Yahoo, l'un
des moteurs de recherche les plus populaires dans le monde, va
annoncer une batterie de nouveautés en France en 1999 : ventes
aux enchères, services "communautaires" ("chat", club....). Grégoire
Clémencin, le "monsieur contenu" de Yahoo France, décrit ces nouveautés,
en gardant un oeil sur son principal concurrent Voila.
Propos recueillis par Philippe Guerrier le 11
mars 1999 .
JDNet
: Quels rapports
entretenez-vous avec Yahoo US ?
Grégoire
Clémencin : Nous sommes clairement une filiale. Notre objectif
est d'adapter les projets de Yahoo dans la culture locale en prenant
en compte des critères géo-linguistiques. Il existe des projets
communs à tous les Yahoo. La façon dont nous les implémentons
représente notre indépendance. Nous pilotons les accords menés
avec des tiers pour les partenariats, les commercialisations d'espaces
publicitaires. Il nous est arrivé quelques fois de mettre en place
des rubriques spécifiques, par exemple une rubrique "horoscope"
qui n'existe pas aux Etats-Unis...Les nouvelles rubriques passent
une phase de test. Nous les remanions de notre côté, tout
en faisant des économies car nous profitons de l'expérience acquise.
Quel
délai est nécessaire pour qu'un concept de Yahoo
US arrive en France ?
C'est variable. Il ya des choses presques concommittantes. Par
exemple, pour la Coupe du monde de football par exemple Ca dépend.
Il faut être pragmatique. Par exemple, le service courrier électronique
existait aux Etats-Unis depuis deux ans. Nous avons attendu car
nous estimions que le projet n'était pas môr pour la France. Autre
exemple : depuis fin 98, il existe des ventes aux enchères Yahoo
US, qui vont vraisemblement arriver dans les mois qui viennent
en France.
Combien
de pages vues pour Yahoo France ?
Nous communiquons les chiffres sur une base trimestrielle. Les
derniers dont nous disposons remontent à décembre 98 : 60 millions
de pages vues par mois. Selon une étude MediaMetrix, 1,2 million
de personnes déclarent s'être connectées au moins une fois sur
le site au cours des trois derniers mois de l'année 98. En juin
dernier, nous avons enregistré entre 850 et 900 000 personnes.
Les 2/3 de notre trafic est réalisé avec notre outil phare, le
moteur de recherche. L'ensemble des services autres que la base
de données représente le tiers restant (rubriques actualités
et autres services). La partie "actualité" marche très
fort également, grâce à notre offre exceptionnelle d'informations.
Nous présentons des revues de presse et des dossiers de presse
sur le web francophone. Je crois que le service "Yahoo Finance"
marche moins fort qu'en Allemagne ou au Royaume-Uni, dô essentiellement
à des différences culturelles. On ne désespère pas de changer
la tendance. Je trouve que les Français restent assez timorés
en matière de finance et restent moins intéressés que le reste
de l'Europe. La gestion de portefeuille en ligne a permis de relancer
l'intérêt pour ce service.
Comment exploitez-vous l'information
chez Yahoo France ?
Yahoo
n'a jamais été producteur d'informations et ne sera pas jusqu'à
nouvel ordre. L'information est préparée par des tiers externes.
En qualité de client, nous recevons des fils d'agences AFP, AP
et de notre partenaire historique Reuter's. Nous diffusons en
moyenne 600 dépêches sur Yahoo France, ce qui représente le noyau
de l'information. Maintenant, notre travail consiste à étoffer
ce contenu. Nous avons signé des partenariats avec des acteurs
plus éditoriaux : Le Monde, Libération, Infos Sciences...Par exemple,
avec Le Monde, nous convenons d'une sélection d'articles, que
nous publions in extenso sur Yahoo France. Nos relations ne sont
pas forcément fondées sur un échange de contenus. Nous cherchons
de notre côté à asseoir notre crédibilité en matière d'informations
tandis que nos partenaires cherchent avant tout de le visibilité
sur Yahoo pour acquérir de la notoriété auprès des internautes.
Nous ne demandons jamais une exclusité de contenus. Nous préférons
la diversité des sources.
Comment
va évoluer Yahoo France ?
Nous
nous orientons vers davantage d'autonomie avec la nomination récente
d'un directeur général pour Yahoo France (Philippe Guillanton,
NDLR). En matière de développement, c'est une année assez chargée.
Nous allons avoir des cadences vives de nouveaux produits. Nous
allons lancer un service "petites annonces" (emploi, immobilier,
automobile) imminement. Dans le courant de l'année, le service
"ventes aux enchère" va également faire son apparition. D'autres
plus thématiques sont en préparation : forums de discussion, chambre
de discussion. Nous travaillons également sur le concept de Yahoo
Club qui existe déjà aux Etats-Unis. Yahoo met à la disposition
de membres d'une communauté un espace qui leur est dédié. L'un
des grands axes concerne la rubrique "shopping" qui en est à sa
version zéro en France. Nous disposons d'un premier niveau de
service : un catalogue de sites marchands francophones externes
à Yahoo. La prochaine étape sera un service de transaction en
ligne sur Yahoo, une sorte de galerie marchande.
Des
critiques sont émises concernant le délai jugé trop long nécessaire
pour le référencement chez Yahoo. Comment comptez-vous y répondre
?
Nous
avons actuellement plus de 62 000 sites francophones référencés.
Il est vrai que nous sommes très sollicités. Nous avons plus de
600 propositions de sites par jour pour le référencement, qui
est gratuit. Ce nombre ne cesse d'augmenter. Nous traitons du
mieux possible les demandes mais il est clair que le problème
va aller en s'accroissant. Nous avons un travail de veille à réaliser
également de notre côté.
Comment
se porte les services Yahoo Courrier et Mon Yahoo ?
Le
service de messagerie électronique est apparu en fin octobre 98.
Tout ce que je peux dire, c'est que sa croissance est supérieure
à celle observée lors du début de son modèle aux Etats-Unis. Quant
au service de personnalisation Mon Yahoo, son développement est
tout à fait honorable. Nous n'avons pas à rougir.
Quelles
sont vos ressources publicitaires ?
Nous ne publions que les chiffres globaux de Yahoo.
En France, nous avons enregistré 270 annonceurs en 1998.
Comment
considérez-vous la concurrence ?
La plus sérieuse est Voila. Leurs moyens sont incommensurables
par rapport aux notres. Ils ont un budget communication pour le
premier semestre 1999, que nous ne possédons pas. De plus, grâce
à leur maison mère (France Télécom), ils ont des positions dominantes
( par exemple l'exploitation d'annuaires). Toutefois, nous avons
de la chance d'avoir répondu présent avant eux et nous jouons
d'ailleurs sur notre historique et notre réseau Yahoo à travers
le monde.
Quel
est votre site d'information favori ?
Je consulte le plus souvent Yahoo Actualité. Avec
toutes les sources d'informations, je m'y retrouve.
Quel est votre site favoris en dehors
de vos activités professionnelles ?
J'ai de moins en moins le temps de voir ailleurs
mais j'aime beaucoup le site Perseus.com, édité par une université
américaine avec des textes latins et grecs.
Achetez-vous des produits sur le Net
?
J'achète très rarement des articles en ligne. Pour
les livres, je préfère encore me rendre dans les librairies.
Qu'aimez-vous sur le Net ?
Le foisonnement d'informations. Le fait de pouvoir
préserver les différentes langues et les cultures.
Qu'y détestez-vous ?
Le spamming. Je reçois plus de 300 mails par jour,
dont un grand nombre non désiré.
Grégoire Clémencin, 37 ans, est entré chez Yahoo début 1998.
Il a travaillé pendant quinze ans en qualité de consultant pour
la société Erli (informatique documentaire, techniques linguistiques).
Yahoo France en chiffres