Une page des web-agencies se tourne : agence
star des premières années du Web business B2L voit partir
d'un coup ses deux dirigeants, Godefroy Jordan et Nathalie Boy de la Tour.
Née en 1999 après le rachat de Alpaga, l'agence interactive
fondée par Godefroy Jordan, par le groupe BBDO et la fusion avec
BLL, le pôle multimédia créé par créé par Loïc Le Meur,
B2L compte parmi ses clients de grands comptes tels que Peugeot, Orange,
Bouygues Telecom, Cegetel, La Poste ou encore la RATP. Motif
de la crise : la réorganisation voulue par le grroupe BBDO qui
souhaite fédérer ses activités interactives et les
rapprocher de la maison-mère. Explications avec Jacques Bouey,
président de Proximity BBDO France qui prend les rênes de
la nouvelle entité, B2L Proximity.
Quelles
sont les motivations de cette restructuration ?
Jacques Bouey. Nous
voulons adjoindre à l'agence B2L existante d'autres entités
interactives du groupe : Tecin, le pôle technologique de BBDO,
et la branche e-marketing de Proximity BBDO. En fait, nous sommes en train
d'opérer un recentrage de nos forces interactives qui étaient
jusqu'à présent assez éclatées puisque la
stratégie et la cartographie interactives de BBDO dataient d'il
y a trois ans. Par ailleurs, et de façon simultanée, nous
rapprochons ce nouvel ensemble du coeur du groupe. Jusqu'à présent,
plus de neuf clients sur dix de B2L n'étaient pas partagés
avec le reste du groupe. Il n'y avait pas de synergies.
Le nouvel ensemble
va se rapprocher de Proximity BBDO et s'appelera B2L Proximity. L'idée
est de positionner l'entité ainsi formée autour d'une offre
complète (web design, technologie et e-marketing) et de recentrer
progressivement ce pôle interactif sur le coeur de métier
de BBDO, c'est-à-dire le marketing et la communication. Cela va
dans sens de la demande de nos clients : ils ne cherchent plus à
créer un site ou une campagne de manière isolée mais
veulent savoir comme utiliser ce média Internet de façon
complémentaire avec les autres médias et dans le but de
servir des objectifs marketing très précis (vente, prélancement,
recrutement client, etc.). Cette nouvelle stratégie interactive
des clients s'intègre aussi dans un plan de communication plus
large, d'où la nécessité de réintégrer
l'interactif à l'intérieur de la maison BBDO.
Cette
restructuration entraîne des bouleversements au niveau des équipes...
Il est encore trop
tôt pour savoir si nous allons conserver l'ensemble des équipes.
Nous n'avons pas encore de vision précise mais la restructuration
sera effective d'ici la fin du mois. En ce qui concerne les anciens fondateurs
[NDLR: Godefroy Jordan et Nathalie Boy de la Tour], c'est sur l'idée
d'un rapprochement avec le groupe qu'il y a eu des dissensions. Jusqu'à
présent, B2L était une entité qui vivait de façon
autonome et BBDO a décidé de faire jouer les synergies.
C'est là que nos points de vue ont divergé avec l'équipe
dirigeante de B2L. Godefroy Jordan et Nathalie Boy de la Tour ont quitté
la société depuis la semaine dernière. Je prends
la présidence de la nouvelle entité créée
et c'est Nam Nguyen, auparavant directeur général de Harrison & Wolf Interactive
qui prendra la direction générale de B2L Proximity.
Peut-on
tirer un bilan de l'activité B2L en 2002 et de vos objectifs en
2003 pour la nouvelle entité ?
Sur l'année
2002, B2L a globalement atteint ses objectifs. La société
a réalisé 5 millions d'euros de marge brute avec un résultat
net à l'équilibre. Pour 2003, il est un peu tôt pour
se fixer des objectifs de volume et de marge brute, mais ce qui est clair,
c'est que nous nous plaçons dans la continuité avec toujours
la même volonté de croître. Avec B2L et les autres
entités interactives, nous avons la chance d'avoir une bonne base
de clients stables, ce qui est assez exceptionnel dans ce métier.
Le nouvel ensemble peut quasiment vivre sans new business et nous espérons
que les clients de chaque entité vont pouvoir bénéficier
de cette offre élargie.
Plus largement, nous sommes confiants sur l'avenir de l'interactif et
cette réorganisation en est la preuve. Nous avons aussi la conviction
profonde que l'agence B2L doit se gérer comme toutes les autres
agences du groupe BBDO. Ce n'est pas parce qu'elle a à gérer
de la production qu'elle doit rester en marge. Enfin, elle doit être
profitable comme toutes les autres agences du groupe. Il n'y a pas de
fatalité du fait qu'elle travaille dans l'Internet.
[Florence Santrot, JDNet]