Hébergeurs : que sont devenus PSINet Europe et Exodus France ?
Par le JDNet Solutions (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/solutions/0204/020403_psinetexodus.shtml
Mercredi 3 avril 2002

L'été et l'automne 2001 ont été ponctués par les mises en faillite de plusieurs géants de l'hébergement et des services IP, selon la formule américaine de banqueroute dite du "chapitre 11". En juin, c'était le tour du fournisseur de services Internet aux entreprises PSINet Inc., et en septembre celui de l'hébergeur "pure player" Exodus Communications. Dans les deux cas, la majorité des activités de ces deux poids lourds ont été rachetées, plusieurs centres d'hébergement à travers le monde ayant été parfois acquis séparément. Dans le cas d'Exodus, l'on peut citer les reprises récentes et séparées de trois datacenters aux Etats-Unis par Dell, et d'un autre dans le New Jersey par la Deutsche Bank.

Le rachat de Exodus Communications par Cable & Wireless a été annoncé fin novembre 2001 pour 850 millions de dollars, avant d'être finalisé au début du mois de février 2002 pour 100 millions de dollars de moins.
Plus exactement, ce sont 30 des 44 centres de l'américain que s'est payé l'opérateur, dont 26 aux Etats-Unis, un à Tokyo, un à Francfort et deux à Londres. Dans le même temps, le britannique a avalé un autre grand de l'hébergement, alias Digital Island, puis a réuni ces deux entreprises derrière son pôle de services Internet rénové et rebaptisé... Exodus. Au passage, Cable & Wireless a consolidé sa position au pays du Soleil Levant avec l'acquisition de la filiale japonaise de PSINet.

Quant à ce dernier, sa maison mère outre-Atlantique a été reprise la semaine dernière de façon officielle par Cogent Communications. Cet hébergeur-infogéreur capitalisant sur le marché américain a déboursé pour cela environ 10 millions de dollars. Une broutille, quand on sait que les capitaux de PSINet Inc. étaient estimés à 2 milliards de dollars en juin 2001, lors de son retranchement derrière le chapitre 11.

PSINet exclusivement mais temporairement européen
"Notre groupe était constitué de deux sociétés distinctes", déclare Christian Honoré, directeur général France. "PSINet BV (de droit suisse) en Europe, et PSINet Inc. aux Etats-Unis. C'est seulement la structure américaine qui a été mise en redressement en juin 2001 et qui vient d'être rachetée par Cogent. En Europe, nous avons toujours pu nous auto-financer. Nous avons gardé une destinée propre, et nous sommes en phase de nous adosser à un groupe très important. Plus exactement, nous entretenons actuellement des discussions avec deux très grands groupes mondiaux, et nous pourrions procéder à une annonce dans les deux mois qui viennent."

D'après nos sources, ces deux sociétés seraient issues du monde des télécommunications. L'une pèserait quelque trois milliards de dollars environ, et l'autre plus de 50 milliards de dollars. Leurs noms ne sont pas encore officiellement dévoilés en cette période de tractations.

Quand l'Europe tient mieux le coup que les Etats-Unis
Dans le même temps, l'activité de PSINet BV (Europe) a évolué. D'ISP-hébergeur, la société a glissé vers un positionnement plus proche de celui d'un fournisseur d'infogérance applicative à la demande pour le compte de SSII et de très gros clients. Selon Christian Honoré, "L'an dernier, nous nous sommes tournés vers l'hébergement applicatif avec des services à valeur ajoutée comme le stockage, mais aussi les grandes applications ERP (progiciels de gestion intégrés) et CRM (gestion de la relation client)."

Peu de clients semblent s'être envolés malgré les soucis de PSINet Inc. aux Etats-Unis. Parmi ces clients, des sociétés telles que Kauffman & Broad, Carrefour, Sony, HSBC, le fonds de pension américain Fidelity, la Deutsche Post, l'opérateur Orange en Suisse et le groupe Vivendi. Contrairement à sa soeur jumelle aux Etats-Unis, PSINet Europe paraît avoir plutôt bien tenu le coup.

Dans l'Hexagone, "nous avons environ 1 500 clients (7 000 en Europe) dont 700 sur l'hébergement, parmi lesquels une soixantaine de très grands comptes", précise Christian Honoré. "Nous avons réalisé 162 millions de dollars de CA en 2001 au niveau européen, ce qui est stable par rapport à 2000. Nous employons environ 600 personnes réparties en huit filiales avec cinq datacenters : Londres, Paris, Berlin, Amsterdam et un au siège en Suisse. Et en France, nous avons même recruté 20 personnes de plus au début 2002."

Alors pourquoi PSINet BV cherche-t-elle un repreneur ? Pour le directeur général français, "l'analyse de la bulle Internet a été faite et refaite. Nous nous sommes trouvé avec une offre de bande passante très supérieure à la demande. Beaucoup de câbles et de tuyaux ont été posés un peu partout et donc les prix ont connu une baisse un peu drastique. Il y avait une trentaine de 'super-carriers' dans le monde en 2001 et il n'y en aura plus que quelques-uns dont les activités de communication voix et mobile permettront de financer l'activité d'accès et de transport IP. Le marché Internet ne représente que 5 à 7 % des revenus des opérateurs au niveau mondial. Environ 50 % provient de la voix, 25 % des communications mobiles, et le restant des liaisons louées, Frame Relay, ATM..."

Exodus France repris en silence par Spherion
Dans le même temps, seuls trois centres d'hébergement d'Exodus Communications sur le Vieux Continent ont rejoint Cable & Wireless. Nous avons appris qui avait acquis le datacenter français : un américain plutôt "ancienne économie" du nom de Spherion. Ce cabinet de conseil et société de services spécialisé dans le recrutement (Michael Page racheté en 1997 et revendu au marché il y a un an), dans l'externalisation et dans les services informatiques s'appelait Interim Services avant son changement de nom au début de l'été 2000. Par ailleurs, il aurait aussi repris une bonne partie des actifs européens restants d'Exodus, ceux en tout cas qui n'ont pas été acquis par Cable & Wireless.

Dans notre article de septembre 2001 intitulé "Exodus s'inscrit désormais au chapitre 11", le directeur général de sa filiale française Philippe Martraire nous avait déclaré d'une part que la France et l'Europe n'étaient pas impactées comme les Etats-Unis. Et d'autre part, "nous augmentons continuellement le spectre de notre offre qui s'oriente vers le managed web hosting (infogérance web applicative, ndlr)", nous avait-il affirmé. Toujours en poste, celui-ci n'a malheureusement pas pu se libérer dans les temps pour répondre à nos questions. Mais la tendance nous a été confirmée par l'un de ses collaborateurs. En Europe, Exodus dont le positionnement initial était assez différent de celui de PSINet BV, a fini par prendre la même direction. A la différence du fait que le premier est parti rejoindre une société de services traditionnelle, et que le second semble plutôt regarder vers des opérateurs de télécommunications tout en entretenant des partenariats avec des SSII. Un acquéreur dont le nom devrait être connu dans les deux prochains mois.

[François Morel, JDNet]


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