JDN. Libération
indiquait la semaine dernière que Wanadoo préparait une
offre de 1.024 Kilobits par seconde (Kb/s) pour moins de 30 euros. On
peut en savoir plus ?
Jean-Claude Delmas.
Nous attendons les nouveaux tarifs de réseau proposés par France Télécom
à l'ART. Cela nous permettra de baisser nos tarifs car nos clients nous
le demandent.
Pourtant,
l'ART a validé le catalogue d'interconnexion 2004 de France Télécom.
Vous ne savez pas comment les offres de Wanadoo vont évoluer ?
Cela concerne l'offre technique et tarifaire d'interconnexion
de France Télécom mais pas directement Wanadoo. Nous avons toujours des
interrogations sur sur les prix de réseau pour l'option 1, 3 et
5 (Lire l'article
du JDN). Nous attendons la réponse de l'ART dans ce sens. Il
est clair que nous envisageons une baisse des tarifs, en particulier pour
notre offre 512 Kb/s. Mais je n'en sais pas plus.
La part de marché
ADSL de Wanadoo s'effrite en France. Partagez-vous ce point de vue ?
Globalement, nous grignotons des parts de marché
entre le bas débit et le haut débit. Nous montons parce
que nous attirons de nouveaux internautes qui viennent directement sur
l'ADSL et parce que le bas débit résiste bien. Sur le haut
débit, nous baissons en termes d'acquisition, mais c'est un phénomène
naturel lorsque l'on démarre avec une part de marché de
90%. En l'état actuel, nous estimons que notre part de marché
ADSL se situe aux alentours de 60%. Nous pouvons compter sur notre marque
qui est bien perçue et sur le potentiel d'innovation de France
Télécom.
Comment analysez-vous le marché des FAI
actuellement ?
Au niveau européen, sans surprise, T-Online est
leader et Wanadoo occupe la deuxième position. La France compte
encore une douzaine d'acteurs FAI. Actuellement, trois principaux acteurs
"low costs" font une percée en termes d'acquisition de
clients haut débit : 9 Télécom, Free et Télé
2. Telecom Italia vient d'arriver sur le marché français
avec une nouvelle approche en termes d'offres. Ce sont ces acteurs que
nous observons avec le plus d'attention. A terme, la concentration du
marché des FAI est inéluctable.
Comment mesurez-vous le churn (le phénomène
de perte d'abonnés) chez Wanadoo ?
Il y a en effet du churn. C'est un élément
sensible et je ne peux pas tout révéler. Pour l'acquisition
haut débit chez Wanadoo, nous réalisons un tiers en montée
en gamme sur notre base clients (du bas débit vers le haut débit),
un tiers de nouveaux accédants à l'Internet haut débit
et un tiers proviennent de la concurrence. C'est intéressant de
constater que deux tiers des internautes haut débit étaient
déjà des internautes.
Un an après l'introduction d'offres dites
haut débit à 128 Kb/s, quel bilan faîtes-vous ?
Nous ne communiquons pas précisément la segmentation
128 Kb/s, 512 Kb/s et 1.024 Kb/s. Mais je pense qu'une offre 128 K est
très intéressante pour attirer de nouveaux internautes et
les sensibiliser au haut débit. L'internet devient un marché
très grand public. En conséquence, les segmentations vont
être de plus en plus nombreuses. Nous allons pousser des offres
dans les deux extrêmes du haut débit (moindre débit,
très haut débit).
Dans le cadre de cette segmentation des offres,
envisagez-vous de proposer des offres aux internautes haut débit
qui consomment beaucoup de bande passante ?
C'est une des nombreuses pistes de réflexion que
nous étudions en termes d'innovation marketing, mais rien n'a été
décidé pour l'instant.
Pour 2004, la bataille ne tournera pas autour
du 1.024 Kb/s ?
Je pense que l'offre 512 Kb/s restera centrale. On ne peut
pas gâcher toute la valeur du réseau et disparaître.
Il est normal que des concurrents émergents tentent des offres
décalées dans l'Internet à très haut débit.
Selon vous, l'offre
10 mégabits pour 30 euros de Pau Pyrénées entre dans
cette dernière catégorie ?
Je suis très réservé sur l'usage de
financement public pour développer une certaine concurrence. Je
préfèrerais que l'on concentre les aides pour encourager
les Français à se connecter à l'Internet. Le nombre
d'internautes en France reste encore trop faible par rapport à
d'autres pays européens.Il subsiste des freins psychologiques importants
à lever autour de l'usage du PC.
La vente de packs Wi-Fi, ça marche bien
?
Wanadoo France a vendu 15.000 packs depuis le lancement
de cette offre en mai. Nos filiales dans nos pays européens (Pays-Bas,
Espagne et Royaume-Uni) ont déjà lancé ou sont sur
le point de le faire. La commercialisation des offres couplées
Wanadoo-Orange dans le domaine du Wi-Fi a également commencé.
Les internautes Wanadoo peuvent désormais se connecter dans tous
les hotspots Orange. Il subsiste quelques améliorations techniques
à apporter. Par exemple, on observe des blocages en cas de passage
par un routeur et de partage d'adresses IP entre systèmes communicants.
Nous travaillons sur ces points avec France Télécom R&D.
Ils seront résolus d'ici le début de l'année prochaine.
Entre France Télécom
et le groupe TF1, comment Wanadoo va-t-il participer au projet TPS-L
qui débute
en décembre ?
Nous avons signé
un accord de co-branding et de co-marketing avec TPS. Nous avons déjà
des accords avec TF1, notamment à travers le déploiement
de déclinaisons Internet de jeux télévisés
comme Qui veut gagner des millions. Nous mettons également en avant
le service vidéo haut débit du programme Star Academy et
la chaîne LCI en live streaming.
Que représente le marché des services
additionnels pour Wanadoo ?
Nous avons deux grands lignes de services payants qui marchent
bien : les jeux sous toutes ses formes et les services pour les mobiles
(logos, sonneries..). D'ici fin 2004, les services additionnels devraient
représenter environ 10% du CA de Wanadoo.
Jusqu'où comptez-vous pousser le développement
de services interpersonnels Internet haut débit sur Wanadoo ?
Nous percevons ce développement comme un continuum
que l'on pourrait comparer à un système intégré
de poupées russes qui comprend l'e-mail asynchrone, le Messager,
Wanadoo Audio et Visio. Nous devons définir les services de bases inclus
dans l'accès et des services complémentaires qui seront proposés aux clients.
Comment comptez-vous
concurrencer MSN Messenger avec votre propre déclinaison de messagerie
instantanée Wanadoo ?
Il faut d'abord asseoir notre crédibilité
dans ce domaine et il y a encore de la place sur ce marché. Nous
allons d'abord travailler autour des différents supports : Internet,
téléphones mobiles et fixes pour les rendre interopérables.
Mais nous pouvons également engager des partenariats avec T-Online
ou Tiscali afin de rendre ces solutions de messagerie instantanée
compatibles. Nous sommes l'un des groupes fournisseurs d'accès
Internet leader en Europe : nous savons comme négocier avec d'autres
opérateurs européens et établir des liens de facturation
avec nos clients.
Après la cession de Wanadoo Edition en
octobre, comment vous repositionnez-vous sur les jeux vidéo en
réseau ?
Wanadoo Edition faisait du off-line. Aujourd'hui, nous
nous concentrons sur le développement des jeux online. Nous avons
signé avec des grands acteurs pour les consoles de jeux comme Xbox
et PlayStation 2 dans le cadre de la commercialisation de nos pack haut
débit. Par ailleurs, nous développons des jeux massivement
multi-joueurs comme Dark Age of Camelot (140.000 exemplaires du jeu vendus),
pour lequel nous venons de sortir une extension gratuite (Foundations).
L'année dernière, nous avions signé un accord avec
l'éditeur de jeux vidéo Nevrax pour développer Ryzom
en jeu massivement multi-joueurs, mais ce projet a été suspendu
à la suite de bêta-tests insatisfaisants.
Dans les usages haut
débit, vous évoquez peu le recours aux services peer-to-peer
de musique, qui sont pourtant très populaires. Quelle est la position
de Wanadoo sur le sujet ?
Il n'y a aucune ambiguité sur le discours. Nous
sommes favorables à un système légal de vente de
musique. Nous avons mis en ligne un service Music Club dans ce sens avec
le distributeur de musique en ligne OD2. Le développement des logiciels
peer to peer nous intéresse mais nous condamnons le piratage musical
par leurs intermédiaires. Mais nous ne tenons pas à surveiller
la communication privée de nos utilisateurs. C'est un domaine qui
doit être règlementé dans un cadre clair de pouvoir
de justice.