GFI à la troisième place des SSII sur le marché
français. Il est appelé, en 1994, par Jean-Marie Descarpentries, alors Président
du Groupe Bull, à créer et à présider Athesa International, filiale infogérance
et intégration de systèmes du Groupe Bull, qui prendra, en 1995, le nom
d'Intégris. En 1995, il rachète à EDS, avec son équipe de management et
des amis industriels, les activités de prestations intellectuelles d'EDS
en France (890 personnes) et relance GFI Informatique dont il prend la présidence.
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