Samedi
11 - Lundi 13 décembre 1999
L'ADSL s'étend, la commercialisation piétine
"Décembre
1999, ouverture de Netissimo sur tout Paris, Lille, Lyon,
Strasbourg, Noisy-Le-Grand, des villes du 92, contactez votre
agence France Télécom". C'est le message qui défile
en tête de la page d'accueil de l'offre Netissimo
de France Télécom. Mais le service Communication
de l'opérateur, par le biais d'un interlocuteur préférant
"ne pas être cité", exprime au sujet
du lancement commercial de l'offre une humeur plus que maussade:
"On pourrait aller plus vite mais on se trouve face à
un vide (...) alors on ne communique pas". En réalité,
France Télécom a d'ores et déjà
les moyens techniques d'assurer la prestation de ses offres
Netissimo dans les villes indiquées. Mais
"on ira doucement", nous dit-on, "c'est à
nos concurrents de s'exprimer (...) Ceux qui ont des offres
ont intérêt à faire des offres".
Ce ton agacé donne l'impression que France Télécom
trépigne d'impatience: "Le ministère de
l'industrie a donné son feu vert pour la première
zone de commercialisation de l'offre (6 premiers arrondissements
de Paris, Neuilly, Vanves et Issy-les-Moulineaux, NDLR). Nous
leur avons ensuite remis un nouveau dossier le 22 novembre.
Légalement, ils ont huit jours pour se décider
à la valider. On peut donc commercialiser l'offre en
toute légalité dès aujourd'hui".
Alors pourquoi pas? Notre chargé de communication affirme
qu'il s'agit de "prudence": "On va encore nous
accuser de ralentir l'accès à l'Internet haut
débit. Mais on attend que nos concurrents fassent leurs
offres. Pour l'instant, il n'y a que Wanadoo qui ait annoncé
la sienne".
Cette
fois, on a compris. France Télécom prend toutes
les précautions nécessaires pour éviter
une nouvelle mise en cause de son "monopole de fait"...
quitte à "attendre" que ses concurrents se
décident à proposer leurs offres avant lui;
et ce pour ne pas prendre le moindre risque. En effet, le
"dégroupage" prévu pour 2001 (fin
du dernier monopole de France Télécom, sur les
fameux "derniers kilomètres" de câble
téléphonique permettant d'atteindre les abonnés)
ouvrira la voie à une accélération des
offres et à "une baisse des prix", selon
certains fournisseurs d'accès concurrents... Pas
un mot, par ailleurs, sur les prochaines zones techniquement
couvertes par ce nouveau mode d'accès à Internet,
dont la technologie est encore exclusivement maîtrisée
par France Télécom.
On
sait seulement que Wanadoo
mais aussi Club-Internet,
World
Online, Easynet,
Worldnet
et le gratuit Free
proposent déjà un accès ADSL à
leurs abonnés. Club-Internet n'annonce pas cette possibilité
-ni sur son site, ni ailleurs- mais compte déjà
quelques abonnés. Il s'agit principalement d' entreprises
parisiennes, selon le service clientèle du FAI, passage
obligé pour les candidats à cette nouvelle formule.
World Online propose un communiqué et des contacts
directement sur son site mais ne couvre pour l'instant que
certaines villes des Hauts-de-Seine. Les offres EasyDSL (128kbps,
pour les particuliers) et Easyline (connexion permanente "Point
à Point", pour les grands comptes) de Easynet
sont en revanche immédiatement disponibles sur les 20 arrondissements
parisiens, ainsi que sur 10 communes des Hauts-de-Seine (Vanves,
Issy-les-Moulineaux, Neuilly-sur-Seine, Rueil-Malmaison, Courbevoie,
Levallois-Perret, Puteaux, Nanterre, Suresnes, Boulogne-Billancourt).
L'extension du service est prévue pour janvier en Province,
avec en priorité Lyon et Villeurbanne. Worldnet, pour sa part,
affirme dans son dernier communiqué proposer un accès
ADSL "là où l'opérateur national est opérationnel".
Enfin, le FAI gratuit Free nous dit se lancer dans "l'ADSL
free" uniquement "parce que la qualité -notamment
concernant les flux- ne répond pas à nos critères
de qualités". L'avenir dira si l'accès
s'améliore et devient alors payant où si Free
décide d'abandonner l'ADSL. Free indique que cette
"nouvelle technologie (sous entendu: "encore expérimentale",
NDLR) représente un coût important, tant pour
l'utilisateur que pour le FAI et que c'est France Télécom
qui configure le matériel fourni 'au coup par coup'
aux providers". On perçoit le flou artistique
qui règne et l'on trouve même dans les FAQ du
site Free cet aveu de confusion: "Nous ne sommes pas
actuellement en mesure de donner une prévision sur l'extension
de l'offre ADSL sur la région parisienne et sur les villes
de province. Même sur les zones (Lyon, Vanves, Malakoff) ou
Netissimo est déja disponible, nous ne sommes pas capable
de donner de prévision d'ouverture".
Le site Netissimo indique qu'Infonie, Isdnet, Magic Online
et Nerim auraient également annoncé leur volonté
de commercialiser leurs offres très prochainement.
Malgré la relative lenteur du processus, c'est bien
à une généralisation de l'offre que l'on
devrait assister dans les prochaines semaines. [Pascal
Bories, JDNet]
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