Quel
bilan tirez-vous, cinq mois après l'inauguration de Rtl Net ?
Benoît Cassaigne. Nous
avons d'abord renforcé la présence de l'antenne en favorisant l'écoute
de nos programmes sur Internet par l'intermédiaire de nos 'players'. Sur
Fun Radio, nous enregistrons plus de 2.000 auditeurs par jour avec une
durée d'écoute moyenne d'une heure par internaute. Nous avons également
développé tout ce qui à trait au sport sur Rtl.fr. Nous avons relancé
notre site ZikWeb,
qui reste le précurseur de nos activités sur Internet. L'expérience que
nous en avons retirée, c'est le côté très communautaire du monde de l'Internet.
A travers cette émission, nous avons réussi à fédérer un certain nombre
d'auditeurs. Chaque jour, ZikWeb représente le quart de la fréquentation
de l'ensemble Rtl Net, soit 10.000 à 15.000 pages vues. C'est très intéressant
lorsque l'on considère la tranche horaire dans laquelle l'émission de
Francis Zegut est diffusée, entre 20h00 et minuit. Partant de ce constat,
sur Fun Radio, nous avons développé l'interactivité avec l'antenne. Nous
avons fait beaucoup d'événements autour du site et de l'antenne avec nos
émissions phares comme celle de Max le soir, ou celle d'Arthur, avec beaucoup
de discussions à travers nos outils de chat et d'e-mails. Sur une marque
comme Fun Radio, et avec les 15-25 ans, dès que nous lançons un peu d'interactivité,
le retour est ahurissant. Sur cette tranche d'âge, le potentiel d'utilisation
d'Internet est très important et le mariage de la marque Fun Radio et
de l'Internet est très naturel.
L'audience du
site Rtl.fr ne paraît-elle pas décevante?
La problématique est différente pour Rtl.fr. Nous sommes dans ce cas sur
une politique de moyen terme avec une progression régulière. Par contre,
sur certains thèmes, nous observons une présence très forte de nos auditeurs.
L'année dernière, nous avons par exemple mis en ligne les résultats du
bac sur Rtl.fr et enregistré 100.000 visites par jour sur cette
opération. Nous nous sommes également aperçus que sur le sport, le côté
événementiel fonctionne très bien, contrairement à l'info, dont
les résultats en terme d'audience sont un peu décevants. L'étiquette "sport"
de Rtl.fr n'est pas encore claire : nous pêchons dans le référencement
et dans la communication dans ce domaine, comme dans un certain nombre
d'autres domaines d'ailleurs. Nous avons développé beaucoup de choses
en même temps, nous avons créé les équipes, trouvé des locaux, tout cela
a été assez lourd. Il nous faut maintenant aller plus loin dans l'identification
et le positionnement de nos contenus et particulièrement sur Rtl.fr. Au
premier trimestre 2001, nous allons hierarchiser tout cela avec un changement
de maquette autour d'un portail, et avec des thèmes bien identifiés.
Comment vous
positionnez-vous par rapport à vos concurrents ?
Globalement, nous sommes aujourd'hui très petits par rapport à TF1 et
aux sites de télévision, qui sont en général beaucoup plus puissants que
tous les autres sites médias. Ceci est dû au fait qu'ils ont investi beaucoup
plus lourdement, tout en partant plus tôt que les autres. Ils bénéficient
surtout d'un support de promotion extrêmement puissant. Derrière, on trouve
la radio et les quotidiens nationaux. Ces derniers restent devant la radio,
mais je pense qu'il n'y a pas de raison pour qu'ils ne soient pas rattrapés
prochainement. Si on regarde les autres groupes, nous sommes derrière
Nrj et un peu devant le groupe Europe en terme de fréquentation et de
résultats quantitatifs. Nous n'en sommes qu'au début, et les positions
sont loin d'être figées d'un côté comme de l'autre. Le potentiel de développement
de chacun est encore très important.
A propos de l'audience
justement, quels sont vos résultats ?
Nous serons au mois de janvier entre 800.000 et 900.000 visites en cumulant
les trois marques.
Comment expliquez-vous
l'écart avec vos concurrents ?
Aujourd'hui, nous sommes obligés de comparer dans Cybermétrie ces résultats
avec ceux d'autres groupes dans lesquels sont additionnés les sites
radios, les city-guides, les sites persos. Lorsque l'on regarde les résultats
de TF1, de Nrj ou de Skyrock, il ne s'agit pas d'une adresse unique, mais
bien de l'ensemble des sites du groupe. En ce qui nous concerne, nous
n'avons pas de ligne Rtl Net mais bien trois sites. Il serait ridicule
d'avancer que le site de Rtl fait 800.000 visites alors que la moitié
des internautes viennent de Fun Radio. Nous préférons jouer la transparence
et donner les résultats de chacun de nos sites plutôt que de donner ceux
de Rtl Net en supprimant le détail de Fun Radio, de Rtl2 et de Rtl. Nous
avons choisi de mettre en avant les marques, ce qui n'est pas forcément
le cas des autres groupes qui préfèrent par exemple mettre en avant l'ensemble
de TF1, dans lequel on trouve Miss France et des tas d'autres choses,
ou Nrj, dans lequel est présent Best of City. Pour le coup, c'est un manque
de transparence.
Sur quels projets
travaillez-vous pour Rtl Net en 2001?
Nous restons dans le cadre du projet initial. Sur Rtl.fr, nous allons
continuer à développer les contenus sur nos cinq thématiques avec une
approche spécifique sur l'information, le sport, les services, ZikWeb
et le divertissement. Sur l'information par exemple, nous nous apprêtons
à nous repositionner de façon à nous différencier de TF1 ou d'Europe.
Nous ne tenons pas pour le moment à trop communiquer autour cette information,
mais nous allons beaucoup développer les outils de forum et de sondage.
Sur Fun Radio, nous souhaitons développer une série de chaînes autour
des centres d'intérêts des 15-25 ans avec des thèmes traités en dehors
et sur l'antenne, comme la vidéo, le cinéma, la musique, la mode, la santé,
les sports de glisse et les jeux. D'un point de vue général, nous nous
positionnerons en prolongement de l'antenne pour aller plus loin en terme
de contenu.
Envisagez-vous,
à l'image de vos concurrents, de prendre des participations dans des start-up
?
Nous ne nous interdisons pas de prendre éventuellement des parts
dans d'autres sites, dans la mesure où ces derniers sont complémentaires
avec notre activité. Avoir un city-guide aurait par exemple un sens. Un
autre site spécialisé dans la musique? Pourquoi pas. Mais notre priorité
est vraiment de développer nos propres contenus. Ensuite, en fonction
des opportunités et des complémentarités que nous rechercherons, nous
prendrons éventuellement des participations. Notre régie IP a par exemple
pris des participations dans le site de jeux Hiphiphip, avec lequel nous
avons un partenariat au niveau de Rtl.fr. En revanche, aujourd'hui, nous
n'avons pas de réel besoin dans le sport, puisque nous disposons de notre
propre rédaction. Développer trois marques, comme nous le faisons sur
le web, demande beaucoup d'énergie, et c'est notre priorité principale.
Si les internautes
écoutent de plus en plus la radio sur Internet, pensez-vous qu'ils aient
intégré le réflexe de consulter vos autres contenus audio ?
Certains contenus s'y prêtent plus ou moins, comme les scoops, les réactions
originales ou les traits d'humour. Autre exemple, nous proposons nos chroniques
quotidiennes sous format texte et audio. Ce service nécessaire, qui fut
par ailleurs réclamé lorsqu'il n'était pas présent sur le site, n'est
pas, il est vrai, un élément clé en terme de développement de l'audience.
C'est juste un outil de fidélisation efficace, très demandé et qui représente
pour nous une importante base en terme de fréquentation.
Quel sera le
budget de Rtl Net en 2001 ?
Au lancement de Rtl Net, nous avions prévu un investissement de 110 millions
de francs sur 30 mois, et nous restons pour le moment sur cette base.
Quels sont vos
objectifs en terme de recettes et d'audience pour l'année à venir ?
Nous évitons de donner ce genre de chiffres, car ils sont purement théoriques
et pas forcément intéressants. J'ai bien évidemment un business plan mais
je préfère le garder pour moi. Nous avons respecté ce qui était prévu
en juin dernier, puisque nous avons dépassé les 4 millions de pages vues
au mois de décembre. Si je multiplie par quatre mes recettes et mon nombre
de pages vues sur l'année 2001, je serai dans le rythme qui est le mien
aujourd'hui. Nous avons un rythme important de progression qui suit visiblement
le développement de notre offre. En 2000, nous avons fait 5 millions de
francs de recettes publicitaires soit quatre fois plus que sur 1999 avec
le site de Rtl. Si nous arrivons à multiplier par quatre ce chiffre en
2001, nous serons pleinement satisfaits.
Allez-vous miser
sur d'autres sources de revenus ?
Nous allons progressivement miser sur le développement des recettes liées
aux contrats d'affiliation. Mais également dans le domaine des newsletters
sponsorisées et du marketing direct avec nos bases de données. Nous voulons
également nous mettreà vendre du contenu avec pour cible le groupe
lui-même, mais également les opérateurs de l'Internet mobile. Nous allons
aussi continuer la vente de CD et de places de concert en partenariat,
comme nous le faisons actuellement. Nous voulons également développer
nos recettes de streaming, avec la possibilité pour les annonceurs de
diffuser un bandeau publicitaire et des spots vidéo sur les lecteurs de
nos stations. A terme, nous prévoyons que les bannières classiques représenteront
50% de nos recettes.
Y a-t-il des
initiatives dont vous soyez particulièrement satisfait?
Aujourd'hui, j'ai évidemment envie de mettre en avant notre programme
multimédia Lakmi & Boomy sur Rtl.fr. C'est l'une des premières séries
régulières que l'on trouve sur Internet [tous les mardi et tous les jeudi].
Elle est vraiment réussie et elle me fait personnellement beaucoup rire.
Justement, ne
trouvez-vous pas qu'il existe sur Rtl.fr un décalage ou un problème d'identification
entre une émission comme Les Grosses têtes d'une part, et cette série
décrivant le monde des start-up d'autre part ?
Non, dans la mesure ou le marchés radio et le marché net ne sont pas tout
à fait les mêmes. Internet est un monde jeune et les sites Internet doivent
être jeunes. Rtl est une marque qui vise tout le monde et le 'tout le
monde' sur Internet c'est les 15-60 ans. Aujourd'hui, Rtl est écouté à
70% par les 25-50 ans. Avoir d'un côté Lakmi et Boomy, et de l'autre Les
Grosses Têtes ne me choque pas. Je ne vois pas pourquoi il y aurait un
problème de confusion. Ca n'est pas comme si nous installions un site
de 'death music' sur Rtl Net.