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DOSSIER
 
Mai 2006

Lacs tueurs

Le phénomène est peu connu. Et pour cause, seuls deux lacs tueurs sont connus sur la planète. Pourtant, leur dégazage est aussi une manifestation de l'activité géologique. On ne sait pas les prévoir, mais on sait s'en protéger.

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Le 21 août 1986, le lac Nyos, au nord-ouest du Cameroun provoque la mort de 1800 personnes ainsi que de nombreux animaux : il a explosé et libéré environ 300 000 tonnes de gaz carbonique (CO2).

Eruption de gaz

A l'origine de cette hécatombe, une "éruption" de gaz. Il faut dire que la lac est situé dans un ancien cratère duquel émane encore du gaz carbonique. Le CO2, venu des profondeurs de la Terre, a d'abord été stocké, dissous dans les eaux profondes du lac. Puis, il s'en est échappé sous l'effet d'un "renversement" du lac, provoqué par un séisme ou un glissement de terrain.

Une explosion gazeuse a alors projeté dans les airs, comme un bouchon de champagne, une colonne d'eau à une hauteur dépassant 80 m. L'énorme quantité de gaz carbonique libéré, étant plus dense que l'air, a ensuite "coulé" dans les vallées avoisinantes en asphyxiant toute forme de vie jusqu'à 30 km du lac.

Au lac Nyos au Cameroun, un système de dégazage artificiel est maintenant opérationnel : l'eau jaillit à 50 m de haut, en libérant son gaz carbonique à dose inoffensive. © J.M. Bardintzeff

Pour éviter qu'un tel scénario se reproduise, les chercheurs ont tenté de répertorier tous les lacs "tueurs" de la planète. Le lac Nyos n'est pas le seul lac concerné : le lac Monoun est lui aussi potentiellement dangereux. En 1984, il tua plus de 37 personnes. On surveille également le lac Kivu, en Afrique de l'est, riche en CO2 et méthane dissous.

Faire sortir le gaz avant saturation

Une fois les dangers localisés, que faire ? Depuis janvier 2001, une équipe Française mène une opération de dégazage en continu du CO2 piégé au fond du lac. L'opération Les Orgues de Nyos est un tuyau vertical reliant les eaux profondes du lac saturées en CO2 à la surface. Ainsi, le gaz carbonique est dissipé en quantité inoffensive dans l'atmosphère, via un jet d'eau qui jaillit à 50 m au dessus du lac. Le système est prévu pour fonctionner plusieurs années afin d'éradiquer le risque d'une nouvelle éruption.

Le lac Monou est lui aussi est en cours de dégazage est aussi depuis 2003. Plus de 7 millions de m3 de CO2 ont déjà été pompées.

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