L'annonce des offres au volume
de Wanadoo fin janvier a bousculé le marché
de l'offre d'accès Internet en France. Pourtant,
en matière de haut débit non illimité,
Telecom Italia avait déjà innové
quelques mois auparavant avec son offre au temps et baptisé
"Alice" (lire l'article
du JDN du 03/10/03). Wanadoo est allé un cran
plus loin avec une facturation au volume de gigaoctets
consommés et une offre permettant le téléchargement
de 5 Go par mois pour 29,9 euros (puis 3 euros le Go supplémentaire).
La filiale de France Telecom n'a pas encore communiqué
de chiffres sur les premiers jours de cette offre, son
PDG, Olivier Sichel, se contentant d'évoquer un
accueil favorable. Mais cette nouvelle tendance n'est
pas l'apanage de la France : il s'agit d'un mouvement
de fond en Europe.
En
Allemagne, le leader T-Online propose depuis début
janvier de l'ADSL au temps ou au volume. Le FAI commercialise
une offre haut débit de 30 heures par mois pour
9,95 euros puis 1,59 cent l'heure supplémentaire,
sans limitation de volume. A côté de cela,
il propose également des offres au volume :
1.500 MB, soit 1,5 Go, pour 9,95 euros par mois ou 6.000
MB, soit 6 Go, pour 24,95 euros. En cas de dépassement,
le megabyte supplémentaire est facturé
1,59 cent. Des offres sans limitation de temps cette
fois-ci.
En Grande-Bretagne, si des
offres de ce type n'ont
pas encore été commercialisées,
cela ne saurait tarder. En effet, British Telecom a
indiqué dans un communiqué publié
fin janvier vouloir instaurer auprès des FAI
ne pratiquant pas le dégroupage un nouveau mode
de facturation d'utilisation de sa bande passante. Ces
nouvelles formes de facturation se feront au volume.
L'idée est de permettre
une plus grande flexibilité dans les offres d'accès :
une vitesse de 2Mbps mais un téléchargement
limité pour des internautes qui recherchent la
vitesse ou, au contraire, du moyen débit en illimité
à des tarifs concurrentiels pour des personnes
qui hésitaient à passer à l'ADSL.
Chaque fournisseur d'accès sera libre de moduler
ses offres selon la cible recherchée puis sera
facturée par British Telecom chaque mois, non
pas en fonction du nombre d'utilisateur, mais de l'utilisation
de la bande passante qui a été faite.
"Ces nouveaux types
d'offres permettent de baisser les prix des abonnements
pour atteindre de nouveaux abonnés qui ne veulent
pas payer trop cher et font d'Internet une consommation
relativement limitée, explique Roland Montagne,
expert haut débit au centre d'études Idate.
C'est aussi une manière pour les FAI de mieux
rentabiliser la bande passante, puisqu'avec ce système
de limitation, on peut vendre plus de bande passante
à plus d'abonnés."
Un autre atout de ces offres
aux volumes, aux yeux des fournisseurs d'accès,
est de lutter contre les "mauvais clients",
les 80/20, c'est-à-dire 20 % des clients
qui consomment 80 % de la bande passante en téléchargeant
généralement de la musique ou de la vidéo.
"La difficulté
est principalement de mettre la barre du volume au bon
niveau et de ne pas effrayer les gens, car un certain
nombre d'entre eux passent au haut débit pour
ne plus avoir à regarder leur montre, comme c'est
le cas en RTC. Dans le cas de Wanadoo et de ses 5 Go,
pour un petit téléchargeur, c'est confortable",
ajoute Roland Montagne.
Si ces offres ont une certaine
logique aujourd'hui alors qu'il existe encore peu de
services haut débit proposés aux internautes
français, elles pourraient avoir du mal à
perdurer lorsque des services à forte valeur
ajoutée deviendront populaires (téléchargement
de musique, streaming vidéo, etc.).
"Et encore, avec le système
de bande passante dynamique comme le pratique Free avec
son offre TV (le débit est segmenté entre
Internet et le flux TV), on peut imaginer les fournisseurs
d'accès conserver une facturation au volume et
ajouter des options payantes pour ces services à
valeur ajoutée", souligne Roland Montagne.
En attendant, en Asie et aux Etats-Unis, où de
nombreux services haut débit existent déjà,
il n'est nullement question de facturation au volume.
L'Europe pratique là une exception commerciale.
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