Le Data, c'est le nouveau
cheval de bataille de Bouygues Telecom Entreprises ?
Serge Goldstein-Desroches.
Nous y croyons beaucoup : c'est un service dont les entreprises ne
sauront bientôt plus se passer. Il suffit de voir les employés
de Microsoft accéder à leur messagerie depuis n'importe
quel endroit, ou encore les commerciaux de Fairbell passer commande directement
depuis les boutiques de leurs clients pour s'en convaincre. Le Data a
de l'avenir, et - si l'on en croit une étude d'IBM -
il permet aux entreprises d'économiser beaucoup d'argent. Alors
oui : il prend beaucoup d'importance à nos yeux.
Les débuts commerciaux du GPRS sont-ils à la hauteur de
ce que vous espériez ?
Pas tout à
fait : nous avons pour l'instant 3000 clients, auxquels il convient
d'ajouter 1000 projets pilotes. Tout comme nos concurrents, nous sommes
en dessous de nos objectifs. Mais l'intérêt des enteprises
est bel et bien au rendez-vous, et nous sommes convaincus que leur attirance
pour le Data va rapidement se concrétiser.
Le
Data, c'est quelle part de votre CA ?
Chez Bouygues
Telecom Entreprises, l'activité données - hors SMS
envoyés en masse - représente moins de 0,5 % de
notre chiffre d'affaires. Ce n'est pas étonnant : le Data
est un marché naissant.
Le
Wap et le GSM Data existent tout de même depuis bien longtemps ...
C'est vrai. Mais
Bouygues Telecom n'y a jamais vraiment cru. Lorsque Orange et SFR ont
lancé le WAP, nous avons suivi le mouvement, sans grande conviction :
comment imposer un modèle basé sur des débits anémiques,
des terminaux noir et blanc si peu ergonomiques, et un modèle économique
qui n'était pas rentable pour les fournisseurs de contenus ?
Nous n'y croyions pas. Avec l'arrivée des terminaux couleurs, des
débits raisonnables que fournit le GRPS, et de la facturation au
volume - très avantageuse pour le client -, les conditions
sont enfin réunies pour séduire les entreprises. L'i-mode
apporte la dernière pierre, en permettant à Bouygues Telecom
de sélectionner intelligemment les contenus proposés aux
clients, et de rémunérer correctement les éditeurs.
L'i-mode
va-t-il redistribuer les cartes du Data ?
Par rapport au
WAP, l'i-mode dipose de très sérieux atouts. Le coût
des terminaux d'abord, puisqu'un téléphone i-mode couleur
est vendu au prix d'un appareil classique. Mais le plus important concerne
directement les développeurs : le langage de programmation
de l'i-mode - le cHTML - est incomparablement plus simple que
celui du WAP. On arrive à un résultat en quelques jours,
à partir du SDK que nous fournissons gratuitement. L'i-mode devrait
donc évincer le WAP sur son petit terrain de jeu - c'est à
dire les applications mobiles de taille modeste. Pour les applications
plus lourdes, l'i-mode sera cependant rapidement dépassé.
Qu'est-ce
qui manque à l'i-mode pour s'imposer sur les applications mobiles
complexes ?
Il faut remettre les terminaux i-mode à leur place : ils ne
sont pas assez ergonomiques pour un usage intensif et sophistiqué.
Ils ne comportent pas non plus de système de saisie crédible,
ce qui les cantonne pour l'essentiel à une activité de consultation -
et non d'envoi d'informations. Pour un usage intensif - et lorsque
l'on souhaite envoyer et recevoir des données -, mieux vaut
s'équiper d'un PDA sous Pocket PC, voire d'un PC équipé
d'une carte GRPS. Nous lançons d'ailleurs à l'occasion de
Networld Interop un PDA communiquant équipé d'un OS Microsoft,
et complètement paramétré pour un usage en entreprise.
Revenons
donc au GPRS : comment expliquez-vous "l'ovni" qui figure
dans la grille tarifaire des trois opérateurs - à savoir
le forfait 10 Mo pour 5 € ?
C'est indépendant
de notre volonté : lorsqu'un concurrent casse les prix, nous
devons suivre. Mais ce tarif n'est pas réaliste : il faut
plutôt se fier aux prix affichés pour les autres forfaits
pour avoir une idée plus juste de ce que le GPRS Data coûte
vraiment. Pour l'instant, l'offre 10 Mo pour 5 € est maintenue
jusqu'à la fin de l'année. Mais il est fort possible qu'elle
soit abandonnée dés 2003, si nos concurrents reviennent
à des tarifs plus raisonnables.
Parlons de vos concurrents :
comment vous positionnez-vous face à SFR et Orange ?
Nous nous posons clairement comme une alternative. Arrivés
bien après les autres sur le marché de l'enteprise, nous
avons réussi à capter 15 à 20 % du nombre d'abonnés.
Notre principal arguement de vente est le suivant : nous faisons
toujours en sorte d'être les moins chers. Et nous sommes bien déterminés
à être une référence incontournable pour le
Data.
En matière de
roaming GPRS, Bouygues a-t-il rattrapé son retard par rapport à
SFR, qui assure la continuité de service avec plusieurs pays limitrophes ?
Nous proposons - ou nous allons proposer d'ici peu -
une offre de roaming avec la Grande Bretagne, l'Allemagne et l'Italie.
Les autres pays limitrophes suivront bientôt.