Le syndrome Enron a encore frappé :
Peregrine est incapable de produire les audits financiers réalisés
par le cabinet Andersen entre 2000 et 2002. Un fort soupçon
de manipulations comptables plane en effet sur ces documents. Peregrine
a donc décidé de ré-auditer les comptes de cette
période, et d'anticiper le pire : l'éditeur s'est
placé sous la protection du chapitre 11, ce qui lui permet
de geler ses dettes tout en poursuivant son activité. Les filiales
internationales de la firme américaine ne sont pas concernées
par cette mesure.
Procès
en cours
Les propos tenus par le PDG de Peregrine dans son communiqué
de presse sont sans ambiguité : "[le chapitre 11]
nous donne les moyens et le temps de de résoudre nos problèmes
financiers et légaux, tout en maintenant une activité
normale".
Dans le même temps, l'éditeur
compte bien attaquer ceux qu'il désigne comme les coupables :
trois des filiales du groupe Andersen, ainsi que leur partenaire
pour l'audit - Daniel Stulac. Les quatre entités se
seraient rendues coupables de négligences, de fraude et de
dissimulation d'informations. Peregrine réclame 250 millions
de dollars contre chacune de ces parties.
Cession spectaculaire
Peregrine fait donc banqueroute, mais le géant de l'ISTM
(la gestion des ressources informatiques) prépare activement
sa renaissance. L'éditeur va se séparer d'un actif
très stratégique - la gamme de produits Remedy,
du nom de l'entreprise que Peregrine avait racheté en Juin
2001. Tous les produits de Remedy iront droit dans l'escarcelle
de BMC, un autre géant du marché de l'ISTM qui juge
les produits Remedy complémentaires aux siens. A condition
toutefois que la transaction soit acceptée par le tribunal
du Delaware - bien connnu pour sa "complaisance"
envers les sociétés qui font banqueroute.
La rentrée d'argent frais devrait être
appréciable pour Peregrine : la transaction se monte à
350 millions de dollars. De quoi convaincre les banques de patienter
quelques mois, et garder une certaine marge de manoeuvre opérationnelle.
[Nicolas Six, JDNet]