Banexi Ventures Partners est la société de capital risque gérante
du fonds Banexi Venture II, levé en 1998 à hauteur
de 400 millions de francs. Depuis 1983, la société,
filiale de BNP Private Equity, a investi près de 650 millions
de francs dans plus de 200 entreprises avec une préférence
pour les start-ups technologiques. Pour les dotcom, elle a récemment
investi dans Kelkoo, le guide d'achat de Pierre Chappaz. L'occasion
de faire le point avec Michel Dahan, le président du directoire,
sur la façon dont Banexi Ventures compte s'impliquer dans
l'internet.
Propos recueillis par Jérôme
Batteau le 22 février 2000
.
JDNet:
Il semble que Banexi ne s'est pas engouffrée
au même rythme que les autres dans les dotcom. Est-ce stratégique?
Oui, depuis 15 ans que nous existons, la culture de Banexi a toujours
été axée sur les sociétés très
technologiques. Donc nous nous impliquons dans l'Internet qui
ne se voit pas. Ce que l'on appelle la couche physique, comme
la fibre optique ou les semi-conducteurs. Et quand on voit l'évolution
du marché avec des sociétés comme Cisco,
je pense que nous avons fait le bon choix car ces sociétés
conditionnent en partie l'avenir de l'Internet. L'année
2000 en sera un bon exemple à mes yeux.
Banexi
a levé, en 1998, un fonds de 400 millions et en aura investi
300 à la fin du semestre 2000. Ce n'est pas énorme
lorsque l'on voit tous les montants actuels?
Tout d'abord ce n'est pas la taille du fonds qui fait sa qualité.
Pour notre part nous existons depuis 1983, nous avons investi
dans 200 sociétés et disposons donc d'une solide
expérience. D'autant que l'on rentre dans un monde où
ce ne sont pas les investisseurs qui cherchent les projets mais
l'inverse. Et pour le porteur de projet, la qualité de
l'entourage prime sur la taille de l'investissement. Mais pour
répondre à votre question notre puissance de feu
a un énorme potentiel puisque nous bénéficions
du soutien de BNP/Paribas et nous sommes partenaires du Financial
Technologies Ventures à San Francisco qui, comme la plupart
de nos investisseurs, est prêt à investir à nos côtés
Vous
avez beaucoup d'investissements dans la biotechnologie. Comment
expliquez-vous que ce secteur se soit effacé au profit
de l'Internet?
C'est un peu logique dans la mesure où le retour sur investissement
dans l'Internet est plus rapide et important. La biotechnologie
porte, elle, beaucoup plus sur du long terme. De plus ce secteur
a traversé ces trois dernière années une
période assez noire qui a freiné un peu tout le
monde. Mais l'année 2000 devrait être excellente.
Un tiers de notre portefeuille est d'ailleurs constitué
de start-ups du secteur de la santé.
Et
la part des autres investissements?
Actuellement c'est à peu près un tiers d'Internet-informatique
et un tiers de "couche physique".
Votre
seul investissement sur une dotcom porte sur le guide d'achats
Kelkoo. Pourquoi?
D'abord parce que nous sommes très sélectifs sur
Internet. Ensuite parce que, comme je vous l'indiquais, nous nous
focalisons sur la technologie. Or Kelkoo dispose de solides atouts
dans ce domaine. De plus Pierre Chappaz, son PDG, a une culture
marketing et technologique à l'échelle européennne
assez rare dans le milieu. Mais je vous signale qu'In fusio (Internet
et GSM) et Think and Link (société d'ingénierie
qui développe un service équivalent à un
centre d'appels pour le courrier électronique), deux sociétés
de notre portefeuille peuvent être aussi considérées
comme de vraies valeurs Internet. Donc quand nous investissons
la question fondamentale est de savoir : est-ce qu'il y a de la
technologie et est ce que l'Europe a un avantage sur les Etats-unis
?
Que pensez vous de l'activité du capital risque en ce moment.
N'y a-t-il pas une forme de surenchère auprès des
dotcom notamment?
Il y en a peut-être un petit peu. Mais il faut savoir qu'il
y a encore deux ans, on avait peu de projets pour un grand nombre
d'investisseurs. Il est donc logique d'assister à un engouement
maintenant que l'offre est énorme. Même si évidemment
cela passe par une période de turbulences qui va encore
durer quelques années. Le phénomène ne faisant
que commencer. Il suffit pour s'en persuader de voir les cadres
de grands groupes qui abandonnent des postes au sommet pour créer
des start-ups, ou les introductions en bourse qui se succèdent.
Mais, et dans notre métier je pense que nous le mesurons
assez bien, il faudra savoir faire face aux échecs. Ceux
qui n'en ont pas pris conscience vont avoir de lourdes désillusions.
Certains
capitaux-risqueurs considèrent que les projets BtoB sont
les plus alléchants. Et vous?
Je suis assez d'accord avec ce point de vue d'autant qu'en France,
le Minitel a permis un réel essor de la mentalité
BtoB. Et la complexité de la distribution conforte ce genre
de projets. Mais
il faudra éviter de copier les modèles américains.
Même si pour l'instant je trouve qu'il n'y a quand
même pas grand chose de concret dans ce domaine. Je pense
d'ailleurs que les bons projets seront aussi ceux qui porteront
sur la personnalisation du consomnateur et la relation-client
qui est une grande spécialité européenne.
Think and Link en est un bon exemple.
Les
Français seraient t-il subitement devenus entrepreneurs?
Oui et ce pour deux raisons. La première est que les Français
ont pris conscience
depuis quelques années du concept "small
is beautiful". Ce qui les pousse à vouloir créer
leur entreprise. Deuxièmement il ne faut pas négliger
le poids de l'histoire. Les Français ont toujours été
amoureux de la technique et de l'industrie. Regardez par exemple
cette merveille technologique et cette réussite financière
qu'est l'Airbus.
Vous
parlez de l'industrie qui serait chère aux Français
mais il semble que certains créateurs de start-ups ne pensent
qu'à revendre leur société pour faire une
bonne affaire?
C'est effectivement une des perversions du sytème. Disons
que quand une société décide de vendre car
elle ne peut plus faire face à son développement
cela est normal. En revanche quand le projet est structuré
uniquement autour de cette objectif cela est choquant.
Cette
aspect là mis à part, l'année 2000 sera t-elle
celle de l'Europe pour le high-tech?
C'est évident. Les projets sont énormes notamment
dans le commerce électronique. De plus je suis persuadé
qu'on va voir les talents européens à l'oeuvre.
Une chose ne trompe d'ailleurs pas. Les américains sont
en train d'abandonner leurs postes aux USA pour s'installer en
Europe. C'est quand même un signal fort.
Michel
Dahan, 50 ans, est diplômé de l'Ecole Polytechnique
(1969) et de l'ENSAE. Passionné par les Mathématiques
et l'Economie il est passé du public au privé, d'entrepreneur
à business angel . Après un début de carrière
dans différents ministères, il devient, en 1981,
conseiller technique au Cabinet de Pierre Dreyfus, ministre de
l'Industrie avec pour attributions l'électronique, l'nformatique,
l'espace, les télécommunication et la Communication (Plan c’ble,
satellites... ). En 1983 il se lance dans l'aventure de la SSII Steria
où il crée une filiale de Génie Logiciel. En 1988, lassé
du peu de soutien des dirigeants, il rejoint la SSARI de Jean
Guetta à qui il voue une grande admiration. La société
sera revendue en 1994. Toujours taraudé par l'envie d'opérer
dans le capital développement, il initie alors sa propre
structure de fusion acquisition avant de rejoindre finalement
en 1996 les rangs de Banexi Partners Ventures.
Banexi
Venture II
|
Closing
: 1998
400 millions de francs
(1/3 investis)
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Investissements
Internet et informatique
|
Animation. Atsm Emme, Getris, Guillemot, Ilog, In Fusio,
Kelkoo, Lexiquest, Masa ,Nemo
|
Santé
|
Modex Therapeutiques,
Synthem, Merist Therapeutics, LND
|
Investissements
électroniques et semi-conducteurs
|
Algety,
Highwave Qualiflow, Si Automation, Soitec, Wsi 5
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