Vendredi
19 mai 2000
Boo.com
: une ombre au tableau de chasse d'Europ@web
A quelques semaines de l'entrée en Bourse de la holding de Bernard Arnault, l'échec du marchand, dont il était actionnaire, peut faire douter de la "vista" internet du patron de LVMH.
"Oui,
on a perdu quelques dizaines de millions de francs [NDLR : entre
12 et 15 millions de dollars, selon nos sources], mais qu'est
ce que c'est si on regarde toutes les plus-values latentes de
Bernard Arnault dans l'Internet". En apparence, la faillite
de Boo.com, dont Europ@web, structure d'investissement dans
l'Internet du patron de LVMH, était actionnaire, n'a
pas trop affecté le porte-parole du groupe, chargé
de jouer les pompiers de service auprès de la presse.
Il est vrai que si l'on compare ces quelques millions de dollars
à la plus-value potentielle sur Liberty Surf, autre participation
d'Europ@web, estimée aujourd'hui à 1,5 milliard
d'euros pour une mise initiale de 50 millions d'euros, on s'aperçoit
effectivement que la perte est minime.
Si la bonne santé financière du groupe est donc
préservée il n'en reste pas moins que cette faillite
fait un peu désordre pour Bernard Arnault. L'arrivée
en Bourse d'Europ@web est en effet imminente (elle devrait intervenir
en juin) et l'impact psychologique de cet échec pourrait
être notable. Raison pour laquelle le porte-parole d'un
groupe d'habitude peu disert est monté au créneau
pour répéter à l'envi que "Boo.com
est le contre-exemple de ce que nous avons voulu faire avec
Europ@web".
Et de détailler ses arguments. "Tout d'abord la
prise de participation ne s'est pas faite via Europ@web mais
été nichée dans une autre holding"
se justifie-t-il. "Ensuite, nous avions une participation
minoritaire, ce qui est rarement le cas avec Europ@web. Enfin,
nous n'avons jamais été impliqués dans
la stratégie de la société".
Quant aux raisons de l'échec de Boo.com, elles sont limpides,
toujours selon lui: "C'est ce que nous appelons l'effet
ciseau. Des investissements gigantesques, pour un modèle
pas forcément idiot mais qui ne délivrait rien..
Mais alors là question est de savoir pourquoi le financier
avisé qu'est Bernard Arnault n'est pas sorti plus tôt
de ce qui se dessinait comme un échec ? Même si
évidemment les rumeurs insistantes qui filtraient dans
la presse depuis cinq mois au sujet de la santé financière
de Boo.com refermairent une à une toutes les portes de
sorties du boss de LVMH.
Toujours est-t-il, comme le soulignait un analyste du secteur,
que "si faillite il devait y avoir, il valait finalement
mieux qu'elle tombe avant l'entrée en Bourse d'Europ@web.
A posteriori, les conséquences auraient pu être
beaucoup plus graves". [Jérôme
Batteau, JDNet]
Au sommaire de l'actualité
|
|