Samedi
6 - Lundi 8 novembre 1999
L'affaire "Matt Lambert", suite: où d'autres
régies se font piéger
Un autre pan des activité de "Matt Lambert"
(cf. notre article
du 2 novembre) vient d'être découvert. Cette
personne qui se présente comme un intermédiaire
de la société américaine Chrystal Canyon a contacté
des régies publicitaires en ligne autres que Avantage
Pub au Québec et Eurolive en France pour leur proposer
de diffuser des bannières douteuses, qui ne sont jamais
réglées au bout du compte.
Deux des trois bannières mettent en avant des prestations
proposées par la société Jegule &
Associates et proposent un service de traduction franco-américain
et un service de recrutement pour des emplois sur des bateaux
de croisières. Les deux URL des sites (jegule.com)
ont été acquises par la société
Chrystal Canyon, pour laquelle travaille le fameux "Matt
Lambert". La dernière bannière propose
de participer à un loto en Floride.
Le JDNet a appris que "Matt Lambert" a également
contacté RégieClick,
une régie publicitaire rattachée à la
société de presse CentpourCent.
"Il y a quinze jours,
Matt Lambert nous a laissé un message sur notre répondeur.
Il souhaitait rapidement réaliser une campagne de publicité
en ligne sur notre réseau", explique Christophe
Marcy, directeur des ventes de la régie RégieClick.com.
Cette fois-ci, une campagne de 60.000 clics est demandée
et l'intermédiaire accepte de signer un chèque
de 20.000 dollars canadiens, qui "sera envoyé
via Federal Express". Ca change un peu des cas de règlement
en dollars...de Hong-Kong. Le nom de la société
dont "Matt Lambert" est le commanditaire a également
changé: il s'agit désormais de la compagnie
World Investment Ressource. La fin de l'histoire ne déroge
pas à la régle: les bannières sont envoyées
à la régie mais le paiement ne suit pas. "Nous
avons pour politique de ne jamais commencer de campagne avant
d'avoir reçu le règlement. Le problème
est que j'ai refusé de la place à d'autres annonceurs
au profit de Matt Lambert. Du coup, j'ai perdu de l'argent",
explique Christophe Marcy, visiblement irrité. Toutefois,
l'intermédiaire laisse des traces (hypothétiques?)
de son passé au cours des discussions téléphoniques
qu'il a eu avec la régie. Matt Lambert prétend
que ses parents sont d'origine basque et qu'il a été
élévé à Hawaï.
"Matt Lambert" a sévi également en
Belgique: la régie IP Belgique (IP Netvertising pour
la division Internet) a également été
abordée. Elle a tout de suite mis un frein pour la
bannière portant sur le loto, estimant que la pratique
était contraire à la loi belge. En revanche,
la campagne de recrutement pour les emplois de croisière
ne posait aucun problème a priori. Une recherche sur
la solvabilité du client est effectuée par précaution.
"Nous opérons toujours de cette manière quand nous avons
affaire à des clients internationaux inconnus de notre Credit
Control et du réseau IP", explique Edouard de Witte,
Research Executive et responsable Marketing Internet chez
IP Belgique. Après des recherches via Dun & Bradstreet
USA, il s'avère que Matt Lambert ne dispose que d'une
boîte postale en Floride et d'un numéro ne correspondant
à aucune société. La campagne a été reservée pour un montant
de 250.000 dollars de Hong-Kong et payé au moyen d'un chèque
émis par la China & South Sea Bank, Ltd. IP a demandé
que le chèque soit certifié mais là,
plus de réponses...Des recherches plus poussées
ont été effectuées pour connaître
les réels instigateurs de cette campagne: "En
voulant téléphoner à la société
en Arizona, nous sommes tombés sur un répondeur téléphonique.
Nos messages sont restés sans réponses. La compagnie
Chrystal Canyon Inc (DBA Silver Moon Company) n'existe pas
dans les listes des sociétés enregistrées dans l'état d'Arizona.
La compagnie téléphonique de Sedona n'a aucune trace de cette
société au numéro donné", explique Edouard de Witte.
"Avec une seconde adresse, nous avons été mis en rapport
avec une société appelée Mail Plus qui met à disposition d'autres
sociétés une adresse postale, un répondeur téléphonique, un
fax et d'autres services. Celle-ci affirme que Chrystal Canyon
n'utilisait pas leurs services", ajoute le directeur
marketing Internet chez IP.
Les bannières
bien réelles et les chèques très virtuels
de Matt Lambert continuent donc d'écumer le Web. Le
feuilleton n'est pas fini: la semaine prochaine, le JDNet
embarque avec Matt Lambert... :-) [Philippe
Guerrier, JDNet].
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