JDN. Estimez-vous que
l'accord AOL-Microsoft, qui porte notamment sur l'utilisation de la plate-forme
Windows Media, représente un danger pour les activités de RealNetworks
?
Guillaume Peroux. Cet accord correspond
avant tout aux suites du procès sur la position dominante de Microsoft
avec Internet Explorer face au Netscape d'AOL. Si vous analysez en profondeur
la situation, cet accord n'est autre que le versement de 750 millions
de dollars à AOL Time Warner accompagné d'une licence de distibution
d'Internet Explorer. AOL a certes accepté la licence de Windows Media
Serie 9. Mais cette licence est non-exclusive et sans obligation d'utilisation
ou de distribution. Car dans ce domaine, AOL travaille déjà
avec RealNetworks à différents niveaux. AOL fournit par exemple notre
player dans ses kits de connexion et a récemment commencé
la distribution de MusicNet, le service de musique en ligne qui s'appuie
sur notre technologie. AOL exploite également sur son portail une
section vidéo et des contenus payants sous le format Real. Dans ces conditions,
il n'est pas étonnant que le président d'AOL ait annoncé à la presse,
ainsi qu'en interne chez nous, que cet accord n'affectait nullement les
relations existantes avec RealNetworks.
Compte
tenu du développement actuel du haut débit, quelle attention
portez-vous au marché français ?
Nous suivons les marchés en fonction de leur réveil.
L'Europe représente une plate-forme importante pour RealNetworks
en terme de développement, parallèlement à l'Asie.
En l'état actuel, la France n'occupe pas encore une place prédominante
dans notre stratégie européenne. Mais pour la partie BtoC,
c'est-à-dire Real One, SuperPass et RadioPass, nous estimons que
2003 sera l'année de l'essor du haut débit en France, donc
du décollage du marché.
Quels sont les premiers retours de l'offre RadioPass
en France ?
Cela peut paraître paradoxal, mais nous nous trouvons face à
un marché répondant. Nous en sommes très satisfaits
puisque RealNetworks France affiche le premier niveau de souscription
en Europe, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Pour lancer une
offre SuperPass en France, comptez-vous vous associer avec un FAI haut
débit ?
Oui et ce n'est pas un secret. Nous voulons répliquer
le modèle américain, mais il faut s'adapter au marché
français. Le calendrier de déploiement pour une offre française
SuperPass n'est pas encore totalement fixé. Nous devons en premier
lieu proposer du contenu vidéo issu des groupes médias locaux,
donc négocier avec eux. Ce sont des discussions qui sont entamées
de longue date et qui demandent une certaine exigence.
Estimez-vous que
les expérimentations en télévision ADSL pourraient
venir concurrencer vos activités ?
A terme, je pense que les services de télévision
ADSL et nos services vont en effet se retrouver en concurrence frontale.
Nous participons aux deux principaux tests de télévision
ADSL qui ont été initiés en France, à savoir
Dream TV de TF1 à Boulogne et l'opération France Télécom
à Lyon. Mais, a priori, ce n'est pas notre format qui sera retenu
pour ce type de développement, ni celui de notre concurrent direct
d'ailleurs. Nous sommes en pointe dans le domaine du Web et du mobile.
En revanche, dans le domaine du broadcast haut débit, les standards
technologiques sont encore loin d'être définis.
Quel est
l'objectif de votre nouveau service BtoB OpenPass lancé la semaine
dernière ?
Apporter un outil technologique "tout en un" de streaming
média à un éditeur de contenu qui n'a pas la volonté
d'intégrer son offre sous l'étiquette RealOne-SuperPass.
Aux Etats-Unis, Playboy a par exemple adopté cette formule et gère
indépendamment son offre vidéo.
Quels
accords avez-vous déjà signés dans le domaine de
la mobilité ?
A travers notre communauté de développeurs,
nous couvrons toute la chaîne sur le mobile. Nous avons une position
extrêmement forte dans le domaine puisque nous disposons d'un accord
important et exclusif avec Nokia mais aussi avec Sony Ericson. Pour la
parties OS mobiles, nous avons signé un partenariat avec Symbian
pour l'ensemble de ses marchés. En France, nous travaillons beaucoup
avec les opérateurs Orange et SFR. Nous leur apportons des outils
technologiques qui leur permettent d'optimiser le transfert des différents
contenus.
Quelles sont les
batailles les plus difficiles à mener en France contre votre
principal concurrent Microsoft ?
Sur le volet des médias systems servers, c'est un
marché aussi difficile pour nous que pour Microsoft. En France,
avec 1,5 million d'abonnés haut débit, le marché
est à peine naissant. Les principaux acteurs du Net investissent
actuellement peu sur ce terrain. Du côté des players, la
bataille ne porte plus maintenant sur le produit technologique mais sur
la valeur ajoutée de l'offre proposée. Il est vrai que la
bataille est difficile compte tenu de la politique très généreuse
de notre concurrent direct pour équiper ses clients. Aux Etats-Unis,
nous avons déjà évoqué des cas de dumping.
Nous n'en sommes pas loin en France.
Pouvez-vous assurer
à vos clients de SuperPass une fluidité absolue du débit
?
Ce serait mentir à nos utilisateurs finaux. RealNetworks
ne peut pas résoudre ce problème seul. Nous cherchons à
optimiser les processus en allant de plus en plus loin dans les réseaux
et en limitant les engorgements et le buffering. En théorie, la
fluidité parfaite serait possible si tous les acteurs qui interviennent
dans la chaîne du haut débit utilisaient notre technologie
Helix. Et encore, nous n'aurions toujours pas le contrôle du "last
mile", le dernier kilomètre reliant l'abonné à
son FAI.
Quel est votre
service haut débit favori ?
Honnêtement, je n'en trouve pas. A part le site de
la chaîne LCI qui propose un service payant mais avec le format
de notre concurrent, je n'en vois pas. Je suis un abonné de Club-Internet
haut débit mais l'offre LivePass avec son bouquet de cinq chaînes
en streaming ne me convient pas. J'ai déjà toutes ces chaînes
via mon poste de télévision.
Regardez-vous des
films en haut débit ?
Non. Mais j'aime beaucoup les courts-métrages diffusés
sur Internet. Je regrette que des services de web TV comme Nouvo.com aient
disparu avant l'émergence du haut débit. C'était
très novateur à l'époque.
Vous êtes-vous
abonné à un service éditorial payant sur Internet
?
Non. Je consulte beaucoup de newsletters d'informations
gratuites. J'y trouve mon compte pour le moment, sans passer par la case
premium.
SuperPass : un million d'abonnés
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A l'occasion de la présentation de ses résultats pour le
premier trimestre, RealNetworks a anonncé avoir atteint le
million d'abonnés à son offre payante RealOne SuperPass.
Le bouquet regroupe des éditeurs issus du monde de l'information
(ABCNews, CNN, Wall Street Journal Online...), du divertissement (MusicNet,
The Weather Channel...) et du sport (FoxSports.com, NBA....). En juin
2002, RealNetworks avait lancé une déclinaison européenne
de son service qui reste à forte consonance anglo-saxonne avec
des diffuseurs partenaires comme BBC News, MTV.co.uk, l'UEFA ou Wimbledon.org.
Sur les trois premiers mois de l'année, RealNetworks a réalisé
un chiffre d'affaires de 46,9 millions de dollars, en baisse de 1 %,
pour une perte de 2,8 millions. L'activité BtoC représente
un chiffre d'affaires trimestriel de 31,5 millions de dollars. |