Metromedia
rejoint le club des opérateurs au Chapitre 11
Par le JDNet
Solutions (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/solutions/0205/020522_metromedia.shtml
Mercredi 22 mai 2002
Et
un de plus ! La liste des opérateurs s'abritant derrière
le fameux "Chapitre 11", la protection contre la banqueroute
prévue par la loi américaine, vient encore de s'allonger
d'un nom et pas des moindres. Metromedia
Fiber Network, l'un des grands fournisseurs internationaux de
transit IP et de réseaux métropolitains en fibre noire
(tuyaux vierges en fibre optique), y a rejoint lundi des sociétés
jugées en grande difficulté comme Global Crossing, Carrier1
et PSINet avant son rachat par morceaux. La nouvelle n'a pas tant
surpris puisque le scénario avait déjà été
évoqué plus tôt dans l'année par l'opérateur
au regard de sa dette : quelque 3,3 milliards de dollars en date
du 28 février. En septembre 2001, le chiffre de 7 milliards
de dollars de capitaux propres avait été annoncé,
"après dévalorisation donc Metromedia dispose encore
de beaucoup de ressources" nous a précisé mardi
matin Florian Du Boys, responsable commercial au sein de la filiale
française du géant. "Le groupe est en chapitre
11 car il a besoin d'argent. Mais Metromedia a de quoi assurer son
avenir. Grâce à cette [démarche], tout l'argent
frais dans nos caisses peut être consacré au développement."
La semaine dernière, Metromedia Fiber Network a avoué
qu'il n'avait pu payer des intérêts de 32 millions
de dollars à échéance du 15 mai, sur un
montant de 650 millions de dollars en obligations.
Le
géant n'a donc pas attendu le délai de grâce de
30 jours prévu pour l'acquittement de cette dette, et
a préféré se réfugier dans l'abri prévu
par la Loi. Par voie de conséquence directe, son titre a été
retiré du tableau des valeurs cotées au Nasdaq. Les
dirigeants du groupe déclarent être parvenus à
un accord avec ses principaux créanciers pour financer ses
opérations durant la restructuration. Selon le communiqué
officiel de Metromedia Fiber Network, le plan inclut des réductions
de coût significatives notamment par la fermeture ou la revente
des bureaux et datacenters non profitables, et par des licenciements.
Des mesures qui, de toute évidence selon le responsable que
nous avons interrogé, viseraient surtout les Etats-Unis. Dans
l'Hexagone, "l'activité est stable et la réorganisation
a déjà eu lieu" soutient-il.
L'Europe, continent
de survie pour remonter la pente
D'après Florian Du
Boys, "nous construisons des boucles locales métropolitaines
en fibre noire, ce qui sous-entend un déploiement de ressources
coûteuses avec des gains potentiels qui ne sont pas immédiats.
Pour l'instant, nous avons 69 villes fibrées dans le monde
dont 10 en Europe. En France, ce sont 150 km qui couvrent
Paris et sa proche banlieue."
Au vu de la surcapacité déployée outre-Atlantique,
qui a provoqué une chute des prix, la mise en oeuvre de ces
réseaux n'a pu que creuser un fossé dans les finances
du groupe. Mais s'il s'agit selon le responsable commercial de "l'une
des raisons essentielles" de la dette, celui-ci insiste sur le
fait qu'il "ne faut pas se leurrer : la conjoncture américaine
n'est pas bonne. Notre croissance est tirée par l'Europe car
l'économie est très morose aux Etats-Unis."
La même affirmation nous avait déjà été
formulée par le directeur de PSINet France début avril
(lire
l'article). La structure européenne de ce dernier, indépendante
de la maison-mère américaine, y avait survécu
quelque temps avant d'être rachetée en fin de mois par
un investisseur israélien, Israel Corp, et un californien,
ClearBlue Technologies Holdings.
Transit, hébergement et services à
valeur ajoutée
Après la location de sa fibre noire, le transit
IP est le second coeur de métier de Metromedia Fiber Network.
Cette activité est comprise dans le même groupe que l'hébergement
et les services dérivés. Un pôle hérité
du rachat en 1999 de AboveNet. Dans ce cadre, "les investissements
autour du transit ont été mieux amortis que la fibre
noire", indique Florian Du Boys. "Cette partie est reconnue
et se porte bien. Le transit signifie deux aspects : la connectivité
et les accords d'interconnexion. Nous avons signé 467 accords
de peering, soit plus de 1 400 sessions correspondant à
trois par opérateur." Dans notre article
de décembre 2000, Metromedia/AboveNet nous déclarait
457 accords pour 902 sessions, soit une redondance en moins par opérateur
à l'époque. Pour le client, cette politique apparaît
avantageuse car il dispose d'un choix ouvert et n'est donc pas captif
d'un seul opérateur.
Sur le versant de la connectivité, MFN déclare par exemple
une bande passante de 15 Gbps au départ de Paris, redondance
comprise. "En transatlantique, nous avons plus de 20 Gbps
qui vont passer à 40 Gbps" confie le responsable
commercial. Une illustration de la stratégie de l'opérateur
derrière son placement volontaire en chapitre 11, celui-ci
déclarant souhaiter poursuivre ses investissements.
Mais le transit seul tout comme la location d'espace dans des datacenters
ne risquent pas de générer des gains substantiels pour
Metromedia. Et cela, l'opérateur le sait. C'est pourquoi il
travaille activement à renforcer ses services à valeur
ajoutée. Il y a un peu plus d'un an démarrait en France
l'activité d'hébergement. Aujourd'hui, une soixantaine
de baies sont occupées par les clients dans la salle blanche
parisienne de MFN située chez RedBus Interhouse. Pour introduire
de la valeur ajoutée, "nous avons développé
une activité MSP (Managed service provider) avec de la sécurité,
de la surveillance et de la gestion d'infrastructure" décrit
Florian Du Boys. "Nous avons nos propres équipes d'ingénieurs
en sécurité. Vous pouvez avoir le meilleur réseau
du monde, si vous êtes piraté le transit perd toute sa
valeur". Et pour Metromedia, "le retour sur investissement
par baie est supérieur à ce qui se trouve sur le marché."
A l'heure actuelle, le fournisseur serait même en négociation
avec des opérateurs spécialisés pour héberger
leurs infrastructures. Des signatures qui arriveraient à point
nommé.
[François Morel, JDNet]
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