INTERVIEW
 
Directeur général
Rtl Net
Benoît Cassaigne
"Titre"
Lancée en août 2000, la filiale multimédia du groupe RTL vient tout juste d'inaugurer les nouvelles versions et les nouveaux contenus de ses sites Rtl.fr, Rtl2. fr et Funradio.fr (Lire l'article du JDNet du 12/01/01). Benoît Cassaigne, le directeur général de Rtl Net, analyse les cinq premiers mois de fonctionnement et dessine l'avenir du groupe.25 janvier 2001
 
          

Quel bilan tirez-vous, cinq mois après l'inauguration de Rtl Net ?
Benoît Cassaigne. Nous avons d'abord renforcé la présence de l'antenne en favorisant l'écoute de nos programmes sur Internet par l'intermédiaire de nos 'players'. Sur Fun Radio, nous enregistrons plus de 2.000 auditeurs par jour avec une durée d'écoute moyenne d'une heure par internaute. Nous avons également développé tout ce qui à trait au sport sur Rtl.fr. Nous avons relancé notre site ZikWeb, qui reste le précurseur de nos activités sur Internet. L'expérience que nous en avons retirée, c'est le côté très communautaire du monde de l'Internet. A travers cette émission, nous avons réussi à fédérer un certain nombre d'auditeurs. Chaque jour, ZikWeb représente le quart de la fréquentation de Rtl.fr, soit 10.000 à 15.000 pages vues. C'est très intéressant lorsque l'on considère la tranche horaire dans laquelle l'émission de Francis Zegut est diffusée, entre 20h00 et minuit. Partant de ce constat, sur Fun Radio, nous avons développé l'interactivité avec l'antenne. Nous avons fait beaucoup d'événements autour du site et de l'antenne avec nos émissions phares comme celle de Max le soir, ou celle d'Arthur, avec beaucoup de discussions à travers nos outils de chat et d'e-mails. Sur une marque comme Fun Radio, et avec les 15-25 ans, dès que nous lançons un peu d'interactivité, le retour est ahurissant. Sur cette tranche d'âge, le potentiel d'utilisation d'Internet est très important et le mariage de la marque Fun Radio et de l'Internet est très naturel.

L'audience du site Rtl.fr ne paraît-elle pas décevante?

La problématique est différente pour Rtl.fr. Nous sommes dans ce cas sur une politique de moyen terme avec une progression régulière. Par contre, sur certains thèmes, nous observons une présence très forte de nos auditeurs. L'année dernière, nous avons par exemple mis en ligne les résultats du bac sur Rtl.fr et enregistré 100.000 visites par jour sur cette opération. Nous nous sommes également aperçus que sur le sport, le côté événementiel fonctionne très bien, contrairement à l'info, dont les résultats en terme d'audience sont un peu décevants. L'étiquette "sport" de Rtl.fr n'est pas encore claire : nous pêchons dans le référencement et dans la communication dans ce domaine, comme dans un certain nombre d'autres domaines d'ailleurs. Nous avons développé beaucoup de choses en même temps, nous avons créé les équipes, trouvé des locaux, tout cela a été assez lourd. Il nous faut maintenant aller plus loin dans l'identification et le positionnement de nos contenus et particulièrement sur Rtl.fr. Au premier trimestre 2001, nous allons hierarchiser tout cela avec un changement de maquette autour d'un portail, et avec des thèmes bien identifiés.

Comment vous positionnez-vous par rapport à vos concurrents ?
Globalement, nous sommes aujourd'hui très petits par rapport à TF1 et aux sites de télévision, qui sont en général beaucoup plus puissants que tous les autres sites médias. Ceci est dû au fait qu'ils ont investi beaucoup plus lourdement, tout en partant plus tôt que les autres. Ils bénéficient surtout d'un support de promotion extrêmement puissant. Derrière, on trouve la radio et les quotidiens nationaux. Ces derniers restent devant la radio, mais je pense qu'il n'y a pas de raison pour qu'ils ne soient pas rattrapés prochainement. Si on regarde les autres groupes, nous sommes derrière Nrj et un peu devant le groupe Europe en terme de fréquentation et de résultats quantitatifs. Nous n'en sommes qu'au début, et les positions sont loin d'être figées d'un côté comme de l'autre. Le potentiel de développement de chacun est encore très important.

A propos de l'audience justement, quels sont vos résultats ?
Nous serons au mois de janvier entre 800.000 et 900.000 visites en cumulant les trois marques.

Comment expliquez-vous l'écart avec vos concurrents ?
Aujourd'hui, nous sommes obligés de comparer dans Cybermétrie ces résultats avec ceux d'autres groupes dans lesquels sont additionnés les sites radios, les city-guides, les sites persos. Lorsque l'on regarde les résultats de TF1, de Nrj ou de Skyrock, il ne s'agit pas d'une adresse unique, mais bien de l'ensemble des sites du groupe. En ce qui nous concerne, nous n'avons pas de ligne Rtl Net mais bien trois sites. Il serait ridicule d'avancer que le site de Rtl fait 800.000 visites alors que la moitié des internautes viennent de Fun Radio. Nous préférons jouer la transparence et donner les résultats de chacun de nos sites plutôt que de donner ceux de Rtl Net en supprimant le détail de Fun Radio, de Rtl2 et de Rtl. Nous avons choisi de mettre en avant les marques, ce qui n'est pas forcément le cas des autres groupes qui préfèrent par exemple mettre en avant l'ensemble de TF1, dans lequel on trouve Miss France et des tas d'autres choses, ou Nrj, dans lequel est présent Best of City. Pour le coup, c'est un manque de transparence.

Sur quels projets travaillez-vous pour Rtl Net en 2001?
Nous restons dans le cadre du projet initial. Sur Rtl.fr, nous allons continuer à développer les contenus sur nos cinq thématiques avec une approche spécifique sur l'information, le sport, les services, ZikWeb et le divertissement. Sur l'information par exemple, nous nous apprêtons à nous repositionner de façon à nous différencier de TF1 ou d'Europe. Nous ne tenons pas pour le moment à trop communiquer autour cette information, mais nous allons beaucoup développer les outils de forum et de sondage. Sur Fun Radio, nous souhaitons développer une série de chaînes autour des centres d'intérêts des 15-25 ans avec des thèmes traités en dehors et sur l'antenne, comme la vidéo, le cinéma, la musique, la mode, la santé, les sports de glisse et les jeux. D'un point de vue général, nous nous positionnerons en prolongement de l'antenne pour aller plus loin en terme de contenu.

Envisagez-vous, à l'image de vos concurrents, de prendre des participations dans des start-up ?
Nous ne nous interdisons pas de prendre éventuellement des parts dans d'autres sites, dans la mesure où ces derniers sont complémentaires avec notre activité. Avoir un city-guide aurait par exemple un sens. Un autre site spécialisé dans la musique? Pourquoi pas. Mais notre priorité est vraiment de développer nos propres contenus. Ensuite, en fonction des opportunités et des complémentarités que nous rechercherons, nous prendrons éventuellement des participations. Notre régie IP a par exemple pris des participations dans le site de jeux Hiphiphip, avec lequel nous avons un partenariat au niveau de Rtl.fr. En revanche, aujourd'hui, nous n'avons pas de réel besoin dans le sport, puisque nous disposons de notre propre rédaction. Développer trois marques, comme nous le faisons sur le web, demande beaucoup d'énergie, et c'est notre priorité principale.

Si les internautes écoutent de plus en plus la radio sur Internet, pensez-vous qu'ils aient intégré le réflexe de consulter vos autres contenus audio ?
Certains contenus s'y prêtent plus ou moins, comme les scoops, les réactions originales ou les traits d'humour. Autre exemple, nous proposons nos chroniques quotidiennes sous format texte et audio. Ce service nécessaire, qui fut par ailleurs réclamé lorsqu'il n'était pas présent sur le site, n'est pas, il est vrai, un élément clé en terme de développement de l'audience. C'est juste un outil de fidélisation efficace, très demandé et qui représente pour nous une importante base en terme de fréquentation.

Quel sera le budget de Rtl Net en 2001 ?
Au lancement de Rtl Net, nous avions prévu un investissement de 110 millions de francs sur 30 mois, et nous restons pour le moment sur cette base.

Quels sont vos objectifs en terme de recettes et d'audience pour l'année à venir ?
Nous évitons de donner ce genre de chiffres, car ils sont purement théoriques et pas forcément intéressants. J'ai bien évidemment un business plan mais je préfère le garder pour moi. Nous avons respecté ce qui était prévu en juin dernier, puisque nous avons dépassé les 4 millions de pages vues au mois de décembre. Si je multiplie par quatre mes recettes et mon nombre de pages vues sur l'année 2001, je serai dans le rythme qui est le mien aujourd'hui. Nous avons un rythme important de progression qui suit visiblement le développement de notre offre. En 2000, nous avons fait 5 millions de francs de recettes publicitaires soit quatre fois plus que sur 1999 avec le site de Rtl. Si nous arrivons à multiplier par quatre ce chiffre en 2001, nous serons pleinement satisfaits.

Allez-vous miser sur d'autres sources de revenus ?
Nous allons progressivement miser sur le développement des recettes liées aux contrats d'affiliation. Mais également dans le domaine des newsletters sponsorisées et du marketing direct avec nos bases de données. Nous voulons également nous mettreà vendre du contenu avec pour cible le groupe lui-même, mais également les opérateurs de l'Internet mobile. Nous allons aussi continuer la vente de CD et de places de concert en partenariat, comme nous le faisons actuellement. Nous voulons également développer nos recettes de streaming, avec la possibilité pour les annonceurs de diffuser un bandeau publicitaire et des spots vidéo sur les lecteurs de nos stations. A terme, nous prévoyons que les bannières classiques représenteront 50% de nos recettes.

Y a-t-il des initiatives dont vous soyez particulièrement satisfait?
Aujourd'hui, j'ai évidemment envie de mettre en avant notre programme multimédia Lakmi & Boomy sur Rtl.fr. C'est l'une des premières séries régulières que l'on trouve sur Internet [tous les mardi et tous les jeudi]. Elle est vraiment réussie et elle me fait personnellement beaucoup rire.

Justement, ne trouvez-vous pas qu'il existe sur Rtl.fr un décalage ou un problème d'identification entre une émission comme Les Grosses têtes d'une part, et cette série décrivant le monde des start-up d'autre part ?
Non, dans la mesure ou le marchés radio et le marché net ne sont pas tout à fait les mêmes. Internet est un monde jeune et les sites Internet doivent être jeunes. Rtl est une marque qui vise tout le monde et le 'tout le monde' sur Internet c'est les 15-60 ans. Aujourd'hui, Rtl est écouté à 70% par les 25-50 ans. Avoir d'un côté Lakmi et Boomy, et de l'autre Les Grosses Têtes ne me choque pas. Je ne vois pas pourquoi il y aurait un problème de confusion. Ca n'est pas comme si nous installions un site de 'death music' sur Rtl Net.

 
Propos recueillis par Philippe Rémond

PARCOURS
 
Benoît Cassaigne, 45 ans, ancien directeur général de la filiale 'nouvelles technologies' de la régie IP, a pris les commandes de RTL Net en août 2000, au moment du lancement de cette structure. Rtl Net compte actuellement 35 salariés.

   
 
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