Samedi 4 - Lundi 6 décembre
1999
Pourquoi FranceNet s'est arrété pendant toute
une journée
"Nous cherchons encore les facteurs déclencheurs",
explique Rafi Haladjian, PDG de FranceNet,
en évoquant la panne survenue à 5 heures mercredi
matin sur le réseau du prestataire. La panne a rendu
impossible les connexions sur la quasi-totalité des
sites hébergés sur le tout nouveau data center
d'Issy-Les-Moulineaux. 450 clients sont hébergés
chez FranceNet (dont les sites de Benchmark Group qui sont
restés inaccessibles mercredi): seuls 15% d'entre eux,
qui disposaient de sites mirrorés (hébergés
sur les plate-formes américaine et italienne) ont pu
échapper au trou noir.
Pendant 15 heures mercredi, le service de FranceNet a été
interrompu afin de réparer LA panne, la plus grande
survenue depuis la création de la société
en 1995. Les équipes du prestataire ont longtemps cherché
la cause du problème. FranceNet est connecté
au réseau via six prestataires sur son data center
du XVème arrondissement. Un lien de fibre optique à
1 Gbits/s le relie à Issy-les-Moulineaux où
se trouvent les nouvelles infrastructures. A la sortie de
ce lien, trois switchs répartissent la bande passante
vers les différentes machines. La panne ne pouvait
donc provenir que du lien en fibre optique ou des switchs.
Cette dernière hypothèse étant considérée
comme "hautement improbable" par Rafi Haladjian.
Après un test des switchs qui ne recensait aucun problème
apparent, FranceNet a fait appel aux équipes de Colt
qui lui fournit la fibre optique. L'oscultation
de la fibre prends du temps (du matériel spécial
est nécessaire pour des fibres de ce volume) et Colt
finit par affirmer ne trouver aucune faille.
Seuls les switchs -qui semblaient fonctionner tous les trois-
peuvent alors être la cause du problème. Un diagnostic
approfondi du fournisseur des matériels révèle
une défaillance collective et simultanée des
trois switchs. Une enquête interne a été
lancée pour comprendre ce qui s'est réellement
passé. Pour l'instant, on argue d'un "défaut
de synchronisation du signal dans la liaison 1 Gbits",
qui pourrait avoir engendré la défaillance collective
des équipements.
"Quinze jours
plus tard, cet incident ne serait pas survenu", explique
Rafi Haladjian. Le data-center d'Issy-les-Moulineaux, fraîchement
inauguré, devait être doté d'une deuxième
liaison en fibre optique made in Cegetel qui aurait pu reprendre
le relais en cas d'incident. Des retards de livraison (des
problèmes de co-propriété) ont empêché
d'appliquer le "plan Orsec" dans de bonnes conditions.
L'installation de duplications des sites en temps réel
en réseau local (entre Issy et Paris XV) qui permettent
de mirorrer les gros sites, était également
prévue et devrait être en place bientôt.
"Les gros sites avec une architecture complexe -deux
machines et des bases de données- sont plus difficiles
à mirrorer via Internet. Il y a un problème
de bande passante et c'est extrêmement coûteux",
explique le PDG de FranceNet qui renchérit: "l'hébergement
100% sûr est possible en France, tout est une question
de coûts. Le Tour de France nous avait demandé
un hébergement critique à 100%: malgré
la défaillance de l'un de nos serveurs du New-Jersey,
le site est resté accessible car il été
mirroré sur plusieurs points du globe". L'hébergement
100% sûr nécessite de multiplier les équipements
comme l'avait fait FranceNet avec ses switches mais le coût
est proportionnellement élevé sachant qu'un
switch coûte entre 400.000 et 500.000 francs pièce.
Rafi Haladjian assure
que la plupart de ses clients se sont montrés compréhensifs.
Toutefois, l'un des grands clients de FranceNet, Carrefour,
a demandé d'urgence que ses quatres serveurs d'Issy-Les-Moulineaux
migrent vers le data-center du XVème arrondissement.
"C'est pénalisant pour le chiffre d'affaires en
ligne. Nous recevons plusieurs milliers de visites par jour
sur notre site principal", constate de son coté
Jean-Marie Boucher, directeur des activités web du
groupe La Redoute et grand compte de FranceNet (une dizaine
de sites du groupe vépéciste). Toutefois, sa
réaction est modérée. "Cette situation
va devenir intolérable à l'avenir. Nous allons
contractualiser ces aspects pour que cela ne se reproduise
plus", ajoute-t-il. Il déplore surtout le manque
de communication de FranceNet. "Nous avons été
seulement tenu au courant du redémarrage du service
mais nous aurions aimé en savoir plus", déplore
le responsable de le division web de La Redoute.
Si l'ensemble de l'infrastructure de FranceNet était
disponible jeudi 2 au matin, le serveur de mail a encore quelques
difficultés: il a accumulé trop de mails pendant
le "trou noir" mais aucun message n'a été
perdu.
Il est encore trop
tôt pour établir un bilan sur l'impact économique.
Toutefois, sur les contrats conclus entre FranceNet et ses
clients, des clauses de dédommagement sont prévues
à partir de quatre heures d'interruption. La hauteur
des réparations peut s'échelonner de 0 à
100% de ce qui devrait être payé sur un an en
cas de gros coup dur. "Le niveau d'engagement des hébergeurs
est proportionnel à l'engagement du client", explique
Rafi Haladjian. [Alain
Steinmann et Philippe
Guerrier, JDNet]
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