JDNet.
Comment s'est passée l'intégration entre les
équipes de Dégriftour et Lastminute ?
Pierre Alzon.
Nous venons justement d'organiser
une fête sur un bateau en plein Paris pour fêter
la réussite de cette intégration.
Il ne s'agit pas évidemment de nous jeter des fleurs,
mais ce type d'union n'est jamais évident, or nous
avons fait vite et bien pour répartir les rôles
et organiser les équipes.
Pouvez-vous
rappeler le déroulement de l'opération de rapprochement
?
Le deal
a été signé mi-août et a été
validé par les assemblées générales
à la fin du mois de septembre. Nous avons annoncé
en interne le projet de réorganisation des deux équipes
aussitôt et nous avons mis en place des groupes de travail,
par métier et par département, pour voir comment
tout le mode travaillait. En novembre, les équipes
se sont réparties physiquement entre le site de Paris
pour les activités loisirs, restaurants, billetterie,
cadeaux plus le pôle marketing, et le site de Cergy
(ndlr: ville d'implantation de Dégriftour) pour
les activités voyages et le call-center. Les gens se
sont déplacés pour chaque unité et à
fin novembre, tout le monde avait intégré son
nouveau bureau. Nous sommes aujourd'hui au total une équipe
d'environ 300 personnes, dont 260 issues de Dégriftour
et 40 de Lastminute.
Et pour
le management ?
Je suis
devenu directeur général des activités
françaises et Denis Philipon, ancien responsable de
la filiale française de Lastminute, est devenu directeur
général adjoint en charge des activités
hors-voyage aux côtés de Frédéric
Battut, en charge du secteur voyage.
Il n'y
a pas eu de frictions?
On s'était
évidemment rencontré avant de signer et l'aspect
relationnel était un élément majeur dans
la prise de décision. En gros: ils me plaisent, je
signe, sinon je ne signe pas ! Or, nous avons signé
(rires). Pour le reste des équipes, nous ne pouvions
par rencontrer tout le monde, d'abord parce que les discussions
initiales étaient confidentielles, mais nous avions
organisé des réunions à Londres et Paris.
Nous avons bien vu que nous partagions les mêmes visions
de la vente en ligne et du marché. Nos cultures sont
très proches.
Quelle
sont aujourd'hui les conséquences du rapprochement
pour les sites ?
La fusion
des sites est une autre étape très importante.
Aujourd'hui, les sites sont beaucoup plus interdépendants,
même si les deux demeurent. Nous avons fusionné
l'outil technique de façon à ce que les équipes
ne managent plus qu'une seule et même base, qui se déploie
dans nos deux sites web.
Le principe désormais est de pouvoir rentrer une nouvelle
offre produit sur une base pour qu'elle puisse être
ensuite déclinée sur les deux sites. Nous avons
également harmonisé la charte graphique autour
de trois couleurs, le bleu le blanc et le rose au lieu des
bleus et orange de Dégriftour. En revanche, nous avons
assez peu refondu les pages d'accueil, mais il suffit par
exemple d'aller dans la chaîne voyage de Lastminute
pour trouver la plate-forme Dégriftour dans un design
Lastminute.
Quels sont
les principaux enrichissements pour les deux entreprises ?
D'abord,
pour Dégriftour, nous sommes sortis du seul univers
voyage en élargissant notre relation avec le client.
Un voyagiste n'a malheureusement de relations avec son client
que deux à trois fois par an, nous ne passons pas encore
nos vies en vacances (rires). Lastminute a pu grâce
à nous, changer d'envergure dans le secteur voyage,
en augmentant sa puissance d'achat et l'étendue de
l'offre.
Comment
êtes-vous parvenu à faire accepter l'idée
de marier Dégriftour, une entreprise aujourd'hui rentable,
avec une dotcom en pleine phase de croissance et donc largement
déficitaire ?
Nous étions
certes équilibrés cette année, mais sur
Internet, nous avions besoin de faire des investissements
colossaux. Je l'ai annoncé au début de l'année
2000. Notre rentabilité est une rentabilité
opérationnelle qui ne prend pas en compte notre nécessaire
développement stratégique. Nous devions développer
l'international, développer les plate-formes de commercialisation
et investir massivement pour le marketing. Notre programme
d'investissement dépassait de toute façon notre
capacité d'autofinancement. Nous avons simplement fait
le choix de nous marier avec Lastminute plutôt que d'ouvrir
notre capital à un partenaire minoritaire.
Que représente
encore le Minitel dans votre chiffre d'affaires?
Nous avions
prévu depuis plusieurs années une diminution
de 50% du chiffre d'affaires Minitel et c'est à peu
près ce que nous constatons. Mais le Minitel n'est
pas encore mort et nous allons même lancer très
prochainement un service Minitel pour Lastminute, qui réutilisera
en partie le Minitel de Dégriftour. Le Minitel Dégriftour,
même devenu très minoritaire dans notre chiffre
d'affaires, reste un service à très fort trafic.
Lastminute
est présent sur la TV interactive dans l'espace boutique
de TPS. Une version est -elle envisagée pour Dégriftour
?
Avant la
fusion, nous n'avions pas souhaité tenter l'expérience
car c'est une plate-forme coûteuse, une technologie
complexe à alimenter et lourde à gérer.
Lastminute propose effectivement des offres de dernière
minute mais le chiffre d'affaires est très faible et
dépend largement de la promotion des boutiques assurée
par TPS. Nous croyons d'avantage à court terme au système
de reconnaissance vocale mis en place par Lastminute en Grande-Bretagne.
De quoi
s'agit-il ?
C'est un
système de réservation par téléphone
à partir d'un système de reconnaissance vocale,
évitant ainsi à l'utilisateur de sélectionner
ses choix à partir d'un menu déroulant numérique.
Ce système expérimental en Grande-Bretagne permet
de proposer une cinquantaine de produits via ce canal de distribution.
Parmi les nouveautés, nous avons également mis
en place une alerte qui permet à l'internaute de formuler
une demande: Je recherche un aller-retour Paris-New York à
telle date et pour tel prix. Notre système nous permet
de lui proposer une offre dès que nous l'avons identifiée.
Sur un
plan plus personnel, vous utilisez beaucoup le Net ?
Je suis
très intéressé par les sites dédiés
au hacking, j'aime beaucoup par exemple le site Astalavista.
La problématique de la sécurité informatique
m'intéresse en général, parce que la
technologie me passionne.
J'aime également beaucoup les sites consacrés
à la BD, comme BD
Paradisio, et tous les sites de moto. J'étais également
fan des sites de jeu de rôle mais j'ai vraiment de moins
en moins de temps pour ça.
Vous achetez
souvent en ligne ?
J'achète
parfois des produits culturels sur les sites Fnac, Cdiscount,
amazon... Je suis un consommateur moyen sur le Net. Lorsque
j'ai un peu de temps, je passe plutôt du temps à
rechercher des softs liés à la sécurité,
à l'analyse réseau. J'aime aussi beaucoup Napster,
Gnutella. Je cherche à voir un peu ce qui se fait dans
le domaine.
Et qu'est-ce
que vous n'aimez pas sur Internet ?
J'attache
une très grande importance au respect de la vie privée,
or sur Internet, c'est aujourd'hui redoutable. Tout peut être
traqué, c'est presque Big Brother et je trouve cela
terrifiant. Tout le monde cherche à tout savoir sur
l'internaute, dont le commerçant, sous prétexte
de lui fournir le meilleur service. Cette curiosité
peut être commerciale mais aussi étatique ou
simplement malsaine. Il y a des moyens pour casser cette traçabilité
et j'aime bien pour cela tester les moyens de rompre la chaîne
qui permet de remonter à l'internaute. |