Interview
2. Nouvelle économie
"La réussite professionnelle et financière ne doit plus être suspectée"

 

1. Bilan et
projet
2. "Nouvelle économie" 3. Accès à l'Internet 4. e-Politique et citoyenneté
"La puissance publique s'est contentée de courir après l'événement" "La réussite professionnelle et financière ne doit plus être suspectée" "Objectif : un ordinateur par famille en 2007" "Je suis favorable au vote en ligne"

JDNet. Le premier phénomène lié à l'Internet a été ce qu'on a appelé la Nouvelle économie, avec ses excès et ses dérives, mais qui a aussi permis un essor de l'esprit d'entreprise en France. Avec le recul, comment jugez-vous cette période ? Que faut-il en retenir à votre sens ?
Jacques Chirac. Cette période aura permis de prouver à tous ceux qui en doutaient que les Français, et les jeunes en particulier, ont envie d'entreprendre. Les obstacles ne sont pas culturels comme cela était parfois avancé. Ils sont administratifs, financiers, fiscaux. Les perspectives d'expansion et de gains - osons le dire - ont été suffisamment extraordinaires dans ce secteur durant cette période pour ne pas dissuader les créateurs d'entreprise de se lancer dans l'aventure. La prise de risque pouvant être récompensée - et largement -, elle méritait d'être tentée.

Je suis donc plus que jamais convaincu de l'importance de libérer les initiatives afin que la créativité, l'imagination, le dynamisme de nos entrepreneurs puissent se déployer dans tous les secteurs économiques. Cela implique un allègement important des obstacles et des contraintes. Je souhaite réunir les partenaires sociaux pour organiser un "Grenelle des simplifications administratives". Je suis également favorable à la création d'un médiateur des entreprises dans chaque département. Un soutien actif à la création d'entreprise est également nécessaire.

Cela suppose, enfin et surtout, que la réussite professionnelle et financière ne soit plus suspectée et donc pénalisée, honteuse et découragée.

Comment aujourd'hui accompagner et favoriser la création d'entreprises dans le domaine de la high-tech ? Les pouvoirs publics doivent-ils jouer un rôle ?
Comme je viens de le dire, le rôle d'accompagnement des pouvoirs publics dans la création d'entreprise doit être significatif puisqu'il s'agit d'alléger tout ce qui empêche "le passage à l'acte". Nous avons du travail pour leur être aussi favorable que nos voisins européens, car, selon le dernier rapport sur la compétitivité et l'innovation de la Commission européenne, la France est particulièrement mal placée en termes d'environnement pour la création d'entreprise : sur les quinze pays de l'Union, nous sommes derniers pour le financement, avant-derniers pour l'information et la formation, et derniers pour les procédures administratives.

J'ai indiqué ma volonté d'engager un effort massif en faveur de la création d'entreprises, avec comme objectif "un million d'entreprises en plus" sur cinq ans. Je compte relever le défi en appliquant le principe "Pas de taxes, ni de charges avant le premier euro de chiffre d'affaires". Il faut donner de nouveaux droits aux entrepreneurs. Dans notre pays, plus on prend de risques, moins on est protégé. Il serait souhaitable notamment que les créateurs d'entreprises puissent bénéficier de l'assurance-chômage et qu'une distinction puisse être faite entre leur patrimoine privé et le patrimoine affecté à l'entreprise.

Des efforts importants doivent également être faits pour dégager des financements, ce sont eux qui ont permis le formidable boom que nous avons connus sous la génération start up. Je veux renforcer les incitations fiscales pour orienter l'épargne de proximité vers l'investissement dans les nouvelles entreprises. Il faut élargir le dispositif de la loi Madelin en favorisant les investisseurs providentiels, les business angels.

Je souhaite plus généralement ramener la fiscalité des entreprises françaises au niveau de la moyenne européenne et assouplir par la négociation les 35 heures pour les salariés qui le souhaitent. Ainsi nos entreprises cesseront d'être pénalisées dans la compétition internationale, et l'emploi ne se délocalisera plus à l'étranger. La fiscalité française doit être juste et non confiscatoire. Je souhaite une réforme de grande ampleur de l'impôt sur le revenu et celle des mécanismes d'intéressement au bénéfice des créateurs d'entreprises ou de leurs salariés.

Si, dans la high tech, les entreprises nouvelles bénéficieront de ce plan général, elles devront faire par ailleurs l'objet d'une attention toute particulière, en raison des enjeux colossaux de ce domaine pour le dynamisme de notre économie dans les années à venir. Seul un Plan de mobilisation nationale pour l'innovation nous permettra de le relever. Outre un effort significatif en faveur de la recherche publique et privée - l'objectif étant de consacrer dans dix ans 3 % du PIB à la recherche développement, soit un effort supplémentaire de 50 % par rapport à la situation actuelle -, ce plan devra prévoir un statut de la jeune entreprise innovante qui est avide de meilleures relations entre entreprises et chercheurs publics.

Aujourd'hui, les nouvelles technologies s'installent dans toute l'économie, dans tous les processus de production, de décision et d'information. Quel jugement portez-vous sur ce phénomène de "e-transformation"?
Il est encore un peu tôt pour en tirer toutes les conséquences. Elles sont diverses selon les secteurs. Mais les évolutions sont en marche, rien ne pourra stopper ce mouvement. La France doit avancer au rythme du monde. Il faudra seulement que les pouvoirs publics veillent à en corriger au fur et à mesure les éventuels effets pervers - je pense par exemple à la cybersurveillance des salariés - en instaurant une régulation adéquate.

Pour les entreprises, l'e-transformation est aussi synonyme d'investissements, en une période pas forcément favorable. Que peut faire la puissance publique, en France comme en Europe, pour favoriser la compétitivité, le dynamisme, l'amélioration des infrastructures technologiques ou des savoir-faire?
C'est ce grand plan de mobilisation nationale pour l'innovation dont j'ai parlé qui doit permettre de redynamiser les investissements technologiques. J'ai l'ambition de faire de la France le premier pays en Europe pour l'innovation. Je veux qu'on puisse venir s'installer en France pour créer de l'activité et des emplois. Je suis sûr qu'une telle ambition est partagée par les Français qui voient tous les bénéfices pour eux-mêmes et pour l'image de notre pays.

La recherche privée doit être favorisée ; le statut de la jeune entreprise innovante qui consacre la moitié de ses dépenses en recherche le permettra. L'investissement dans la recherche publique ne doit pas pour autant être ralenti. Il peut compenser les difficultés des entreprises en période de ralentissement. Il peut et doit surtout leur profiter grâce à un resserrement des liens avec les entreprises. Il est grand temps, dans le monde de la recherche comme ailleurs, de faire tomber les murs étanches et souvent idéologiques qui séparent privé et public. Le combat pour l'innovation doit au contraire être l'occasion de voir ensemble la France en grand.

Comment assurer la formation permanente des salariés qui doivent en évoluer et progresser dans leur savoir-faire et leur carrière ?
Il s'agit d'un autre aspect de l'investissement dans l'avenir de notre pays. La formation permanente doit permettre aux salariés qui n'ont pas d'emploi d'en retrouver un, certes. Mais notre ambition doit être plus grande. Je propose la création d'une véritable "assurance emploi". Elle concernera l'ensemble des salariés afin qu'ils puissent progresser tout au long de leur vie professionnelle et envisager l'avenir avec sérénité, quelles que soient les mutations économiques ou technologiques que rencontreront leurs employeurs. Ainsi un "compte personnel de formation professionnelle" sera ouvert à chaque Français et lui permettra de se former tout au long de sa vie active, sur la base d'un accord de branche ou d'entreprise. Les structures de la formation continue devront s'y adapter.

Quels aménagements réglementaires pourraient favoriser les nouvelles façons de travailler que permettent les nouvelles technologies et auxquelles aspirent les Français, le télétravail notammentt ?
L'introduction des nouvelles technologies peut être facteur d'épanouissement mais aussi, dans de nombreux cas, de bouleversement dans le travail et de stress. Pour certains, travailler à la maison est une souplesse ; pour d'autres c'est une astreinte insupportable.

Le constater sans en tirer toutes les conséquences dans l'organisation du travail, c'est se priver de tirer tous les bénéfices des technologies de l'information. Autrement dit, je souhaite que les entreprises fassent preuve de souplesse, en s'adaptant aux situations particulières, et non d'une flexibilité aveugle, qui se ferait au détriment de la vie du salarié. Il est désormais indispensable d'adapter nos règles sociales à l'avènement de la société numérique. La méthode s'impose d'elle-même : c'est celle du dialogue social. Car lui seul permet la prise en compte de la variété des situations, des entreprises comme des salariés.

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