JDNet.
Quelles sont les conséquences sur vos activités à
la suite des attentats aux Etats-Unis ?
Michel Bré : Il y a deux conséquences immédiates à ces attentats.
La première, ce sont les difficultés liées au retour chez eux des citoyens
Canadiens et Américains. Ensuite, il faut gérer les départs en vacances
du mois de septembre, qui est traditionnellement un mois très fort. Nous
avions trouvé de bons accords pour les départs vers les Etats-Unis,
mais, pour le moment, les compagnies françaises ne sont pas prioritaires.
Et ce n'est pas au moment où il y a des attentats qui impliquent des vols
commerciaux que les gens sont les plus enclins à prendre l'avion. Cette
situation va peut-être durer deux à trois mois. Mais,
malgré ce climat, nous n'avons pas constaté d'annulation.
Quelles
mesures avez-vous prises ?
Depuis le
mardi 11 septembre, nous avons mis en place une cellule de crise pour
régler ces problèmes. Nous reverrons peut-être la programmation de nos
rotations pour décembre à la baisse et orienterons nos vols vers des destinations
plus rassurantes. Nous sommes une compagnie charter : s'il n'y a pas de
demande, nous ne ferons pas décoller les avions. A partir de septembre,
nous avions prévu une rotation par semaine vers les grandes villes américaines.
Si elles ne se remplissent pas, nous les supprimerons et achèterons des
places sur des vols réguliers. Cette solution sera de toute façon moins
chère que des places vides. Il me semble d'ailleurs qu'il risque d'y avoir
moins de places que la demande dans les mois qui viennent vers les Etats-Unis.
Vous avez lancé la nouvelle version de
Nouvelles-Frontières.fr fin juillet. Quelles sont les grandes nouveautés
?
Nous
l'avons mise en ligne le 24 juillet dernier. Je suis plutôt satisfait
parce que nous avons un nouveau développeur (Micropole),
une nouvelle technologie et un nouvel hébergeur (IBM) à
cette occasion. Mi-septembre, la nouvelle version a déjà
évolué puisque nous venons d'ajouter entre autres des fonctionnalités
de packages. Nous allons passer de 400, puis 2.000 pour atteindre 4.000
packages réservables sur le site de NF. Je vous rappelle qu'il
y a trois types de produits chez Nouvelles Frontières : les vols
secs, les packages (avion+réservation +hotel+locations de voitures)
et la réservation à la carte. Un dernier produit qui demandera
beaucoup de temps avant qu'il ne soit accessible en ligne car il est complexe
à gérer : il nécessite au préalable l'interconnexion
des systèmes de réservations. Un problème qui n'est
pas résolu en France.
Actuellement,
que représente la proportion des vols secs par rapport aux packages
?
A 70%, les
demandes en ligne concernent les vols secs. Le reste concerne les packages.
Mais ce produit devrait monter en puissance. On espère atteindre
la même répartition que dans les agences de voyages : 55%
de packages, 45% de vols secs.
Les séances d'enchères en ligne sur le site de Nouvelles
Frontières attirent-elles toujours autant de monde ?
C'est immuable depuis que nous avons commencé les enchères
en octobre 1998. En moyenne, nous enregistrons une moyenne de 400.000
connexions mensuelles autour de ce service. Parfois, les internautes assistent
aux enchères sans y participer. Elles répondent à
une demande d'achat d'impulsion pour partir tout de suite, un réflexe
qui se développe de plus en plus compte tenu de la réduction
du temps de travail. En moyenne, nous proposons 1.500 billets par semaine.
Au bout de la journée d'enchères, ils ne sont pas tous vendus.
Les billets restants, nous les proposons dans la partie "casino"
du site, lancée il y a deux ans. Ce sont les "invendus"
des enchères et les billets sont proposés à moins
50%. Avec la nouvelle version du site, nous avons lancé un nouveau
jeu qui s'appelle 321 Partez. Il permet d'acheter des billets à
50% de réduction trois jours avant le départ.
Vous
êtes atteint du syndrôme LastMinute...
Nous
sommes complètement dans ce phénomène. Nous sommes
propriétaires des sièges d'avions et de nos chambres d'hôtels
pour certains circuits. A partir du moment où nous possédons
ses places, c'est dans notre intérêt qu'elles soient occupées.
Estimez-vous
que la dynamisation des ventes est importante pour le site de Nouvelles
Frontières ?
Chaque
place invendue étant une perte pour Nouvelles Frontières,
nous limitons la casse, quitte à le faire à la dernière
minute. Un bon gestionnaire d'avion parvient à amortir ses coûts
à partir d'un certain nombre de sièges remplis dans l'appareil.
Pour peu que l'on dépasse notre taux d'occupation et d'amortissement,
c'est du pur bénéfice pour Nouvelles Frontières.
C'était le cas pour 90% des ventes que l'on a faites l'année
dernière, soit 35 millions de francs. C'est une vraie source de
profit.
Etes-vous
intéressé par le segment des voyages professionnels en ligne
?
Nous avons
déjà une petite rubrique dans ce domaine, qui devrait remonter
avec la nouvelle version. Le service voyages professionnels n'est pas
très développé chez Nouvelles Frontières,
ce n'est pas prioritaire. Pour l'instant,
il repose sur des requêtes par mail et une prise de contacts par
téléphone s'ensuit.
Pourquoi avez-vous décidé de
changer de Global Distribution System (GDS) ?
Nous avons
actuellement WorldSpan et nous allons adopter Amadeus d'ici la fin de
l'année. Notre contrat avec Worldsapn s'achevait, nous avons lancé
un appel d'offres et Amadeus semblerait le mieux répondre à
la demande du marché français.
Comment
comptez-vous développer la relation clientèle sur Internet
?
Cet été,
nous avons mis en place un web call center. Un numéro de téléphone
apparaît à une certaine phase de l'achat en ligne, lorsque
l'internaute connait des difficultés. Nous voulons automatiser
au maximum. Nous avons 280 postes de téléacteurs pour NF
en France, une partie est sous-traitée mais le web call center
se trouve en interne.
Vous avez mis en place votre propre programme
de fidélisation clientèle. Pourquoi n'avoir pas choisi un
service multi-clientèles type Maximiles ?
C'est notre
programme offline au départ, avec la carte Impulsion. Il est possible
de cumuler des points avec les achats réalisés sur le site
de Nouvelles Frontières. Nous avons un minimum de marge sur Internet
puisque l'on vend directement au grand public. Nous n'avons pas choisi
un programme type Maximiles car NF n'a pas la lattitude d'un tour operator
classique [NDLR, Jet Tour par exemple], qui vendrait ses billets
en ligne. Ce système entraîne des économies sur les
coûts de distribution car il s'affranchit des commissions versées
aux intermédiaires (agences de voyage, etc.). Chez NF, nous ne
disposons pas de cette marge supplémentaire tirée des coûts
de distribution. Le
Net ne doit pas changer l'ensemble de la stratégie historique de
NF.
Où en est le développement du
portail voyage Filfog.com ?
Nous sommes
en train de le refondre. Le portail a trois volets : communauté,
contenu et e-commerce, mais nous nous sommes rendus compte que, malgré
sa richesse, les visiteurs ne comprenaient pas l'approche. Nous refaisons
actuellement le site où les trois orientations seront directement
mises en valeur.
Dans quelle mesure un voyagiste peut-il monter
un site de communauté et d'information crédible ?
Filfog.com
n'est pas directement estampillé Nouvelles Frontières. Nous
sommes un partenaire parmi tant d'autres. Il a sa propre identité
et nous restons derrière le site. C'est un concept qui plait car
il a été adopté par Easy Voyage et par Karavel. Maintenant,
reste à savoir si cela ne fait pas trop de projets différents.
C'est une question stratégique. Mais, en tout cas, Filfog.com répond
à un réel besoin identifié : les internautes ont
besoin de plus d'informations que ne leur propose une simple agence de
voyages en ligne.
Quel
pourcentage de chiffre d'affaires réalisez-vous en ligne ?
C'est marginal pour le moment. Les ventes en ligne ne représentent
que 3% de notre chiffre d'affaires global. L'objectif
est d'arriver à 5% fin 2002.
Comment évolue la fréquentation
Minitel par rapport à Internet ?
Il n'y a plus
de croissance mais son usage n'a pas disparu. Il
sert encore de canaux de renseignements. L'année
dernière, nous avons réalisé 1 à 2 millions
de francs avec le Minitel.
Comptez-vous toujours introduire NF Online
en Bourse ?
Non. Nouvelles Frontières dispose d'un nouvel actionnaire allemand
puissant : Preussag
[NDLR, qui détient 13,4% pour l'instant et devrait monter jusqu'à
34% début 2002]. C'est un partenaire stratégique pour
la continuité du développement de NF en Europe. Nous ne
ferons pas appel au marché.
Estimez-vous
que le secteur de l'e-tourisme est bien placé pour atteindre la
rentabilité rapidement ?
Ce n'est pas évident. Nous nous sommes rendus compte qu'il nous
a fallu cinq ans pour devenir rentables. Ca m'étonnerait qu'un
"pur player" puisse être rentable avant cette période.
Je pense que l'avenir des acteurs de l'e-tourisme est lié aux accords
signés avec les GDS : Galileo avec Travelprice, Sabre avec Karavel,
etc.
Pensez-vous que l'américain Travelocity.com
puisse encore s'implanter en France ?
Je pense qu'une alliance va être scellée avec un acteur français
pour faciliter son implantation en France, mais Travelocity n'utilisera
pas directement son nom. L'accord ressemblerait un peu à celui
signé entre la SNCF et Expedia (Lire l'article
du JDNet du 05/09/01). Ceci étant dit, je pense que Travelocity.com
a perdu l'opportunité de se développer en solo en France.
Il auraît dû débarquer il y a quatre ans.
Qu'aimez-vous sur Internet ?
Quand ça répond vite et bien. Ca marche bien pour la Fnac
et Darty. Je n'ai pas encore tenté les cybermarchés.
Que détestez-vous sur Internet ?
Le spamming. J'ai horreur que l'on me fasse ch...