|
Senior
manager consumer & media
RealNetworks
France |
|
Guillaume
Peroux
"La
croissance actuelle du haut débit en France est le signal
que nous attendions"
Respectant
la stratégie déjà mise en oeuvre
aux Etats-Unis, RealNetworks poursuit son développement
en Europe en proposant, d'une part, des solutions globales
dédiées au streaming et, d'autre part,
des bouquets interactifs grand public grâce à
son lecteur RealOne. Aujourd'hui, face au développement
du marché du haut débit en Europe, ces
offres grand public payantes sont jugées de plus
en plus stratégiques. En
attendant l'offre phare SuperPass, qui regroupe un bouquet
de chaînes télé, RealNetworks
a lancé en avril dernier en France son service
RadioPass. Cinquante radios thématiques, sans publicité,
y sont proposées à l'écoute pour
9,95 euros par mois. Retour sur cette stratégie
avec Guillaume Peroux, responsable de la division "consumer
& Media".
27
mai 2003 |
JDN.
Estimez-vous que l'accord AOL-Microsoft, qui porte notamment
sur l'utilisation de la plate-forme Windows Media, représente
un danger pour les activités de RealNetworks ?
Guillaume Peroux.
Cet accord correspond avant tout aux suites du procès
sur la position dominante de Microsoft avec Internet
Explorer face au Netscape d'AOL. Si vous analysez en
profondeur la situation, cet accord n'est autre que
le versement de 750 millions de dollars à AOL Time Warner
accompagné d'une licence de distibution d'Internet
Explorer. AOL a certes accepté la licence de Windows
Media Serie 9. Mais cette licence est non-exclusive
et sans obligation d'utilisation ou de distribution.
Car dans ce domaine, AOL travaille déjà
avec RealNetworks à différents niveaux. AOL fournit
par exemple notre player dans ses kits de connexion
et a récemment commencé la distribution
de MusicNet, le service de musique en ligne qui s'appuie
sur notre technologie. AOL exploite également
sur son portail une section vidéo et des contenus payants
sous le format Real. Dans ces conditions, il n'est pas
étonnant que le président d'AOL ait annoncé à
la presse, ainsi qu'en interne chez nous, que cet accord
n'affectait nullement les relations existantes avec
RealNetworks.
Compte
tenu du développement actuel du haut débit,
quelle attention portez-vous au marché français
?
Nous suivons les marchés en
fonction de leur réveil. L'Europe représente
une plate-forme importante pour RealNetworks en terme
de développement, parallèlement à
l'Asie. En l'état actuel, la France n'occupe
pas encore une place prédominante dans notre
stratégie européenne. Mais pour la partie
BtoC, c'est-à-dire Real One, SuperPass et RadioPass,
nous estimons que 2003 sera l'année de l'essor
du haut débit en France, donc du décollage
du marché.
Quels sont les premiers retours
de l'offre RadioPass
en France ?
Cela peut paraître paradoxal, mais nous nous trouvons
face à un marché répondant. Nous
en sommes très satisfaits puisque RealNetworks
France affiche le premier niveau de souscription en
Europe, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Pour
lancer une offre SuperPass en France, comptez-vous vous
associer avec un FAI haut débit ?
Oui et ce n'est pas un secret. Nous voulons
répliquer le modèle américain,
mais il faut s'adapter au marché français.
Le calendrier de déploiement pour une offre française
SuperPass n'est pas encore totalement fixé. Nous
devons en premier lieu proposer du contenu vidéo
issu des groupes médias locaux, donc négocier
avec eux. Ce sont des discussions qui sont entamées
de longue date et qui demandent une certaine exigence.
Estimez-vous
que les expérimentations en télévision
ADSL pourraient venir concurrencer vos activités
?
A terme, je pense que les services de
télévision ADSL et nos services vont en
effet se retrouver en concurrence frontale. Nous participons
aux deux principaux tests de télévision
ADSL qui ont été initiés en France,
à savoir Dream TV de TF1 à Boulogne et
l'opération France Télécom à
Lyon. Mais, a priori, ce n'est pas notre format qui
sera retenu pour ce type de développement, ni
celui de notre concurrent direct d'ailleurs. Nous sommes
en pointe dans le domaine du Web et du mobile. En revanche,
dans le domaine du broadcast haut débit, les
standards technologiques sont encore loin d'être
définis.
Quel
est l'objectif de votre nouveau service BtoB OpenPass
lancé la semaine dernière ?
Apporter un outil technologique "tout en
un" de streaming média à un éditeur
de contenu qui n'a pas la volonté d'intégrer
son offre sous l'étiquette RealOne-SuperPass.
Aux Etats-Unis, Playboy a par exemple adopté
cette formule et gère indépendamment son
offre vidéo.
Quels
accords avez-vous déjà signés dans
le domaine de la mobilité ?
A travers notre communauté
de développeurs, nous couvrons toute la chaîne
sur le mobile. Nous avons une position extrêmement
forte dans le domaine puisque nous disposons d'un accord
important et exclusif avec Nokia mais aussi avec Sony
Ericson. Pour la parties OS mobiles, nous avons signé
un partenariat avec Symbian pour l'ensemble de ses marchés.
En France, nous travaillons beaucoup avec les opérateurs
Orange et SFR. Nous leur apportons des outils technologiques
qui leur permettent d'optimiser le transfert des différents
contenus.
Quelles
sont les batailles les plus difficiles à mener
en France contre votre
principal concurrent Microsoft
?
Sur le volet des médias systems
servers, c'est un marché aussi difficile pour
nous que pour Microsoft. En France, avec 1,5 million
d'abonnés haut débit, le marché
est à peine naissant. Les principaux acteurs
du Net investissent actuellement peu sur ce terrain.
Du côté des players, la bataille ne porte
plus maintenant sur le produit technologique mais sur
la valeur ajoutée de l'offre proposée.
Il est vrai que la bataille est difficile compte tenu
de la politique très généreuse
de notre concurrent direct pour équiper ses clients.
Aux Etats-Unis, nous avons déjà évoqué
des cas de dumping. Nous n'en sommes pas loin en France.
Pouvez-vous
assurer à vos clients de SuperPass une fluidité
absolue du débit ?
Ce serait mentir à nos utilisateurs
finaux. RealNetworks ne peut pas résoudre ce
problème seul. Nous cherchons à optimiser
les processus en allant de plus en plus loin dans les
réseaux et en limitant les engorgements et le
buffering. En théorie, la fluidité parfaite
serait possible si tous les acteurs qui interviennent
dans la chaîne du haut débit utilisaient
notre technologie Helix. Et encore, nous n'aurions toujours
pas le contrôle du "last mile", le dernier
kilomètre reliant l'abonné à son
FAI.
Quel
est votre service haut débit favori ?
Honnêtement, je n'en trouve pas.
A part le site de la chaîne LCI qui propose un
service payant mais avec le format de notre concurrent,
je n'en vois pas. Je suis un abonné de Club-Internet
haut débit mais l'offre LivePass avec son bouquet
de cinq chaînes en streaming ne me convient pas.
J'ai déjà toutes ces chaînes via
mon poste de télévision.
Regardez-vous
des films en haut débit ?
Non. Mais j'aime beaucoup les courts-métrages
diffusés sur Internet. Je regrette que des services
de web TV comme Nouvo.com aient disparu avant l'émergence
du haut débit. C'était très novateur
à l'époque.
Vous
êtes-vous abonné à un service éditorial
payant sur Internet ?
Non. Je consulte beaucoup de newsletters
d'informations gratuites. J'y trouve mon compte pour
le moment, sans passer par la case premium.
SuperPass : un million d'abonnés
|
A l'occasion de la présentation de ses résultats pour le
premier trimestre, RealNetworks a anonncé
avoir atteint le million d'abonnés à
son offre payante RealOne SuperPass. Le bouquet
regroupe des éditeurs issus du monde de l'information
(ABCNews, CNN, Wall Street Journal Online...), du
divertissement (MusicNet, The Weather Channel...)
et du sport (FoxSports.com, NBA....). En juin 2002,
RealNetworks avait lancé une déclinaison
européenne de son service qui reste à
forte consonance anglo-saxonne avec des diffuseurs
partenaires comme BBC News, MTV.co.uk, l'UEFA ou
Wimbledon.org. Sur les trois premiers mois de l'année,
RealNetworks a réalisé un chiffre
d'affaires de 46,9 millions de dollars, en baisse
de 1 %, pour une perte de 2,8 millions. L'activité
BtoC représente un chiffre d'affaires trimestriel
de 31,5 millions de dollars. |
|