Sécurité
Laurent Charveriat (Cyber Networks) : "Si le DNS a la capacité de donner une information différente de la réalité, n'importe qui peut s'y engouffrer"
Eclairage d'un expert des noms de domaines sur la tentative avortée de Verisign de récuperer les requêtes DNS erronées.  (Mercredi 8 octobre 2003)
     
Chronologie

15 septembre :
lancement de SiteFinder
21 septembre :
l'ICANN demande à Verisign de retirer son site de son plein gré
3 octobre :
Verisign suspend sa redirection

Encyclopédie DNS

Alors que VeriSign vient, sous la pression de l'ICANN, de suspendre son service de redirection des noms de domaines erronés en .com et .net, Laurent Charveriat précise les réels dangers de ce dispositif avorté, mais aussi les fausses peurs qui ont entouré son lancement. Avec un nécessaire rappel préalable du mode de fonctionnement du système DNS.

JDNet Solutions : En quoi la redirection de VeriSign pose-t-elle problème ?
Laurent Charveriat.: Il faut revenir à l'élément de base qu'est le DNS pour bien comprendre la problématique. Je rappelle que le DNS permet d'obtenir deux adresses différentes : soit un site Web, soit le serveur de messagerie d'un domaine. Concentrons-nous sur le Web : une fois que j'ai tapé une adresse URL dans mon navigateur, il faut que j'obtienne le nom du serveur Web correspondant. Le DNS réalise cette correspondance entre le nom de domaine et son adresse, comme un annuaire donnerait les coordonnées de quelqu'un dans une ville à partir de son nom de famille.

La structure DNS est hiérarchique, comme le préfixe téléphonique "33" permet de diriger les appels vers la France avant de joindre une personne en particulier. Pour un nom de domaine en .com, c'est pareil : avant de savoir qui le gère, je dois d'abord m'adresser à celui qui gère le .com (ce qu'on appelle les serveurs root), pour avoir l'adresse IP de la machine et seulement à ce moment là, le navigateur peut faire la connexion.

En cas d'erreur, je tombe normalement sur un nom de domaine qui n'existe pas et je vois une page d'erreur. C'est pris en compte, c'est géré au niveau du DNS, pas au niveau de l'applicatif, c'est-à-dire du navigateur.

Or, et c'est là que nous arrivons à VeriSign, si je fais répondre un domaine qui n'existe pas, parce que je suis serveur root, parce que j'ai la maîtrise en amont, je permets à l'internaute de se connecter à Site Finder, je détourne donc l'information initiale sur la non existence d'un nom de domaine... Verisign, de son côté, l'a présenté comme un outil d'assistance à l'internaute égaré ou étourdi...

La confidentialité des échanges était donc menacée ?
Si un formulaire sur un site Web est erroné, les infos peuvent être envoyées à VeriSign effectivement. Un peu comme si un fax était envoyé malgré un numéro de téléphone du destinataire erroné.

Et pour le mail, c'est pareil. Normalement, quand je cherche le serveur de messagerie qui peut recevoir un courrier, la requête DNS me donne la liste de ces serveurs. Une fois que cette liste est identifiée, il y a essai de connexion auprès de chaque serveur, un par un, puis une connexion SMTP, et enfin envoi du mail en question. Si je me trompe, un message d'erreur m'est renvoyé pour m'indiquer que je me suis trompé, et le courrier s'arrête là.

Or, si le DNS répond, le serveur de messagerie commence à établir une connexion SMTP. Lors de l'établissement de cette connexion, l'erreur est néanmoins signalée, c'est en tout cas ce que VeriSign a déclaré, mais techniquement, ils pouvaient accepter le mail et le faire atterrir chez eux

Cela signifie par ailleurs une augmentation significative du trafic, de par ce début d'établissement de connexion avant que l'erreur ne soit signalée. De même pour le navigateur dont je parlais précédemment, qui établissait une connexion sur le port 80. Le trafic supplémentaire qui sortait du navigateur a pu être source de surcharge de trafic, en tout cas c'est un des points soulevés par l'ICANN.

Au-delà de ces points techniques, que vous inspire cette tentative ?
Chronologie

15 septembre :
lancement de SiteFinder
21 septembre :
l'ICANN demande à Verisign de retirer son site de son plein gré
3 octobre :
Verisign suspend sa redirection

Encyclopédie DNS

Le DNS est un point d'entrée crucial, comme je l'ai précisé. Si ce point d'entrée est perverti, si le DNS a la capacité de me donner une information différente de la réalité, n'importe qui peut s'y engouffrer. Il suffit de voir ce qui se passe avec les techniques de fishing, qui consistent à modifier légèrement une URL pour induire en erreur des internautes et les escroquer avec des transactions détournées.

En clair, si on peut changer les numéros de téléphone des pages blanches, si les informations ne sont pas fiables, on dispose d'une arme économique très forte, d'autant plus que les domaines en .com, en .org et .net sont gérés par les Etats-Unis...

[Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions]
 
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