Interviews
 

Yann Baglin
PDG
Alynet (123 achats)

Yann Baglin et Anne Laure Brémond, tous deux 25 ans, dirigent 123achat, un annuaire qui répertorie les sites francophones qui vendent sur Internet. Leur site constitue un bon pôle d'observation pour voir les évolutions du commerce électronique en France. Pour le JDNet ils nous font part de leur parcours et de leur vision de l'Internet marchand aujourd'hui.

Propos recueillis par Romain de Monza le 21 juillet 1999 .

123achats, c'est quoi ?
Yann Baglin
: c'est un un portail dont l'ambition est de référencer les sites de commerce électronique francophones.

Combien de sites sont-ils répertoriés ?
Nous avons plus de 1400 sites répertoriés. Au départ, la base était de 500 sites.

Comment faites-vous la sélection des sites ?

Nous répertorions les sites selon deux critères. D'une part, une possibilité d'achat doit exister. D'autre part, la description des produits doit être en français. Au début nous devions découvrir tous ces sites nous-mêmes. Maintenant que nous avons acquis une certaine renommée, les sites marchands nous contactent afin de se faire référencer. Ainsi, à l'heure actuelle, 100 à 200 sites en moyenne, viennent se faire enregistrer tous les 15 jours. Les boutiques remplissent elles-mêmes leur descriptif. De notre côté, nous vérifions la cohérence et nous demandons un certain nombre d'informations : le mode de paiement, mode de sécurisation, devise (par exemple, les sites canadiens se font payer en dollar canadien), les langues, et le délai de livraison.

Portez-vous une appréciation sur les sites ?
Non. Nous ne jugeons pas les sites ; c'est trop difficile. Prenons un exemple ; un site de vin peut avoir un site très limité au niveau technique mais en revanche proposer un vin excellent. Peut-on juger un site de vin uniquement par le design ?

Comment est né 123 achat ?
Nous faisions à la base de la conception de site. La société Allynet a été crée en janvier 1997. Nous avions 23 ans. 123 achat est sorti en septembre 1998. La première idée était de faire un moteur de recherche. Mais un certain nombre de facteurs, surtout techniques, nous ont contraints à changer d'idée. Dans le même temps nous avons pris conscience du vide en matière de portail sur le commerce électronique en France. Pendant notre activité de conception nous voyons arriver le commerce électronique.

Combien de rubriques le site compte t'il ?

Il y a douze rubriques principales. Les sous rubriques sont très nombreuses. Nous allons profiter du mois d'aoôt pour tout réorganiser. De temps à autre, un nettoyage s'impose pour que l'annuaire ne devienne pas obsolète.

Quel est le secteur le plus représenté sur 123achats ?

D'assez loin c'est l'informatique. En nƒ 2 vient tout ce qui touche à la culture. En numéro 3 c'est tout ce qui touche l'alimentation. Tout dépend aussi des fêtes saisonnières. Par exemple, pendant la Saint Valentin, la rubrique fleurs marche très bien.

Qu'est ce qu'un bon site de commerce électronique ?

La réussite d'une boutique passe par deux ou trois éléments fondamentaux à connaître. D'abord être sur Internet doit répondre à une stratégie. Se dire qu'on va vendre du jour au lendemain des fromages sur Internet est hasardeux. Vous ne saurez pas immédiatement comment traiter avec les fournisseurs, vendre les produits, les emballer etc. Il faut donc connaître à la base très bien son métier et ses produits. Ensuite, il faut prendre conscience qu'il y a entre 100 et 200 nouvelles boutiques tous les 15 jours. Enfin, savoir que le commerce électronique n'a rien changé aux règles de commerce elles-mêmes. Si j'ouvre une boutique en ville, il me faut une belle devanture ; de la publicité etc. Il est nécessaire de s'inspirer de toutes les règles de commerce en général. Se mettre à la place d'un gérant de boutique : mettre des produits en avant ; faire régulièrement des promotions. Cette façon de voir les choses commence à peine à rentrer dans les múurs.

Il faut aussi proposer des bons prix ?
Oui; mais il apparaît qu'il n'est pas nécessaire d'être obligatoirement les moins chers. Si on prend l'exemple de DELL, le fabricant de micro-ordinateurs. Le succès de sa boutique n'est pas nécessairement du à ses tarifs. Le service est la première des préoccupations. De plus, au regard des chiffes, les internautes français ont un pouvoir d'achat assez important. Ils ne sont pas à trente ou quarante francs près. C'est tout ce qui tourne autours du prix qui est réellement important.

Quelle différence y a t-il entre la France et les Etats-Unis ?
Aux Etats Unis, on n'a pas le sentiment que c'est réservé à une élite. Tout le monde a Internet. C'est un outil pas cher comme le téléphone.

Qu'est ce qui manque en France ?
Je ne pense pas que les Français ont à rougir de leur Internet. Des sites comme Marcopoly ou Alapage sont de beaux sites.

Pourquoi encore trop peu de gens achètent ?

Il y a le prix de l'accès. Mais je ne suis pas sûr que c'est bien là le problème. L'image de l'Internet non sécurisée véhiculé par les médias y est pour beaucoup dans le non - décollage du commerce. C'est dangereux on va me piquer ma carte. Les gens doivent prendre conscience qu'il y a beaucoup de choix et peu de risque.

Comment gagnez-vous votre vie ?
Nous avons la chance d'avoir eu immédiatement de la publicité sur le site. Les annonceurs nous ont très rapidement contacté. En fait, elles étaient à la recherche de ce type de portail pour promouvoir des sites. Nous avons répondu à un manque. A la différence de nos confrères généralistes nous avons toujours fait marcher 123 achats grâce à la pub. Les agences apprécient également qu'on s'adapte à d'autre type de pub que la bannière classique. Par exemple, l'agence Grey Interactive nous avait demandé de trouver autre chose pour Interflora qu'un bandeau 468*60 ; nous lui avons proposé une icône flottante. Nous avions également testé les programmes d'affiliation. Mais nous ne considérons pas ce système fiable. L'internaute qui va sur un site grâce à un bandeau n'achète pas forcément sur-le-champ. Il peut très bien bookmarker le site et y revenir peu de temps a après. Cela revient à faire de la publicité gratuite. Le système équivaut à mettre la prise de risque au niveau du support et non de l'annonceur. On ne gagne de l'argent que s'il y a une commande. On préfère faire des partenariats avec un achat d'espace avec un pourcentage de commission. Les risques sont ainsi partagés. On vend le bandeau moins cher et en plus on touche une commission.
Nous avons également ouvert une régie. Il y a tellement d'annonceur que nous n'avions plus d'espace. Nous avons donc ouvert une régie. Nous proposons d'autres supports Marchands : achetez-moins-cher, annonces.net, enchere-on-line , reducmicro. Nous avons également un service qui s'appelle web diffusion. C'est un service de promotion de site.

Quel est votre chiffre d'affaire ?
Chiffre d'affaire 1998 : 1.3 millions. Depuis qu'on a crée on a toujours multiplié par 2. Nous espérons faire de même cette année.

Comment faite vous la promotion du site ?
Grâce à des achats d'espace (sur Voilà notamment) Nous avons paradoxalement un système d'affiliation. Mais la rémunération se fait au clic (25 cts le clic). Nous avons environ 200 affiliés. Par ailleurs la presse parle souvent de nous. Nous sommes sortis en même temps que Webmarchand lorsque beaucoup de journaux papier traitaient du commerce électronique.

Comment envisagez-vous la concurrence des portails qui répertorient de plus en plus les webs marchands ?
Il n'y a pas, pour l'instant, de réelle concurrence. Nous préoccupons surtout de la vente d'espace publicitaire. Les statistiques indiquent que nous comptabilisons plus de pages vues que leur partie shopping. De plus, l'internaute qui vient chez nous ne vient pas pour chercher un site, chercher un driver, ou un hôtel ; il vient dans le but d'acheter. C'est ce qui fait notre force. L'internaute qui a l'habitude d'acheter nous trouvera et viendra chez nous.

Quelles seront les prochaines évolutions du site ?
Le look va changer. Le contenu également ; nous allons faire plus d'éditorial sur des thématiques marchandes : comment biens acheter sur Internet , la sécurité des paiements... Les gens qui se servent de 123 achats doivent se sentir rassurés par notre intermédiaire. Nous envisageons également de faire des audits de sites. L'idée est de s'associer avec des gens qui le font et le mettre en avant sur 123 achats. Nous essayons de nous développer au niveau de l'Europe. Nous cherchons à faire des partenariats avec des portails généralistes notamment.

Une question idiote : achetez-vous sur Internet ?
Des fleurs, des logiciels, du matériel informatique, des jouets à No&iulm;l, du matériel de bureau.

Qu'aimez-vous sur internet ?
J'aime le fait que ce soit un média accessible. On peut vendre, faire passer des messages avec finalement très peu de moyens. Par exemple, nous avons commencé à nous faire connaître avec un site sur les jeux olympiques d'Atlanta. Nous donnions de l'info sur les champions français. Nous n'avions jamais travaillé auparavant. Nous étions étudiants ; nous avions 0 francs.

Vous pensez réellement que de telles " success stories " peuvent encore se réaliser ?
Je pense. Même si les places sont de plus en plus chères. Il y en a restent toujours à prendre ; il suffit de trouver La bonne idée. La bonne idée ne peut être remplacée par le budget. Il faut s'y prendre tôt. Ce que nous avons pris en avance depuis un an est difficile à rattraper.

Qu'est ce que vous n'aimez pas sur le Net ?
La lenteur.

Yann Baglin est titulaire d'un BTS de mécanique et automatisme industriel, d'un IUT de gestion et administration d'entreprise et d'un MIAGE (méthode informatique appliquée à la gestion).
Anne Laure Brémond possède un
DEUG d'ECO et d'un MIAGE.

 







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