En Juin 1983, deux chercheurs de l'Université
de Californie du Sud (USC), Jon Postel et Paul Mockapetris, mettaient pour
la première fois en oeuvre l'une des clefs de voûte de l'Internet
moderne : ils réalisaient le test d'un dispositif, baptisé
DNS (pour Domain Name System), permettant de faire le lien entre un nom
logique attribué à un serveur Web (journaldunet.com par exemple)
et son adresse technique (ou adresse IP). Une opération de traduction
appelée "résolution de nom (de domaine)" conçue au final pour
rendre transparent l'accès à un site Web.
Un
système orchestré par l'ICANN
Depuis, ce système s'est
largement généralisé pour devenir l'une des épines
dorsales d'Internet. Pour l'heure, 13 serveurs de DNS dits root ("racines")
répertorient l'ensemble des noms de domaines existants (.net, .com,
.biz, etc.) et leurs correspondants sous forme d'adresses IP (Internet
Protocol) - pour une présentation détaillée du mécanisme
ici simplifié, voir notre questions-réponses.
Sous l'égide de l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names
and Numbers), ils sont épaulés par des serveurs locaux (DNS local) chargés
de relayer les données nécessaires aux requêtes de
l'utilisateur. Une architecture distribuée qui, au total, contribue
à faire face aux centaines de milliards de demandes quotidiennes
à travers la planète.
Pour
faciliter la gestion de ce système, l'ICANN délégue
l'administration de ces serveurs racines à différents organismes :
InterNIC couvre (en lien avec la société Verisign) les domaines
généraux, comme .com, .org ou encore .net.. Des organisations
nationales, telles l'AFNIC en France, ont pour but d'attribuer les dénominations
par pays (.fr, etc.).
Un mécanisme né
quelques mois après SMTP
Sur le réseau précédent
Internet (Arpanet), chaque utilisateur accédait aux coordonnées
des machines distantes par le biais d'un fichier (hosts.txt) listant l'ensemble
des adresses et des noms de serveurs disponibles. Chaque modification
ou ajout de nouveaux sites donnait lieu à une mise à jour
de ce document, puis la diffusion de la nouvelle version de ce dernier
à l'ensemble des administrateurs. C'est l'Université de
Californie du Sud qui dès l'origine se voit confier cette mission.
Un
projet controversé
A la demande de plusieurs sociétés
enregistrant des noms de domaine, deux députés américains viennent
de proposer une loi visant à redéfinir les attributions de l'ICANN
et de Verisign. Objectif affiché : annuler un projet du premier visant
à faire du second le distributeur des noms de domaines génériques
arrivant à expiration. |
Dans les années 1980, cette méthode
se révèle de moins en moins adaptée au nouveau dimensionnement
du réseau. Quelques mois après la mise au point du protocole
SMTP (Simple Meil Transfer Protocol) autour de l'échange d'e-mail,
l'USC présente la première implémentation d'un DNS.
Baptisée Jeeves, elle tourne sous un système d'exploitation
TOPS-20.
Un standard devenu officiel...
Dans les mois qui suivent, la technologie
du DNS est déployée sur l'ensemble du réseau. En
1986, l'IETF (Internet Ingineering Task Force), organisme chargé
de standardiser les technologies relatives au réseau Internet (IP,
SMTP, etc.), décide de prendre cette spécification technique
sous sa coupe en vue de l'ériger au rang de standard - ce qui est
effectif aujourd'hui. Le consortium orchestre depuis l'ensemble des chantiers
d'évolution qui la concernent. Dernier épisode en date sur
ce terrain : la mise en conformité des DNS avec IPv6 (voir
le questions
& réponses).
Malgré ces vingt années de
bons et loyaux services, l'environnement des DNS supportant Internet fait
encore l'objet de nombreuses critiques. La principale d'entre-elles ?
Certains experts pointent du doigt le faible nombre de serveurs racines.
Une architecture qui, selon eux, pourrait être piratée sans
trop de difficultés...
[Antoine Crochet-Damais, JDNet]