Actualité / Le Net

Vendredi 31 mars 2000

Witbe veut devenir l'observatoire de la qualité de connexion sur le Net L'ex-PDG d'Oléane a conçu un intrument de mesure de qualité du réseau Internet, qui permet d'alerter les professionnels en cas de baisse de performance.

Jean-Michel Planche, fondateur historique d'Oléane qu'il a quitté en septembre 99, réapparaît avec un nouveau projet innovant : Witbe. Ce service en ligne propose de mesurer le niveau de qualité de service et de trafic sur le réseau Internet, alerter en temps réel les responsables réseaux et webmasters et de les accompagner dans la gestion des incidents sur le Net. Un champ d'investigation vaste avec encore peu de prétendants sur le marché. "Witbe va pouvoir par exemple indiquer aux Galeries Lafayette la qualité de connexion à son site pour les internautes situés à Londres, New York ou Tokyo par exemple", indique Jean-Michel Planche.
Le PDG de la société éponyme assure que tous les protocoles liés à Internet (HTTP, SMTP, DNS, etc.) vont passer en supervision sous Witbe. "Notre force, c'est que non seulement nous surveillons le réseau pour le compte de nos clients mais en plus, nous les avertissons en quasi-temps réel en cas de difficultés", explique Jean-Michel Planche. Witbe veut s'adresser aux plus larges panels de professionnels intéressés par la qualité de connexion sur le "réseau des réseaux": des webmasters amateurs aux responsables réseaux des grands comptes. Un service de base sera mis à la disposition du grand public gratuitement. Celui-ci pourra trouver sur le site witbe.net, dont l'ouverture grand public est prévue le 20 avril et la partie "reporting" une semaine plus tard, des informations autour de la qualité de connexion Internet. Un sujet qui finalement concerne tous les internautes.
"Un amateur qui dispose d'une page perso sur un site de communauté virtuelle pourra par exemple savoir les difficultés que rencontrent les visiteurs à se connecter à son adresse", indique Jean-Michel Planche.
Le service risque également de faire du bruit au niveau des fournisseurs d'accès, où la qualité de leurs différents points d'accès pourra être mesurée. "A partir d'un robot, Witbe peut très bien simuler le fonctionnement et le comportement d'un internaute dans un réseau et ce, sans recourir à une quelconque intrusion dans un système", explique Jean-Michel Planche. Autre application potentielle avancée par le manager : "Nous pourrons indiquer par exemple quel type d'accès il faut privilégier sur la région marseillaise : RTC, ADSL, câble, etc.".
On peut s'en douter : le projet Witbe a nécessité un effort important tant en terme de technique qu'en termes financiers. Tous les outils de monitorings/screening ont été développés en interne. Pour le premier point, Witbe dispose d'une galaxie de serveurs dans les endroits stratégiques d'Internet (Côte Est-Ouest des Etats-Unis, Londres, Amsterdam, Paris, Francfort, etc.). Pour le deuxième aspect, Jean-Michel Planche indique avoir déjà investi 25 millions de francs. C'est peu par rapport à ce que prévoit le PDG dans les trois ans à venir: 229 millions de francs. "Il est clair que nous ne visons pas la rentabilité avant trois à quatre ans", explique
Jean-Michel Planche.
Pour financer les débuts de Witbe, Jean-Michel Planche a créé Tancred, une société financière de gestion de participations. Celle-ci a pour objet de développer des concepts Internet originaux et d'aider à leur concrétisation. "Nous nous trouvons dans une position d'entreprise qui souhaite réaliser son deuxième tour de table avant une introduction en Bourse", indique Jean-Michel Planche. L'équipe de Witbe comprend 18 personnes actuellement. Très rapidement, ses ambitions vont passer la frontière. Le chiffre d'affaires escompté pour le premier exercice est de 2 millions de francs. L'année suivante, les responsables de Witbe tablent sur 40 millions de francs.
Witbe arrive sur un créneau encore peu pris. "Nous avons plutôt affaires à des concurrents qui ne proposent qu'une partie des services. Aux Etats-Unis, nous avons des systèmes de surveillance du réseau mais pas de moyens d'alertes. De même, nous allons nous trouver en face de sociétés qui développent des software de supervision ou qui développent des outils de mesure d'audience", commente Jean-Michel Planche.
Avec cet outil de monitoring, les tentatives de "hacking" devraient être repérées plus facilement. "Si Yahoo avait adopté Witbe, lors de la grande attaque survenue au début de l'année, ses responsables auraient réagi plus vite, étant donné que l'outil prend simultanément en compte la performance et l'audience du site. Le décalage entre les deux paramètres aurait été découvert plus tôt", explique Jean-Michel Planche. [Philippe Guerrier, JDNet]