Procès
anti-trust Microsoft : l'ultimatum de Bruxelles
Accusé d'abus de position dominante, Microsoft dispose d'un mois pour s'expliquer devant la Commission Européenne, sous peine de se voir infliger de très lourdes sanctions. (Vendredi 8 août 2003)
Microsoft dispose d'un mois
pour apporter les preuves de sa bonne foi à la
Commission européenne, faute de quoi l'éditeur
subira de lourdes sanctions et amendes.
Outre l'obligation de distribuer séparément
son logiciel Windows Media Player de son système
d'exploitation Windows, le géant de Redmond pourrait
se voir contraint d'ouvrir une partie de son code à
certains de ses concurrents dans le domaine des serveurs,
sous peine de se voir infliger une amende qui pourrait
atteindre 10% de son chiffre d'affaires.
Les
players en ligne de mire Les décisions
rendues ce mercredi par la Commission Européenne
portent tout d'abord sur le lecteur multimédia
Windows Media Player de Microsoft. En imposant celui-ci
au sein des différentes versions de son système
d'exploitation Windows, Microsoft porte selon la commission
préjudice à ses concurrents directs, dont
RealNetworks et Apple, éditeurs respectifs des
produits Real Player et Quicktime.
Une pratique qualifiée d'anti-concurrentielle par
Bruxelles qui propose de la corriger en laissant à
l'éditeur l'alternative suivante : dissocier son
lecteur du système d'exploitation, en les distribuant
sous deux offres distinctes, ou intégrer les lecteurs
concurrents dans son OS afin de laisser le choix aux consommateurs.
Microsoft
dans l'obligation d'ouvrir son code ? L'abus de position
dominante ne porte pas uniquement sur les lecteurs multimédia
et sur les ordinateurs personnels. S'imposant également
de plus en plus dans le domaine des serveurs d'entrée
de gamme, Microsoft est le seul à permettre l'interopérabilité
de ses serveurs avec l'environnement Windows, une situation
qui lui donne une position privilégiée vis-à-vis
de ses concurrents.
Toujours selon Bruxelles, l'éditeur aurait refusé
de fournir à ses rivaux les informations nécessaires
à l'échange de données entre serveurs
et ordinateurs tournant sous Windows.
Si Microsoft ne peut réfuter les accusations de
Bruxelles, il se verra sommé d'ouvrir son code
à ses concurrents, parmi lesquels Sun Microsystems
et Oracle, afin de leur permettre de commercialiser des
serveurs eux aussi compatibles avec Windows.Selon l'administration
européenne, les pratiques anti-concurentielles
de Microsoft lui auraient permis d'augmenter son volume
d'affaires annuel de 10%, ce qui équivaut à
2 milliards de dollars, une somme que Bruxelles pourrait
bien lui réclamer.
Des
décisions trop tardives ? Microsoft à
déclaré tout mettre en oeuvre pour répondre
aux accusations de la Commission. Celles-ci sont le résultat
d'une enquête de trois ans, entamée suite
au dépôt d'une plainte déposée
en 1998 contre l'éditeur.
Mais
les décisions annoncées n'arriveront-elles
pas trop tard ? En effet, les jeux semblent déjà
faits pour Windows Media Player, qui remportait l'an dernier
déjà 41% des suffrages des internautes,
selon une étude des instituts Nielsen//NetRatings
et MediaMetrix.
Un chiffre qui n'a de cesse
d'augmenter. Il semble donc relativement peu probable
que Bruxelles puisse bouleverser un marché des
lecteurs multimédia déjà bien établi,
du moins à court terme.