Florian Grill,
fondateur de Co-Spirit
Group, est à la tête "d'un groupe de communication
global intégrant la plupart des métiers de la communication".
Alors qu'il entend regrouper ses activités autour de six
pôles, il s'explique sur sa stratégie, sur ses projets
boursiers et sur l'évolution du marché de la publicité
en ligne.
Propos recueillis par Fabien Claire le 11 mai 2000
.
JDNet.
Vous avez créé Co-Spirit avec vos associés
à partir de l'agence de média-planing @Médiatrack
et de SDGP, votre société de marketing hors-média.
Pourquoi un tel mariage ?
Florian Grill: L'idée a été de créer
un one shot shopping pour nos clients, en leur offrant une prestation
globale en matière de communication. Nous ne sommes pas
des ayatollahs de l'Internet et notre offre est multilingue, reposant
à la fois sur de la communication traditionnelle média
et hors média et sur la communication Internet. Les annonceurs
ne segmentent pas leur problématique de communication par
type de média, d'où l'intérêt de leur
offrir un service complet.
Le
groupe apparaît pourtant aujourd'hui comme un ensemble d'enseignes
hétéroclites, avec des société comme
Caddi, Cross-Content, @médiatrack, SDGP, Start-up only,
Promo-Régie et autres. Pourquoi cette organisation ?
Nous sommes justement en train de regrouper nos activités
autour de six pôles, afin d'éviter cette image éparse.
N'oublions pas que ce groupe est très jeune et que nous
venons simplement de monter à 100% dans le capital des
sociétés du groupe. Nous somme maintenant en train
de structurer le groupe autour de ces pôles (média,
contenu, régie, veilles et études internationales,
agence). Il est vrai que nous avons un travail de communication
à faire autour de cette logique de pôles.
Comment
situez-vous votre rôle par rapport à celui des agences
média ?
Nous sommes un groupe de communication global intégrant
la plupart des métiers de la communication. Nos clients
commerçants sont devenus également des médias
avec Internet et nous leur offrons la panoplie globale de communication
à la fois média et hors média. Les Carat,
Médiapolis et autres sont des concurrents de notre seul
pôle média. Notre offre est beaucoup plus complète.
Le vrai problème aujourd'hui pour les entreprises est de
travailler la relation-client en général. C'est
ce que nous appelons le marketing relationnel humanisé.
L'enjeu majeur pour demain est de revoir la relation client-marchand.
La question est de savoir ce qui fera que, demain, je choisirai
d'aller acheter mon vin chez chateauonline plutôt que chez
1855 ou autres. Pour moi, le vrai critère, c'est la qualité
de la relation qu'une marque va développer avec son client
final.
Vous
revendiquez près de 10% de part de marché avec sur
le marché publicitaire en ligne. Quels sont vos principaux
clients?
Nous avons effectivement fait 10% de part de marché l'année
dernière, ce qui représente à peu près
40 de millions de francs de volume publicitaire traité.
Je pense que nous sommes leader pour les start-up Internet avec
des clients comme Chateauonline,
Travelprice,
CPR-etrade,
Consors,
Ze Bank, Cd
andCo etc. Ce qui séduit avant tout chez nous, c'est
la possibilité pour une dotcom de gérer avec un
seul interlocuteur toute sa stratégie de communication.
Une dotcom ou dotcorp qui lance un site, par exemple, commence
par faire de la veille pour observer les pratiques dans son univers
avec notre pôle étude et veille. Ensuite, le pôle
agence travaille sur la communication du site, tous types de supports
confondus. Pour créer du trafic sur ce site, nous avons
le pôle média, qui utilise Internet et le hors média.
Nous constituons actuellement une équipe d'importance pour
les médias traditionnels. Notre pôle contenu, avec
Cross Content, permet le brokage de contenu entre des producteurs
de contenu et des éditeurs de sites, mais aussi la production
de contenu ad'hoc. Enfin, nous proposons une prestation de régie
publicitaire pour que les commerçants devenus médias
puissent vendre leur propre contenu.
Quel
regard portez-vous sur le marché publicitaire en ligne
actuel ?
Pour moi, c'est avant tout un marché naissant qui a besoin
de se professionnaliser. La bannière, qui domine très
largement le marché, n'est qu'un début. Je la compare
à l'affichage pour les médias traditionnels. C'est
une forme de communication incontournable mais ce n'est certainement
pas le seul moyen de communiquer online. De même qu'on est
passé de communications via les médias traditionnels
à la communication hors-média, tout est à
inventer sur le net, du côté de la communication
sur le WAP par exemple.
Dès
la création de Co-spirit, vous évoquiez déjà
la perspective d'une introduction en Bourse. Les récents
déboires de certaines valeurs Internet vous font-ils reconsidérer
cette perspective ?
Pas du tout, notre stratégie est indépendante des
éléments conjoncturels. Nous ne sommes plus vraiment
une start-up. Nous prévoyons déjà une levée
de fonds de plusieurs dizaines de millions de francs dans le courant
de l'été et le projet d'IPO est maintenu pour les
six à dix-huit mois qui suivront. Nous sommes en pleine
phase de croissance, car Co-spirit est passé de cinquante
salariés au début de l'année à 90
aujourd'hui avec une activité dores et déjà
rentable avec toutes nos activités. Notez par ailleurs
que pendant la ruée vers l'or, il vaut mieux vendre des
pelles et de pioches. C'est un peu ce que nous faisons.
Dans
vos interviews, sur vos sites, vous faites largement référence
à votre politique de recrutement. S'agit-il d'un problème
de nature à retarder votre développement ?
Au contraire, nous avons pratiquement doublé nos effectifs
en quatre mois. Depuis la naissance du groupe, aucun salarié
ne nous a quittés. Face à nous, il y a des changements
d'interlocuteurs permanents. Pour moi, il ne suffit pas pour une
société d'avoir des postures ambitieuses, de présenter
une idée et un beau powerpoint pour créer une boîte
et la monter de 0 à 100 puis 200 collaborateurs. Dans nos
métiers de services, ce qui compte avant tout, se sont
les ressources humaines. Chez Co-spirit, nous fonctionnons dans
une logique de temps de travail choisi par exemple. De même,
le groupe ayant historiquement une partie de ses structures implantées
à Lyon, nos collaborateurs ont la possibilité de
choisir leur lieu de travail. Nous voulons faire de l'e-relation
avant de faire de l'e-business. C'est une des raisons pour lesquelles
nous avons développé un pôle d'incubation
de start-up. En réalité, le marché du travail
s'est inversé aujourd'hui. Si nous ne permettons pas aux
gens de se réaliser, nous sommes à côté
de la plaque
Vous
pouvez être plus précis ?
Nos salariés évoluent dans un marché ou beaucoup
reste à faire et où de nouvelles start-up naissent
tous les jours. Il serait illusoire de vouloir les empêcher
de se lancer à leur tour, mais nous leur proposons de créer
leur start-up chez nous. Nous ne leur imposons rien. Mais ils
peuvent, simplement en changeant de bureau, se lancer dans cette
aventure. Un des projets, dans l'univers des sorties, est aujourd'hui
au bord de la levée de fonds et devrait être lancé
en septembre. La structure vit aujourd'hui sur un préfinancement
assuré par Co-spirit. Le plus important dans ces aventures,
c'est de constituer les équipes. A tel point que je pense
même qu'une bonne équipe sur un mauvais projet trouvera
toujours la faille pour en faire une activité intéressante.
Au contraire, si l'équipe n'est pas cohérente, le
meilleur projet du monde échouera. Nous travaillons sur
ces projets au stade de la simple idée, qui ne peut que
s'enrichir au contact et à la confrontation des autres.
Dans tous les cas, il ne s'agit que d'une logique d'accompagnement,
le fondateur reste majoritaire dans sa start-up. Nous portons
ainsi les projets de nos salariés mais aussi des projets
de nos clients. Nous commençons actuellement à travailler
sur l'un d'eux.
Vous
avez des perspectives de développement international ?
Nous lançons @médiatrack
Espagne qui sera la tête de pont du groupe dans ce pays.
Plus généralement, je pense que trois de nos pôles
sont facilement "européanisables". Il s'agit
du pôle étude et veille, dont la dimension Internationale
est naturelle. Nos études d'ailleurs sont déjà
faites en anglais pour IBM europe comme pour les constructeurs
automobiles européens. Pour le pôle média,
nous sommes dans une logique de partenariat en Allemagne avec
Planet et en Angleterre où nous choisissons avec Planet
notre futur partenaire anglais. Enfin, nous allons accompagner
nos clients de la grande distribution, en Espagne d'abord, avec
notre pôle de distribution hors média.