Interviews

Jacques David
Directeur du commerce électronique

La Poste

La Direction du commerce électronique de La Poste, créée en décembre 1998, a vocation d'être l'interlocuteur des entreprises qui souhaitent s'engager dans le commerce électronique. La Poste est en position forte en ce qui concerne l'aspect logistique (stockage, traitement des commandes, livraison, facturation, gestion des retours). Jacques David, son directeur, nous explique la stratégie de La Poste dans ce domaine.

Propos recueillis par Benoît Grange le 21 septembre 1999 .

JDNet : Comment est née la Direction du commerce électronique de La Poste ?
Jacques David: Elle a été créée à la suite d'un rapport que j'avais remis au directeur de La Poste, il y a de cela un an, qui portait sur l'impact du commerce électronique sur les différents métiers de La Poste, à savoir sur le courrier, les colis et les services financiers. Notre direction est rattachée à la branche colis-logistique de La Poste.

Quels aspects du e-commerce abordez-vous ?
Nous avons trois métiers différents. Le premier, c'est le conseil et l'expertise pour l'ensemble des opérateurs de La Poste et pour nos filiales, comme Chronopost ou nos opérateurs colis comme Publi-Trans. Le deuxième métier, qui est en train de prendre de l'ampleur, est de se transformer en "business unit" en instaurant un dialogue commercial avec les marchands électroniques. C'est un guichet unique des offres de tous nos opérateurs que nous mettons en place. Enfin, nous préparons l'offre de demain en matière de commerce électronique et de système d'informations.

Comment La Poste aborde-t-elle le e-commerce en France?
C'est un marché considérable pour nous. Si le commerce électronique se développe, il faudra bien au bout de la chaîne, livrer le colis, d'où l'importance de la partie transport et logistique. Nous bénéficions pour cela de notre expérience acquise depuis des années avec la vente par correspondance. En matière de transport de colis sur la France et l'Europe, cela représente envrion un chiffre d'affaires de 13 milliards de francs par an. Mais par rapport à ce chiffre d'affaires, la part du commerce électronique n'est pas encore très significative.

Comment faire face à la concurrence dans le domaine de la livraison express sur Internet ?
En matière de colis, La Poste se situe sur un marché concurrentiel. Nos concurrents se situent principalement sur la livraison du colis aux particuliers, dans le marché B to C. Grâce au réseau des 17.000 bureaux de postes, nous avons donc une facilité pour livrer les colis. Le commerce électronique est par essence international. C'est pourquoi nous avons des accords dans toute l'Europe pour proposer une offre européenne à nos clients. Nos partenariats vont encore se développer à l'avenir. C'est le fer de lance de notre stratégie dans le commerce électonique auquelle j'y ajoute deux élements: le marketing direct, par le biais du courrier papier, et deuxièmement, une offre de gamme d'envois de courriers plus large en bénéficiant du Net.

Avec quels partenaires montez-vous des solutions e-commerce ?
Dans l'ordre, nous avons signé un partenariat avec France Télécom pour Télécommerce au mois de juin. Cela permet d'apporter aux clients de Télécommerce la fin de la chaîne, à savoir, le transport de livraison. C'est un accord qui vise plus particulièrement une clientèle de PME et de commerçants. Cela marche très bien. Résoudre tous les problèmes en un seul package à un grand sens auprès des marchands. Nous sommes en train de faire la même offre pour "e-comptoir" avec IBM. Cette offre n'est pas totalement finalisée et sera disponible avant la fin de l'année. Elle sera à destination des très petites entreprises. Nous la complétons avec notre offre de logistique.

Quels rapports entretenez-vous avec les sites marchands ?
Il y a deux catégories d'entreprises. La première, ce sont les grands marchands, comme ceux de la VPC, avec lesquels nous travaillons depuis longtemps ou des grands entreprises qui sont apparues exclusivement sur Internet, comme Alapage. Pour ces derniers, nous faisons du sur-mesure. Pour les PME-PMI, nous avons une approche un peu différente. Nous passons par un réseau intermédiaire de prescripteurs, comme Télécommerce ou IBM, qui présentent des modules adaptés à leurs besoins.

Vous visez à la fois le B to B et le B to C?
Oui. Il faut avouer que le BtoB va considérablement se développer dans les mois à venir, plus que le BtoC. Le BtoB pose, en termes de logistique, beaucoup moins de problèmes. Le nombre d'acteurs est plus limité. C'est plus simple de livrer une entreprise qu'un particulier et les deux personnes se connaissent. Le BtoB est le vecteur du développement du commerce électronique, car il simplifie les procédures.

En quoi l'Internet révolutionne-t-il la logistique ?
Internet révolutionne la livraison dans le sens où il nécessite un affinement. Il permet d'améliorer et d'accélérer le processus de distribution. Comme les clients ont accès au catalogue en quelques clics, il faut être plus rapide et que la livraison suive. Enfin, Internet peut fournir plus d'informations aux clients et aux marchands. Il ouvre la voie au "tracking" en ligne des produits. Il est possible de savoir où se situe son produit dans la chaîne de livraison en allant sur le site du transporteur ou du commerçant. C'est important pour deux raisons majeures: cela améliore la qualité de la prestation et cela rentre dans la politique marketing du site. C'est un point sur lequel nous travaillons actuellement. La logistique est le seul point de contact physique du commerce électronique.

Les commerçants sont-ils assez sensibilisés sur ce point ?
L'année 1998 a été celle de la sécurité des paiements électroniques. On a été beaucoup "terrorisés" sur ce point. Je pense que 1999 est l'année de la logistique. Les gens commencent à prendre conscience qu'après le paiement, il y a une autre étape, celle de la livraison.

La prochaine étape, ce sera l'apparition de logiciels de "web-logistique" ?
Très certainement.Ce sera une interface entre les systèmes d'information des transporteurs et ceux des marchands. Un outil qui deviendra nécessaire lorsque le trafic sur Internet va augmenter.

Avez-vous des sites préférés ?
Pas vraiment. Je ne raisonne pas de cette manière. Je fonctionne beaucoup par la demande. Dès que j'ai besoin d'une information, je vais sur Internet. J'ai une utilisation très pratique d'Internet, un peu comme un dictionnaire ou une encyclopédie.

Vous achetez en ligne ?
Très régulièrement. J'ai déjà acheté du matériel informatique, des livres, des disques, des billets d'avion. J'ai récemment acheté un casque pour mon micro-ordinateur. Je ne l'ai pas trouvé dans les magasins, mais sur Internet. Et livré le lendemain.

Jacques David, 50 ans, est directeur du commerce électronique à La Poste depuis 1998. Il était auparavant Directeur général de VTCOM et Président de CVF, filiales du groupe France Télécom. Il est diplômé de l'IEP de Paris et titulaire d'une maîtrise de science économique.







Dossiers

Marketing viral

Comment transformer l'internaute en vecteur de promotion ? Dossier

Ergonomie

Meilleures pratiques et analyses de sites. Dossier

Annuaires

Sociétés high-tech

Plus de 10 000 entreprises de l'Internet et des NTIC. Dossier

Prestataires

Plus de 5 500 prestataires dans les NTIC. Dossier

Tous les annuaires