La règle est généralement
la suivante : après une fusion, un groupe voit reculer
ses parts de marché à court terme. Rares sont les entreprises
qui ont réussi à faire mentir cette tendance historique,
et HP ne réussira pas ce tour de force. Jim Milton, un haut
gradé de HP USA concède dans une interview à
News.com que : "[l'entreprise] a perdu des contrats, sans
aucun doute, en raison des incertitudes liées à la fusion".
Les chiffres parlent mieux que les
mots : sur le deuxième trimestre 2002, HP est le fabriquant
qui recule le plus sur le marché des serveurs mondial -
avec 9 % de contraction selon le Gartner. Idem pour le marché
des PC : HP chute de façon spectaculaire avec un recul
de 16 %. En France, le bond en arrière sur ce même
marché est très spectaculaire - 34 % de
recul - mais HP sauve l'honneur en reculant un peu moins qu'IBM
dans l'hexagone.
Préparation
minutieuse
Pas de quoi
pavoiser, mais pas non plus de quoi tirer la sonnette d'alarme.
Une fusion est toujours un moment délicat : deux gammes
de produits se télescopent, et deux cultures d'entreprise
se rencontrent - avec parfois de bien mauvaises surprises à
la clé. Dans le cas présent, la fusion a été
longuement préparée, et les objectifs de chaque division
ont été fixés à l'avance. Et pour cause :
HP a eu tout le temps de travailler sur le dossier pendant que la
justice arbitrait le litige qui a failli faire capoter la fusion.
Et le résultat est là :
quatre mois après le verdict salvateur, tous les employés
ont depuis longtemps reçu leur roadmap pour les nouvelles
gammes. Les commerciaux se sont vu attribuer de nouveaux objectifs,
et la ligne d'horizon du groupe a été fermement dessinée
à grand coups de réunions d'information. Les
équipes de HP donc n'ont pas ressenti de flottement.
Les clients
ont-ils mordu ?
Quid
des clients ? Tout a été fait pour les rassurer
au plus vite : le jour même de la fusion, certains commerciaux
américains étaient déjà sur le terrain,
expliquant à leurs interlocuteurs la nature du nouveau groupe,
et les changements
dans la gamme. Par ailleurs, les fidèles de HP ou de
Compaq restent suivis par leurs commerciaux habituels : seuls
les nouveaux clients sont démarchés par une nouvelle
équipe commerciale unifiée.
Pourtant, Jim Milton reconnait que l'inquiétude
a prévalu chez les clients. C'est même selon lui la raison
principale qui explique les mauvais résultats du groupe sur
le deuxième trimestre. Milton promet pourtant que la tendance
s'est inversée au cours des mois suivants, et que les nouveaux
clients compensent désormais la perte de certains comptes.
Doit-on en conclure, comme le dit Milton, que chez HP 1 + 1 = 2 ?
Réponse ces jours-ci, avec les premiers résultats du
groupe. [Nicolas Six, JDNet]