Jeudi 6 avril 2000
Quand
une start-up confond communication et tromperie...
Pour certains marchands du Web, peu importe que l'on parle de vous en bien ou en mal, l'essentiel est que l'on parle de vous, mais toutdesuite.com semble avoir franchi les limites du raisonnable.
Le besoin
de communiquer pour une jeune entreprise de l'Internet est
une nécessité absolue et les nouveaux arrivants
sur le marché semblent l'avoir compris. La constitution
de base de données est pour cela un outil souvent nécessaire.
Néanmoins la volonté de communiquer ne peut
pas justifier n'importe quoi...
Il était une fois une jeune start-up baptisée
toutdesuite.com
qui rêvait de se faire un nom sur le marché bien
encombré de la vente en ligne de matériel informatique,
vêtements, téléphones portables, bref
un peu tout et n'importe quoi. Conscients de devoir frapper
fort pour s'imposer nos sympathiques entreprenautes ont eu
l'idée d'inonder de nombreuses boîtes mails d'offres
extraordinaires parmi lesquelles: un téléphone
portable Nokia 9110 à 239 francs livré par coursier
... en 10 minutes! Une de nos lectrices, Carine Barbelivien,
internaute chevronnée et femme de communication croyant
sincèrement dans un coup de pub génial pour
une start-up ambitieuse remplit le bon de commande et attend
le fameux coursier. Celui-ci ne vint jamais... Elle décroche
alors son téléphone et interroge les fondateurs
du site. Ces derniers lui répondent qu'il s'agit d'un
simple canular!
Seulement voilà, celui-ci pourrait être drôle
parce que réussi s'il ne permettait pas au passage
à nos chers entrepreneurs de se constituer une base
de données exacte et précise comportant les
coordonnées des "clients". Les responsables
de toutdesuite.com aggravent leur cas en demandant dans le
bon de commande 3 adresses mails d'amis de l'acheteur afin
de leur permettre de bénéficier de ces offres
"bidons". Et le bon de commande laisse croire jusqu'à
la fin qu'il s'agit d'une commande véritable (y compris
la nécessité d'acceptation des conditions générales
de ventes par ailleurs introuvables).
Du côté de la Direction
générale de la concurrence, de la consommation
et de la répression des fraudes (DGCCRF), on nous indique
qu'il s'agit à priori d'une démarche illicite
au regard du droit de la consommation. Il est vraisemblable
que les pages du site concernées auront disparu avant
que puisse être diligentée une éventuelle
enquête de la DGCCRF mais le mal est fait. Nous avons
évidemment contacté les responsables du site
mais visiblement dépassés par l'ampleur de leur
bévue ils nous ont indiqué, embarrassés,
qu'ils ne souhaitaient pas communiquer sur leur initiative.
Au delà de son caractère
anecdotique cette regrettable opération de "communication"
risque de contribuer à discréditer le e-commerce.
En outre la constitution de bases de données (bien
que les intéressés s'en défendent) via
des initiatives aussi contestables renforce l'idée
d'une insécurité du réseau sur lequel
s'échangerait un grand nombre de données personnelles
à l'insu des internautes.
En guise d'épilogue précisons
que notre lectrice Carine Barbelivien a depuis reçu
un message d'excuses d'un des responsables du site qui lui
promettait "un cadeau (et un vrai !) pour se faire pardonner...
cette petite supercherie".
[Fabien
Claire, JDNet]
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