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Nicolas
de Tavernost
(Président du directoire de M6)
L'amateur
professionnel du Net
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Pour
M6, l'année 2000 marquait le vrai départ
de la chaîne sur Internet. La période de rattrapage
est effectivement surprenante, menée tambour battant
par un manager qui a appris à "maîtriser l'outil".
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La
nuit tombante, l'immeuble aux verres transparents de M6 à
Neuilly-sur-Seine donne l'impression d'une ruche. Dès
l'entrée dans le hall, le visiteur sait qu'il entre
dans le monde de l'audiovisuel. Un passage dans l'un des ascenseurs
suffit à s'en rendre compte : les résultats de part
d'audience du "prime-time" de la veille, toutes chaînes de
télévision généralistes confondues, sont affichés et il est
possible de regarder M6 sur un moniteur incrusté. Ecran total
également dans le bureau de Nicolas de Tavernost. On
y trouve une dizaine de postes de télévisions (tous éteints)
aux formats et marques différentes. Pas de doute : on a d'abord
affaire à un professionnel de l'audiovisuel, mais qui
s'intéresse également à cette "étrange lucarne" interactive
qu'est l'Internet. Agé de 51 ans, Nicolas de Tavernost est
conscient qu'il ne fait pas partie de la "génération
Internet" même s'il n'est pas insensible aux produits
high tech. Il dispose d'un Palm et d'un téléphone Wap, qu'il
a mis de côté parce que "les temps de connexion sont trop
longs". Il préfère encore le système SMS de son téléphone
mobile, qui lui permet d'être informé au quotidien
du cours du titre M6 et de son audience.
"Pour
la petite histoire, j'ai découvert l'Internet il y a deux
ans avec Emmanuel Chain, le présentateur vedette de Capital.
Nous avons eu droit à un cours collectif au bureau." |
Diplômé
de l'Institut d'études politiques de Bordeaux et d'Etudes
supérieures de droit public, Nicolas de Tavernost n'a pas
fait d'emblée de la communication son secteur de prédilection.
Son début de carrière est centré sur le commerce extérieur
(chargé de mission au ministère entre 1974 et 1976 puis secrétaire
général de la Chambre française de commerce et d'industrie
à Zurich). Au cours des annéees 70, il suit les traces de
Norbert Segard, qui occupe diverses fonctions ministérielles.
En 1981, il devient chargé de mission à la Direction générale
des télécommunications puis prend en main les services grands
publics à la Délégation aux vidéocommunications.
En
1986, il bascule dans le secteur privé en prenant les fonctions
de directeur des activités audiovisuelles à la Lyonnaise des
Eaux, future actionnaire de référence de la chaîne M6 (M comme
Métropole) lancée un an plus tard. Nicolas de Tavernost y
prend les fonctions de directeur général de "la petite chaîne
qui monte" et se charge du développement de sa régie publicitaire.
En 1996, il devient administrateur du groupe Métropole Télévision.
En mai dernier, il est nommé Président du Directoire de M6,
à l'occasion d'un changement de statut du groupe.
"Pour la petite histoire, j'ai découvert l'Internet il y a
deux ans avec Emmanuel Chain [NLDR, Présentateur vedette
de l'émission Capital]. Nous avons eu droit à un cours
collectif au bureau", relate Nicolas de Tavernost. L'Internet
a intégré petit à petit son quotidien.
Le manager, qui se qualifie
"d'amateur professionnel" dans le domaine, utilise Boursorama
ou visite des sites médias concurrents. Pour consulter la
presse, le réflexe reste toutefois les versions papier. L'utilisation
du mail est entrée dans les murs mais "par manque de temps,
c'est souvent mon assistante qui les imprime et les tape".
D'ailleurs, une puissante sonnerie signale l'arrivée d'un
nouveau mail sur le portable installé sur son bureau. Pour
l'utilisation familiale, il a choisi l'accès par câble
NoosNet [NLDR, filiale de Lyonnaise des Eaux]. "Mes
enfants me font découvrir beaucoup de choses sur Internet.
On a l'impression que la transmission du savoir parents-enfants
s'est inversée", constate le professionnel de l'audiovisuel,
parallèlement passionné par le golf et le monde de l'agriculture.
Il possède d'ailleurs une propriété semi-agricole qui lui
permet de "cultiver son jardin".
Au
petit jeu des points communs entre la télé et l'Internet,
il cite en premier "la fonction zapping", qui donne tellement
le vertige aux responsables de chaînes de télévision.
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Par rapport
à TF1 ou Canal Plus, M6 a mis tardivement en place une véritable
stratégie Internet. "Au départ, nous avons considéré l'Internet
comme un concurrent de la télévision alors qu'en fait, c'est
un complément", commente Nicolas de Tavernost. Si un premier
site a été mis en ligne en 1997, l'année 2000 constitue le
vrai point de départ des développements Internet de M6 : création
d'une filiale interactive, mise en place d'un service d'accès
Internet gratuit, constitution de portails thématiques (M6Music.fr,
Turbo.fr pour l'automobile, etc.), création d'une régie publicitaire
dédiée, etc. Dorénavant, une centaine de personnes travaillent
pour M6Web.
Les rôles
sont clairement répartis : Nicolas de Tavernost prend les
décisions stratégiques, Philippe Carillon, directeur général
de M6Net, prend la partie opérationnelle. A côté de ses propres
projets, M6 a investi dans la billeterie en ligne Ticketnet
(33%) et pris une petite part dans Internet Télécom (5%).
"Nicolas de Tavernost a une très bonne connaissance de la
gestion des relations clients, un aspect que l'on retrouve
avec le bouquet satellite TPS, affirme un professionnel du
Net qui a négocié avec M6. Mais il est très dur en affaire."
Le manager est volubile sur les rapports audiovisuels-Internet.
"Si on maîtrise bien l'outil, l'Internet peut renforcer les
médias traditionnels", estime-t-il. La preuve : il assure
que la durée de consommation télé augmente parallèlement au
temps de connexion Internet. "Fondamentalement, notre
métier est d'éditer du contenu pour le mettre à la disposition
du grand public : que ce soit sous forme de télévision généraliste
(M6), télévision à péage (particpation dans TPS) ou Internet.
Le tout est de jouer sur la complémentarité", commente Nicolas
de Tavernost. Au petit jeu des points communs entre la télé
et l'Internet, il cite en premier "la fonction zapping", qui
donne tellement le vertige aux responsables de chaînes de
télévision. Doté d'une télécommande, le téléspectateur peut
changer de chaînes rapidement si le programme n'est pas assez
attractif. Sur Internet, un simple lien hypertexte suffit
à perdre le surfeur.
Quant
à la concurrence, Nicolas de Tavernost la juge plus
"stressante" sur Internet car "plus ouverte". Les courbes
d'audience des portails de M6 sont scrutées chaque semaine.
S'il avoue que la compétition traditionnelle entre
chaînes de télévision sur Internet s'est déplacée sur Internet,
il ne manque pas de souligner les compétences de ceux qui
se sont investis à fond dans ce domaine, comme Anne Sinclair
d'eTF1, "une collègue très agréable et compétente". Nicolas
de Tavernost indique également avoir des rapports très privilégiés
avec Pierre Besnainou, PDG du groupe LibertySurf.
A titre
personnel, le patron de M6 est aussi entré dans le conseil
d'administration de la web agency Business Interactif en septembre
dernier. Le fait que l'un des dirigeants soit François de
la Villardière (frère du journaliste Bernard de la Villardière,
qui présente l'émission Zone Interdite sur M6) doit faciliter
les contacts. "Que ce soit pour la télévision ou Internet,
je trouve que les réflexes de Nicolas de Tavernost sont excellents,
commente Emmanuel Henrion, co-fondateur de Business Interactif.
En fait, je crois que ce secteur, sur lequel il a une analyse
très fine, l'amuse beaucoup." En tout cas, c'est un bon
poste d'observation pour étudier la "Net génération".
[Philippe
Guerrier, JDNet]
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