JDNet.
Vous
notez dans votre ouvrage que l'élément marquant dans
le monde du capital risque est l'arrivée des industriels.
Quelles en sont les conséquences ?
Monder
Cherif. Elle a un côté positif puisqu'elle enrichit
l'offre de capitaux. La concurrence avec les acteurs
traditionnels du capital risque est donc énorme et elle
permet d'accélérer la profesionalisation du milieu.
Car contrairement à ce que certains pourraient penser,
les méthodes d'analyses de ces groupes sont exactement
les mêmes que celles des fonds de capital risque. Je
veux dire par là que l'évaluation ou le risque de l'investissement
dans la start-up ne sont pas pondérés par les gains
potentiels ou les synergies que l'investissement pourrait
engendrer pour le groupe. Tout le monde cherche donc
avant tout à maximiser le taux de rendement interne
de l'investissement.
En revanche, les start-up qui lèvent des fonds auprès
de ces nouveaux acteurs ont intérêt à prendre des précautions.
D'abord parce qu'elles ne sont pas à l'abri à terme
d'un revirement de tendance interne notamment en cas
de changement de stratégie du groupe. A cet égard, j'ai
l'impression que certaines start-up, obnubilées par
leur levée de fonds, négligent le pacte d'actionnaire.
Il existe par exemple une clause dangereuse pour les
dirigeants qui se répand dans la start-up et qui s'appelle
" le buy and sell . En gros, au delà d'un certain délai
convenu à l'avance, l'entrepreneur majoritaire doit,
s'il ne rachète pas les parts de son partenaire financier,
lui vendre ses propres titres à des conditions prédéterminées.
En signant cette clause, l'entrepreneur peut donc se
retrouver face à un dilemme : soit perdre le contrôle
de sa société, soit devoir organiser le rachat de son
affaire.
Les
corrections successives sur les marchés vont-elles altérer
l'essor du capital risque ?
Non
pas vraiment, car l'offre de capitaux reste abondante,
d'autant que beaucoup de fonds ont levé des sommes colossales
juste avant cette période. Je pense même que ce krach
est intervenu suffisamment tôt pour éviter une dérive
irréversible. De plus, j'estime qu'il a aussi permis
de montrer que les sociétés internet n'ont pas un comportement
différent de celui des sociétés traditionnelles. C'est
donc très salutaire pour l'ensemble de l'économie.
Vous
soulignez l'importance de la création du Nouveau marché
(NM) en 1996 pour expliquer le succès du capital risque
. On assiste à l'heure actuelle à un grand nombre d'introductions.
Le NM ne va t-il pas être victime de son succès ?
Certainement. Dans quelques mois, il ne suffira plus
à satisfaire les investisseurs, les créateurs et les
actionnaires. Sa taille sera rapidement trop petite.
Il faut donc impérativement arriver à l'Euro NM et étudier
les alliances possibles avec l'Easdaq. Une fusion des
trois serait d'ailleurs la meilleure des choses pour
continuer à alimenter cette nouvelle économie
Propos recueillis
par Jérôme
Batteau
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