Interviews
 

Christophe Chausson
Directeur
Chausson
Finance


En tant que leveur de fonds traditionnel, Chausson Finance a assisté dès le début à l'euphorie Internet des capitaux-risqueurs. La société ambitionne de lever 270 millions de francs d'ici la fin de l'année. Son PDG, Christophe Chausson, s'inquiète du retard du Nouveau Marché par rapport à son équivalent allemand.

Propos recueillis par Gaëlle Hassid le 17 octobre 1999 .

JDNet : Chausson Finances est connu depuis longtemps dans le milieu des capitaux-risqueurs. Pour un leveur de fonds traditionnel, en quoi le e-business a changé quelque chose?
Christophe Chausson : Nous existons depuis 1991 exactement. Les start-ups n'existaient pas du tout à l'époque. Aujourd''hui, elles sont trois fois plus nombreuses, il y a aussi trois plus de fonds, tant en nombre d'acteurs qu'en taille. En ce moment, les capitaux risqueurs ne veulent entendre parler que d'internet. Ils sont tous tournés vers le e-commerce. En tant qu'intermédiaire, nous sommes forcément plus orientés Internet.

Selon les organisateurs de Capital IT, vous avez les plus beaux dossiers. Quelles sont les particularités de Chausson Finance?
Nous avons la chance d'être les "first movers", c'est-à-dire que nous avons été là dès le début. Moi-même, je suis un ancien capital-risqueur, donc, j'ai gardé cet oeil. Je sélectionne les dossiers avec cette connaissance très intime du milieu. Nous travaillons d'ailleurs beaucoup plus avec les capitaux-risqueurs qu'avec les business angels. Notre sélection est très importante. En face d'une start-up, nous sommes comme des capitaux-risqueurs, nous faisons une critique objective du dossier. On peut travailler très longtemps sur un dossier afin de muscler sa stratégie et l'équipe qui constitue la start-up. Nous travaillons aussi bien sur la visibilité du dossier, que sur l'aspect "verrouillage" (propriété industrielle, etc.) et sa qualité. Nous avons des dossiers très vendeurs.

Comment vous rémunérez-vous?
Nous demandons des frais de dossiers. Nous prenons 5% sur le montant de la levée. Comme tout leveur de fonds, nous pouvons travailler plus de trois mois sans conclure de deal. En revanche, nous avons un très bon pourcentage de réussite (proche des 80%). C'est un chiffre que l'on tient depuis quatre ans.

Combien de dossiers de start-ups du net recevez vous par jour?
Nous recevons deux appels par jour. Cette année, nous avons traité 36 missions. Nous avons levé plus de 100 millions de francs en 1998.

Quels sont les critères de sélection?
Le projet doit avoir deux qualités: il doit être ambitieux en terme de flux généré, de position sur le marché, etc. Mais, c'est aussi sur l'équipe que nous jugeons un dossier.

En dehors des dossiers que vous recevez, avez vous une autre méthode pour dénicher des dossiers intéressants?
Il existe des réunions événements tel que le First Tuesday, ou l'ancien First Wednesday. Ces réunions créent une sorte de réseaux.

Si vous aviez un seul conseil à donner à une start-up Internet qui cherche des fonds, quel serait-il?
Il faut associer très tôt un ou deux parrains au projet. Ces parrains doivent être des personnes connues, un business angel ou le PDG d'une ancienne start-up, qui ont réussi dans le métier.

Les investissements se déplacent des logiciels au commerce électronique. Quel est selon vous le créneau à venir, le plus porteur.
Je dirai qu'il y a encore beaucoup de choses à faire et de place pour le "B to B".

Que reprocheriez vous aux start-ups du net françaises?
De moins en moins de choses! En France, nous partons souvent en retard mais nous rattrapons souvent les autres. Il reste encore beaucoup à faire sur leur plan marketing néanmoins.

Avec quels fonds travaillez vous le plus?
En fait, nous avons classé les capitaux-risqueurs en trois catégories: les Gold, les Silvers et les autres. Ce qui compte, ce n'est pas forcément combien ils sont capables de "poser sur la table" mais l'implication et la valeur ajoutée qu'ils apportent aux dossiers. Les investissements en terme d'aide et d'implications sont plus intéressants avec des capitaux-risqueurs de la catégorie Gold qu'avec les autres.

Quels ont été vos dernières transactions
?
Oxydian, CD and Co, Mediavita, 404Found! , Streamcore, Devax, Mediavet JetSoftware, Solsoft, Staff & Line, NetCentrex, Surgeonline, Nemo, NetQuartz (cf. notre dossier capital-risque et Internet, NDLR).

Vos objectifs?
A ce jour, nous avons levé 171 millions de francs et nous escomptons sur 250 millions de francs d'ici la fin de l'année.

Comment voyez vous le marché pour l'année prochaine?
Nous allons connaitre à nouveau une très forte croissance.

Combien de personnes travaillent avec vous ? Combien sont spécialisées sur le net?
Nous sommes une équipe de cinq collaborateurs dont Jean Denis Cornillaut, Eric Felix Faure, Jacques Henri Piot. Nous sommes spécialisés sur le net à 60% de nos activités.

Comment faites-vous pour les recruter, les formez vous? Existe-t-il un profil particulier?
Nous recrutons par cooptation dont une partie par candidature spontanée. Les nouveaux travaillent six mois en équipe avant d'être responsables d'un dossier. Il faut connaître le marché et savoir anticiper les tendances.

Les analystes financiers s'attendent à une explosion en Bourse des valeurs internet comme celle qui a eu lieu sur le Nasdaq. A quelle échéance attendez vous à voir ce phénomène en Europe?
Cette explosion n'arrive pas en France mais en Allemagne. Integra a tout de même vu son cours multiplié par deux en trois mois. La situation sur le Nouveau Marché est très préoccupante: de nombreuses start-ups préfèrent se faire coter en Allemagne, sur le Neuer Markt, plutôt que de le faire sur son équivalent français.

Il y a de plus en plus d'associations telles que la Dream Team (cf article JDNet) ou le "cercle des business angels" de France Télécom. Est ce la fin des leveurs de fonds?
La Dream Team est une très bonne idée car cela va donner des projets encore plus solides. C'est très positif pour les start-ups car cela leur donne les moyens d'être plus visibles, d'être plus présents. Cela étant, cela reste un métier en soi.

Quelle est la levée dont vous êtes le plus fier?
C'est celle d'Integra. Huit mois après sa création en 1996, la société affichait un chiffre d'affaires de 800.000 francs, ce qui n'est pas grand chose. Elle a pourtant réussi à lever 8 millions de francs auprès de CDC Innovation et Innovacom. Une histoire de huit...

Vous achetez sur le Net?

Oui, des livres sur Amazon, des logiciels sur CDandCO.

Qu'est-ce que vous aimez sur le Net ?
C'est sans doute un peu léger mais j'avoue que je trouve les emails merveilleux. C'est un gain de temps incroyable. Le Net est aussi très pratique pour s'informer.

Qu'est-ce que vous détestez sur Internet
Le spamming.

Christophe Chausson, fondateur de Chausson Finance, a été directeur général du fonds de venture-capital GROUPE 23, puis directeur associé de la société de capital-développement Profinance. Il possède une expérience de plus de treize années dans les opérations de financements en fonds propres et a participé à plus de 150 opérations de transmission et de capital-développement.

Chausson Finance en chiffres

Activité

100 millions de francs levés en 1998, 250 millions en 1999 (prévision)

Date de création
1991
Effectifs
5
Marge brute
nc
Références
Oxydian, CD and Co, Mediavita, 404Found! , Streamcore, Devax, Mediavet JetSoftware, Solsoft, Staff & Line, NetCentrex, Surgeonline, Nemo, NetQuartz...









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