Internet fête en quelque sorte ses 20
ans en 2003 ! C'est en effet le premier janvier 1983 qu'entre pour
la première fois en service sur grande échelle le fameux protocole
Transmission Control Protocol/Internet Protocol (TCP/IP). Objectif
de ces technologies : garantir la transmission de données via
un réseau ouvert d'une part, prendre en charge l'adressage des terminaux
qui y sont connectés d'autre part.
Véritable socle de l'infrastructure de la toile actuelle, ce couple
de standards est devenu au fil des années la couche de référence
de la plupart des protocoles de haut niveau de l'Internet moderne :
HTTP (HyperText Transfer Protocol) pour le Web, SMTP (Simple Mail Transfer
Protocol) pour la messagerie et FTP (File Transfer Protocol) sur le terrain
du transfert de fichiers. Et ceci sans compter la possibilité popularisée
bien des années plus tard de supporter les échanges en mode
peer-to-peer.
NCP: l'ancêtre de
TCP/IP
La mise sur pied du réseau
TCP/IP ne s'est pas faite en un jour. En fait, les principaux noeuds sur
lesquels il s'appuie remontent à près de quinze ans en arrière.
C'est en effet à partir de 1969, l'année des premiers pas
de l'homme sur la lune, que le département de la défense
américain lance ARPANET : un réseau fédéral
baptisé ainsi en référence au nom de l'agence en
charge de son développement (ARPA pour l'Advanced Research Projects
Agency). A l'heure de la guerre froide, ce projet affiche pour premier
objectif de déployer un système de communication supposé
résister à une attaque nucléaire...
A
l'origine, ARPANET s'adosse au NCP (Network Control Program). Même
s'il s'agit d'une solution réseau de nouvelle génération,
exploitant notamment la transmission par paquets, ce protocole présente
néanmoins un défaut de taille, qui très vite va sauter
aux yeux des utilisateurs. Se cantonnant à l'exploitation d'une
infrastructure unique, il ne supporte par conséquent qu'un total
d'adresses serveur assez limité...
TCP/IP
donne naissance à une galaxie de réseaux
C'est justement pour combler ce
manque que TCP/IP est conçu dans la foulée. A la différence
de son prédécesseur, il permet de connecter par le biais
de routeurs plusieurs réseaux de communication entre-eux, multipliant
par là même les capacités d'adressage du dispositif
initial tout en ouvrant son infrastructure à d'autres couches basses
(satellite, système téléphonique, etc.). "De
là sont nés les termes d'internet pour signifier un ensemble de réseaux
interconnectés utilisant TCP/IP et d'Internet pour signifier l'ensemble
complet de tous ces internets", détaille sur ce point Bertrand
Ibrahim, professeur d'informatique à l'université de Genève.
Début 1983, ARPANET bascule donc sous TCP/IP, et est décomposé
en deux sous-réseaux : MILNET (Military Network) qui est utilisé
ensuite par l'armée américaine en vue d'échanger
des informations classées confidentielles, et l'Internet en tant
que tel : un réseau qui commencera par associer les grandes
universités à travers le monde avant de s'ouvrir au monde
l'entreprise et au grand public au début des années 1990.
De
TCP/IP à IPv6
Quel est le bilan de TCP/IP aujourd'hui ? Vingt ans après
son apparition, cette couche commence à montrer ses premiers signes
de faiblesse. Principale raison invoquée : un univers Web
qui ne cesse de s'étendre, tant en nombre de pages que de serveurs
et de réseaux adressés (qu'ils soient fixes ou mobiles).
De l'avis de la plupart des experts, la capacité d'adressage du
système TCP/IP, soit 4 milliards de possibilités, ne pourra
faire face encore très longtemps à un tel niveau de croissance.
Partant de ce constat, le secteur des télécommunications
s'est lancé il y a quelques années sous l'égide de
l'IETF (Internet Engineering Task Force) dans la mise au point d'une nouvelle
version d'IP (IPv6) visant à autoriser la gestion d'un plus grand
nombre d'adresses hôtes - grâce notamment à un champ qui passe de quatre
à seize séries de chiffres. Au vue de l'ampleur de cette initiative, la
migration vers cette nouvelle solution devrait nécessiter plusieurs
années. Il semble néanmoins que le mouvement soit déjà
en marche. Pour preuve : la disponibilité depuis quelques
mois des premiers routeurs compatibles IPv6 (voir l'article).
[Antoine Crochet-Damais, JDNet]