Vendredi 17 mars 2000
Pas de délire boursier pour Liberty Surf
Le cours de l'action du fournisseur d'accés a terminé en hausse de 29,63% lors de son premier jour de cotation dans un climat de nervosité pour les valeurs internet.
L'introduction du fournisseur d'accès Liberty Surf
hier au Réglement mensuel de la Bourse de Paris s'apparente
à l'histoire de la bouteille à moitié
à pleine ou à moitié vide. On peut en
effet considérer soit que l'introduction est un succès
puisque l'action a clôturé à 53,15 euros
(+29,63% par rapport au prix d'introduction) avec près de
642.000 particuliers demandeurs de titre, un record au RM
hors privatisations. A contrario on peut aussi estimer que
le succès n'a pas vraiment été fracassant
contrairement à ce que les échos sur le marché
gris laissaient entendre. Lors de son introduction d'autres
entreprises internet comme Multimania et NetValue avaient
affiché des hausses de 200%.
La capitalisation
du groupe Liberty Surf atteint donc 25 milliards de francs
soit une valorisation de l'abonné actif à près
de 6.000 euros (sur une base de 400.000 actifs) , largement
moins que le fournisseur d'accès gratuit italien Tiscali (10.000
euros) et l'Espagnol Terra Networks qui a coté un abonné
à près de 18.000 euros lors de son introduction.
Mais en une semaine la donne a changé et les deux corrections
consécutives (-5,11% hier sur le Nouveau marché)
intervenues sur les marchés technologiques ont sans
doute calmé un peu les ardeurs de ceux qui imaginaient
que la croissance boursière des valeurs internet n'avait
pas de limite. Multimania par exemple a perdu 9,74% hier,
Integra 11%. La veille NetValue avait perdu plus de 15%. Liberty
Surf a fait pour partie les frais de cette nouvelle conjoncture.
De plus une autre menace a vu le jour pour le FAI depuis l'annonce
de son introduction.
Si les différents acteurs de l'internet évoluaient
jusqu'alors dans une certaine harmonie pour attirer un maximum
de monde sur le Web, le climat est en train de changer. "Maintenant
que les clients sont dans le bar-internet, ils doivent choisir
entre les boissons offertes", explique un analyste. En
clair, les couteaux sont sortis entre les fournisseurs d'accès.
Le plus acéré cette semaine fut celui de Stephane
Treppoz, le PDG d'AOL France: "Le nombre des inscrits à un
fournisseur d'accès gratuit ne peut en aucun cas être comparé
à celui des abonnés à un service payant. Les publicités actuelles
de certains de nos concurrents mettant en avant le nombre
d'inscrits à leurs services sont donc trompeuses et de nature
à induire en erreur". Liberty Surf et ses "800.000"
abonnés ont dû apprécier.
L'autre menace est venue d'Outre-manche, la semaine dernière,
après la décision d'AltaVista et d'autres fournisseurs
d'accès de fournir un accés illimité
à internet via un forfait comprenant les coûts
téléphoniques et l'abonnement. Le jour de cette
annonce, Freeserve qui a le même modèle que Liberty
Surf, avait plongé à la Bourse de Londres. Or
beaucoup pensent logiquement que le modèle devrait
rapidement s'installer en France. World Online propose déjà
une offre de ce type sur des créneaux horaires limités.
Mais pour d'autres analystes ces menaces n'en sont pas puisque
Liberty Surf dispose de solides atouts dans son jeu. Et notamment
la présence dans son capital de Kingfisher et Europ@web.
L'un amenant son réseau de distribution du produit
et l'autre sa constellation de sociétés de contenu.
Ce dernier élément permettant évidemment
de fidéliser l'audience et de générer
ainsi de larges revenus issus de la publicité et du
e-commerce.
Reste donc maintenant à attendre comment le marché
réagira aux introductions de World Online à la bourse
d'Amsterdam, T-Online en Allemagne et éventuellement
de Wanadoo pour avoir une idée plus précise
de ce que vaut le FAI Liberty Surf sur le marché européen.
[Jérôme Batteau,
JDNet]
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