Samedi 15 - Lundi 17 avril 2000
Un
grand site marchand sur deux n'est pas déclaré
à la CNIL
L'organisme en charge de "l'informatique et des libertés" semble convaincu de la bonne foi des e-marchands, qui exploitent des données personnelles. Mais des efforts sur des points primordiaux restent à faire.
La
Commission nationale de l'information et des libertés
(CNIL) vient
de procéder à l'évaluation de cent sites
français de commerce électronique. Celle-ci
dresse dans l'ensemble un satisfecit pour le développement
du e-commerce en France malgré de sérieux "points
noirs". "Pour la méthodologie, la liste des
sites étudiés a été arrêtée
en prenant notamment compte de l'importance de l'affluence
en terme de trafic, de la notoriété et de la
marque. Le panel est très large et touche les grands
secteurs d'activité que l'on retrouve généralement
sur Internet", indique Cécile Alvergnat, membre
de la commission "Commerce électronique"
au sein de l'organisme.
Une large partie du bilan est considérée comme
positif : 96% des sites marchands étudiés sécurisent
la transmission des coordonnées bancaires et 70% donnent
des informations complémentaires sur le dispositif.
97% des sites, qui ont la volonté de céder les
informations à des tiers, informent les internautes
de leur droit de s'y opposer. Un bon score qui ne cache pas
le manque de réactivité des sites pour correspondre
avec les internautes sur ce point, comme semble le démontrer
le test effectué par Libération
dans son édition de vendredi. Dernier bon score : 69%
des sites comportent une information spécifique sur
la loi "Informatique et liberté".
L'autre partie du
bilan est beaucoup plus préoccupante : 40% de sites
n'indiquent pas l'adresse physique du responsable du site
et 55% des sites étudiés n'ont pas été
déclarés à la CNIL, ce qui peut paraître
un fossé compte tenu du développement actuel
de l'e-commerce. L'organisme a ainsi voulu signifier aux sites
qu'ils étaient dans l'illégalité s'ils
ne remplissaient pas ses conditions et donc qu'ils étaient
passibles d'amende. "Nous voulons privilégier
la pédagogie. Nous allons envoyer des courriers aux
responsables des sites pour les informer des manquements observés.
Mais nous ne voulons pas pointer du doigt les sites de manière
nominative. Ce n'est pas le rôle de la CNIL", explique
Cécile Alvergnat.
Dernier élément sur lequel la CNIL s'est penchée
: le manque d'informations autour de l'utilisation des cookies.
81% des sites ne donnent aucun élément sur l'usage
qui peut en être fait. "Au niveau des cookies,
la loi ne prévoit rien si ce n'est que cet aspect est
inscrit plus globalement dans le droit d'information des personnes.
Toutefois, l'affaire DoubleClick aux Etats-Unis prouve que
les cyberconsommateurs et leurs association de défense
y portent un grand intérêt", commente Cécile
Alvergnat. La CNIL a toutefois retenu une dizaine de sites
"exemplaires" en matière de données
personnelles, dont la CAMIF, les Galeries Lafayette, Conforama,
Aquarelle, Fnac, Divendo, Promovacances, etc.
Les résultats
de cette étude ont été présentés
à la conférence européenne des commissaires
à la protection des données réunie le
6 et 7 avril dernier à Stockholm. Ils seront à
la disposition du "Groupe 29" (une sorte de "super
CNIL" qui gravite autour de la Commission européenne)
pour promouvoir un label européen autour des données
personnelles sur Internet. Ces travaux serviront également
à élargir le champs d'investigation, sur le
sites dédiés aux mineurs notamment. [Philippe
Guerrier, JDNet]
Au sommaire de l'actualité
|
|