Alors que
"6e sens" entame les demi-finales de la coupe Louis-Vuitton,
ledefi.com
relaie l'information autour de la compétition. Une équipe
à Auckland est chargée d'animer ce site événementiel
financé par les deux sponsors du défi français
Bouygues Télécom et Transiciel. Thierry Espalioux
témoigne de l'énergie que son équipe doit
déployer pour couvrir toutes les facettes de la compétition
puis diffuser l'information en ligne. A l'évidence, ce
n'est pas de tout repos.
Propos recueillis par Philippe Guerrier le 27
décembre 1999 .
JDNet : "Vivre
de l'intérieur le troisième événement sportif du monde", ça
consiste en quoi exactement?
Thierry Espalioux : Un rappel d'abord. L' America's
Cup, c'est douze équipes en compétition pendant cinq mois, près
de 1.500 personnes mobilisées (équipes, juges, organisation,
attachés de presse... ), 500 régates disputées, 600 journalistes
accrédités, 5, 5 milliards de téléspectateurs en audience cumulée... La
particularité de l'équipe rédactionnelle de ledefi.com, c'est
de vivre au sein de l'équipe du défi Bouygues Telecom-Transiciel.
Les journalistes sont partout: entraînements physiques, régates,
conférences de presse, briefing, paddock de la base française,
soirées... Nous avons voulu jouer le concept d'immersion au maximum.
Je pense que c'est notre point fort.
Comment
couvrez-vous au quotidien L'America's Cup?
L'équipe éditoriale est composée de six personnes et deux stagiaires:
quatre journalistes spécialisés, un photographe et un webmaster
sont en Nouvelle-Zélande pour assurer la couverture de la Coupe.
C'est une équipe jeune et à 50% féminine. Nous souhaitons apporter
un regard nouveau sur la Coupe. Plus humain, plus proche, plus
pédagogique et didactique. Nos objectifs initiaux consistaient
à offrir un service d'informations permanent, réactif et complet
aux multiples cibles naturelles du défi (supporters, grand public,
étudiants, salariés, journalistes... ), tout en développant l'image
du défi français.
Quel
est le contenu de www.ledefi.com ?
La Louis Vuitton Cup se déroulant dans l'hémisphère sud, l'Internet
permet une diffusion en temps réel des résultats des régates.
Ainsi, et compte tenu du décalage horaire, le site a été élaboré
sur le concept du "journal de la nuit". Nous avons estimé
que le moyen le plus judicieux pour couvrir cette compétition
à 20.000 kilomètres de la France était de mettre en place un véritable
journal en ligne chaque soir, disponible à partir de 7 h 30 heure
du matin, heure française. Nous avons 12 heures d'avance sur les
bouclages des journaux. C'est un véritable quotidien en temps
réel... Depuis le 18 octobre, nous assurons la couverture en direct
des courses du défi via un système de retransmission GSM. Enfin,
nous possédons une banque d'images exceptionnelle avec plus de
1.000 clichés, classés par thème et par ordre chronologique. Mais
le site possède également un contenu "froid" exhaustif sur le
défi. Deux grands modules: le défi et la Cup. A l'intérieur des
centaines de fiches thématiques, des dizaines de fonctionnalités,
des ramifications d'informations, des rubriques... Le site a nécessité
près de trois mois de préparation.
Considérez-vous
que l'information que vous diffusez est exclusive?
Il y a deux types d'informations: l'information officielle que
nous recueillons lors les régates ou lors des conférences de presse
officielles. Mais il y a également et surtout la couverture de
l'équipe. Dans ce domaine, nous sommes les premiers. Pour assurer
ce "rendu", l'équipe éditoriale se concentre, stratégiquement
sur le défi (droit d'accès à la base, aux interviews, aux photos,
au bateau, etc). La couverture des briefings, les travaux sur
"6e Sens" ou la vie quotidienne de l'équipe, nous sommes
les seuls à pouvoir bénéficier de ces reportages et interviews.
Au-delà des régates, des statistiques et des classements, le public
attend ce genre d'informations. Le développement du bateau, les
plannings, les habitudes, les entraînements, les stratégies... Nous
bénéficions de l'info à sa source.
Comment
se déroule une journée au quotidien pour la couverture ?
La journée débute par une conférence de rédaction à
9h30 avec l'ensemble des journalistes. Nous faisons le tour de
la presse, des sites officiels, du planning. Le "live"
débute à midi et mobilise deux journalistes, l'un au centre de
presse, l'autre sur le plan d'eau. Le moment le plus critique,
c'est le retour des équipages à terre, vers 16 heures. Entre la
conférence de presse officielle, les interviews à réaliser sur
la base, les articles à rédiger, les photos numériques à traiter
et à mettre au format, c'est le rush . Nous tenons à boucler à
19 heures, même si parfois nous sommes obligés de retarder en
raison de courses lancées tardivement. Les deux difficultés majeures
de la couverture de la compétition à Auckland, sont à mon sens
l'éclatement des lieux de reportages et la dépendance aux conditions
météorologiques. Mais la caractéristique principale de la Coupe
de l'America, c'est sa durée. Or nous travaillons au rythme du
quotidien. Il faut donc pouvoir tenir sur la période. C'est un
marathon. Depuis le 18 juin, le fil d'informations en continu
du defi.com, mis à jour 24 h/24, compte plus de 700 articles.
C'est considérable.
D'autres
concurrents ont-ils suivi ce type de couverture sur Internet?
Dix des treize syndicats présents à Auckland, disposent d'un site
Internet. Si ces sites sont souvent très esthétiques, ils sont
en revanche très pauvres en informations. Seul l'attaché de presse
y dépose le communiqué officiel. Ce sont des sites corporate,
de promotion, souvent partisans. Des vitrines. Nous n'avons pas
la même logique. Depuis le départ, notre positionnement n'est
pas le même. Nous avons voulu faire de ledefi.com, le site francophone
de référence sur la Coupe de l'America. Nous sommes plus proches
de la dialectique des deux sites officiels de l'épreuve que des
sites des autres concurrents.
Depuis
le début de la compétition, quels sont les chiffres d'audiences
?
4 millions de pages vues depuis le début de la Louis Vuitton Cup,
le 18 octobre. Le nombre de connectés sur cette même période est
de 297.320. Le nombre de pages vues par jour est de 62.000. La
durée moyenne de consultation est de 12 minutes. Le record est
une pointe à 300.000 pages vues lors de la casse de "Young
America". Les treize premiers jours de décembre, nous avons
fait plus d'un million de pages vues, avec des pointes à 180.000
internautes en moyenne à la fin du troisième Round Robin. Nous
avons profité du Salon Nautique et de la bonne couverture média
en France. Les résultats de l'équipe française y sont également
pour beaucoup. Nous sommes très satisfaits par le trafic. A terme
(c'est à dire au mois de mars 2000), notre objectif est de 20
millions de pages vues pour l'ensemble des sites exploités avec
les partenaires. Aujourd'hui, ledefi.com et l'ensemble des sites
exploités co-brandés, représentent plus de 40% de part de marché
des sites consacrés à l'America's Cup sur l'Internet français.
Nous avons monté plusieurs deals de diffusion. Un couplage média
TF1.fr-ledefi.com, un partenariat de promotion avec World Online,
Lycos et Nomade durant la semaine de lancement. Nous avons développé
des "mini-sites de distribution", reprenant la quasi-totalité
du journal de la nuit, co-brandés sur Libération et Sail
on Line. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes en concurrence
avec le site officiel de la Louis
Vuitton Cup et le site officiel de l'America's
Cup. Ces deux sites devraient faire 1 milliard de pages vues.
La logistique et les moyens engagés sont très impressionnants:
locaux dédiés, deux rédactions de 25 journalistes, des innovations
techniques comme Virtual Spectator... C'est David contre Goliath.
Qu'apprécient
les internautes sur le site ?
La rubrique "Ramenez-nous la Coupe" est le
rendez-vous des passionnés et des aficionados. Cette template
dédiée aux communautés et aux supporters comprend six softs permettant
une interactivité entre les Internautes: forums thématiques, chats,
mails personnalisés, e-cards et screen-saver. Le forum et le jeu
en 3 D "Virtual skipper", réalisé par Mendel, sont les fonctionnalités
les plus appréciées. Mais il faut bien garder à l'esprit que la
plus-value du site, ce sont les news. C'est un site d'informations
avant tout.
La
boutique marche-t-elle ?
Elle est ouverte depuis le 6 décembre et on y trouve les produits
dérivés du défi. En l'espace de quinze jours et sans aucun support
médiatique, le chiffre d'affaires de la boutique s'élève à 45.000
francs.
Qu'attendent
les sponsors du site ?
Pour nos partenaires et compte tenu du trafic sur le site, le
pari du web est gagné. Pour Transiciel, maître d'oeuvre, ledefi.com
était une grande première. On est très loin d'un site purement
corporate. C'était un gros pari de se lancer dans l'événementiel
sportif et les sites d'informations. Mais l'objectif est atteint.
Du coup, Transiciel a décidé de monter une agence e-business spécialisée
dans le web. Chez Bouygues Telecom, la problématique était différente.
Le but était de mettre en valeur le projet sponsoring et fidéliser
des clients potentiels.
Le
site ledefi.com est-il rentable ?
Notre régie publicitaire Real Media est en charge de la vente
d'espace. Nous avons déjà eu plusieurs campagnes (Peugeot 607,
Ford, Château on line... ). Il existe bien un modèle économique de
l'Internet. Ces rentrées publicitaires ne sont pas négligeables,
mais il ne faut pas oublier que ledefi.com s'intègre dans un plan
marketing global.
Thierry
Espalioux, 28 ans, diplômé d'une maîtrise de sciences
politiques (Paris I Panthéon- Sorbonne) et de l'Ecole supérieure
de journalisme de Paris. Il a travaillé au Service de presse
du ministère de la Défense. Entre décembre 1997 et décembre 1998,
il a été rédacteur en chef chez Connectworld (agence
de marketing interactif). Il est rédacteur en chef, print et web
au sein du défi Bouygues Telecom-Transiciel à l'occasion
de l'America's Cup.
Ledefi.com
en chiffres
Budget
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Objectifs
en termes d'audience
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Entre
10 et 30 millions de pages vues sur l'ensemble des sites
exploités par les partenaires
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Partenariats
et
co-branding
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Yahoo
France, tf1.fr
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Moyens
informatiques
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Plate-formes
NT et Linux IIS, Oracle Application Server, base de données
SQL Server 7.0, Oracle 8i
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