Vodafone n'aura pas eu le dernier
mot. Les enchères autour du numéro trois
américain de la téléphonie mobile,
AT&T Wireless, ont finalement désigné
Cingular, numéro deux US, vainqueur. Un vainqueur
qui devra quand même débourser 40,7 milliards
de dollars, soit 15 dollars par action, payables en monnaie
sonnante et trébuchante, pour s'emparer du capital
de AT&T Wireless. Après quatre jours d'enchères
intenses entre Vodafone et Cingular, le prix d'achat de
l'opérateur mobile est passé de 30 à
plus de 40 milliards.
Le
montant était tel que Vodafone, pour s'emparer
d'AT&T Wireless, aurait dû vendre sa participation
de 45 % dans l'opérateur de téléphonie
mobile américain Verizon Wireless. De plus, le
britannique craignait, pour un tel montant, de surévaluer
AT&T Wireless (le rachat pour 41 milliards de dollars
représente une prime de 30 % sur le cours de clôture
d'AT&T Wireless vendredi 13 février).
L'échec des transactions
entre Vodafone et AT&T Wireless a d'ailleurs été
salué par les actionnaires. L'action du britannique
a gagné près de 8 % à la Bourse
de Londres suite à cette annonce.
Cingular
pouvait difficilement ne pas surenchérir sur
Vodafone car c'était lui qui avait le plus à
perdre dans cette opération. Le britannique,
qui est devenu numéro mondial grâce à
des acquisitions en Asie et en Europe, compte 130,4
millions de clients à travers le monde.
Déjà présent
aux Etats-Unis via sa participation dans Verizon Wireless,
le rachat d'AT&T Wireless par Vodafone aurait relayé
Cingular au rang d'acteur de deuxième plan. A
contrario, l'acquisition d'AT&T Wireless par Cingular
donne un nouveau poids au groupe fusionné, dans
un marché américain relativement atomisé
puisqu'il compte pas moins de six acteurs majeurs.
Ce rachat va donc donner naissance
à un nouveau numéro un américain.
Le rapprochement entre Cingular, filiale de SBC Communications
et BellSouth, et AT&T Wireless fera en effet passer
la nouvelle entité (46 millions de clients) devant
Verizon Wireless (37,5 millions de clients).
Concernant
le détail de l'opération, qui doit logiquement
être réglée avant la fin de l'année,
Cingular a indiqué dans un communiqué
que SBC débourserait 25 milliards de dollars
et BellSouth, 16 milliards. Au montant du rachat, s'ajoutera
une reprise des dettes d'AT&T Wireless par Cingular,
des dettes qui s'élèvent à 6 milliards
de dollars. Au total, le coût d'acquisition de
l'opérateur mobile devrait donc atteindre les
46,7 milliards de dollars.
Dans le communiqué publié
par Cingular, ce dernier indique que le rachat devrait
avoir un effet dilutif sur les actions de SBC et BellSouth
sur les deux prochaines années mais table sur
un cash flow positif à partir de 2005. Cependant,
à compter de 2006, Cingular prévoit de
réaliser 1 milliard de dollars d'économies
grâce aux synergies d'activités et à
la suppression d'effectifs. En 2007, ce gain sera porté
à 2 milliards.
Reste cependant une inconnue
dans l'opération : AT&T Wireless est
détenu à hauteur de 16 % par le japonais
NTT DoCoMo. Celui-ci n'a pas encore indiqué s'il
était disposé à vendre sa participation.
Cette hypothèse est cependant la plus problable.
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