Conçues pour assurer
l'exécution d'applications nécessitant des
capacités machine importantes, les "grilles"
renvoient à des infrastructures système
et réseau visant à mutualiser des ressources
informatiques distribuées, de la mémoire
à la puissance processeur. Le tout en s'appuyant
sur Internet ou tout autre réseau IP (pour Internet
Protocol).
Cette méthode qui a vu le jour en 2000 dans les laboratoires
de plusieurs éditeurs, au premier rang desquels IBM, fait
désormais l'objet de nombreuses implémentations à travers
la planète, aux Etats-Unis en particulier. En Europe,
plusieurs projets pilotes ont également été mis en oeuvre,
tels que le DataGrid (voir l'article).
Dernière initiative en date : un chantier de grille expérimentale
français baptisé e-Toile.
Un projet
soutenu par l'état
Tout comme son
grand frère européen, cette initiative
franco-française est soutenue par le CNRS (Centre National
de la Recherche Scientifique). "Ce projet exploratoire
que nous pilotons en lien avec plusieurs acteurs industriels,
comme le CEA ou encore EDF, est co-financé par
le Ministère de la Recherche - dans le cadre
du Réseau National des Technologies Logicielles
(RNTL)", commente Marcel Soberman, responsable
en charge de l'ingénierie de recherche au département
des STIC (Sciences et Technologies de l'Information
et de la Communication) du CNRS. Parmi les participants
à ce consortium, on note également la
présence de Sun Microsystems.
Lancé
en 2001, e-Toile a d'ores et déjà abouti à la
mise en production d'un premier réseau. Associant les
sites géographiques de ses participants (centres de
recherche, sociétés privées, etc.), il s'adosse à un
backbone haut débit (IPv6) déployé par France Télécom
R&D dans le cadre d'un autre programme RNTL. "Cette
infrastructure, appelée VTHD (pour Vraiment Très Haut
débit), que nous avons la possibilité d'exploiter à
100% sur certaines plages horaires affiche une capacité
maximum de l'ordre de 4 x 2,5 Giga/bits, souligne t-on
au CNRS. Elle nous permet d'éviter les problèmes de
performances constatés au sein de la plupart
des grilles."
Un
middleware multi-services
Interface de transmission
de messages (MOM), gestion des données et de
la mémoire virtuelle, réservation et allocation
des ressources, outil de supervision, administration
des droits d'accès et de la sécurité,
etc. Sans surprise, le middleware mis au point pour
supporter l'environnement d'e-Toile couvre l'ensemble
des services habituellement disponibles au sein d'un
dispositif de grille en vue d'orchestrer systèmes
et applications en présence.
Les solutions exploitées par le biais e-Toile ?
Elles ciblent divers domaines de la recherche scientifique
et industrielle, tels que la physique, la chimie, l'écologie
ou encore la climatologie. "L'un de ces applicatifs
a par exemple pour but de réaliser des simulations
d'incidents touchant aux centrales nucléaires,
indique Marcel Soberman. Un autre s'attaque au champ
de la génomie en assurant la comparaison d'une
séquence ADN avec différentes banques
de données existantes sur le sujet."
Une ouverture
sur d'autres réseaux
Pour l'heure, le CNRS et ses
partenaires planchent déjà sur un deuxième
projet. Objectif poursuivi : se doter d'une grille
expérimentale plus ouverte. Prévu pour début
2004, le lancement de cette nouvelle phase devrait inaugurer
l'entrée de partenaires industriels plus nombreux
(y compris des PME), pour lesquels les calculs complexes
font figure d'enjeux majeurs. Un nouvelle étape
qui fera également l'objet d'un appel d'offres
RNTL.
"L'infrastructure
en question pour laquelle nous préparons un nouveau
middleware pourrait s'appuyer sur le réseau Renater
(voir l'article), confie Marcel Soberman. A la différence
de VTHD, ce dernier permettra de connecter plus facilement
notre grille à d'autres réseaux européens."
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