Business
Interactif, une des premières grandes agences interactives
françaises indépendantes avec Cythère, se
met à l'heure des clients 100% internet et du commerce
électronique. Son
co-fondateur fait le point du développement accéléré
de BI, qui met en avant son "e-spirit". (Voir aussi
l'interview
vidéo)
Propos recueillis par Rémi
Carlioz
le 02 décembre 1999
.
JDNet
: on connaît très bien vos clients, un peu moins bien votre société.
Est-ce que vous pourriez nous présenter Business Interactif ?
Emmanuel
Henrion : Business Interactif est une structure qui vient
de souffler sa troisième bougie et qui s'est développée assez
rapidement dans les trois dernière années, avec une progression
du chiffre d'affaires de l'ordre de 800% depuis son premier exercice.
Nous avons aujourd'hui un prévisionnel pour l'exercice en cours
de l'ordre de 38 millions de francs. Actuellement nous sommes
un peu plus de 50 personnes. A la fin de l'année, nous serons
pas loin de 70 personnes et nous prévoyons qu'en juin nous serons
au-delà d'une centaine. Nous sommes positionnés comme concepteur
de services à forte valeur ajoutée, plutôt à rechercher un nombre
réduit de clients, sachant que nous les accompagnons de la stratégie
jusqu'à l'implémentation de leurs projets. Actuellement
nous sommes dans une phase de très forte croissance et nous sommes
en train d'accélérer le développement. Nous allons déménager et
nous prenons un plateau de 2.000 mètres carrés,
pas loin de là où nous sommes actuellement, à Clichy. Nous avons
embauché un directeur financier qui va accélérer notre développement
en terme de moyens d'investissements.
Aujourd'hui,
quels types de clients avez-vous ?
Nos
clients sont de deux types. Au départ, ça c'est un peu
compliqué par la suite, nous avons des clients du monde réel.
Des grandes sociétés du style de Nestlé France, Lancôme, Continent,
Alcatel, Orangina pour n'en citer que quelques-unes. Ce sont des
sociétés pour lesquelles nous faisons l'intégralité de leurs stratégies
et de la mise en oeuvre de leurs projets. Par ailleurs, nous avons
un nouveau type de clientèle avec des clients qui sont du monde
virtuel, comme Selftrade, un client que nous avons acquis très
récemment, qui sont ce que nous appelons des "pure play" et qui
n'existent exclusivement que par l'Internet. Et en fait on observe
qu'il y a une migration progressive de l'ensemble de nos clients
-avouée ou non avouée- à devenir un peu "pureplay"
aussi, en développant des ressources sur Internet qui seraient
exclusivement hébergés dans des entités 100% Internet. Un petit
peu à l'image de ce qu'a fait Procter & Gamble dernièrement, qui
migre d'emblée
sur des structures qui sont tout à fait nouvelles.
Vous
avez développé pour vos clients des outils et des plates-formes
de commerce électronique. Quelle est votre philosophie
du commerce électronique?
Nous avons tendance à estimer que le commerce électronique,
dont on parle énormément, n'est que la suite logique d'un métier
que nous faisons déjà depuis longtemps. Ce métier, c'est diffuseur
d'informations. Il doit transformer un visiteur en un consommateur
ou un acheteur. On se rend compte que dans ce métier la partie
la plus importante est l'avant-vente qui consiste à mettre en
forme un contenu et que les vrais problèmes qui se posent par
la suite seront de deux natures: ceux qui sont liés au datamining,
c'est-à-dire que lorsqu'on commence à mieux connaître son éditeur,
on génère un flux d'informations qui est immense et qui est difficile
à traiter. On n'en parle pas assez dans le commerce électronique.
Deuxième problématique, c'est tout ce qui est logistique ou "fullfillment".
Là aussi on se rend compte que dans le commerce électronique,
on parle souvent de mise en oeuvre de moyens pour créer la boutique
ou sécuriser de la transaction, mais ce n'est pas le gros morceau
à notre avis. Pour nous, le commerce électronique, c'est
une approche globale et qui ne peut pas être appréhendée en morceaux.
On
a l'impression que Business Interactif est une structure un peu
atypique dans le marché français des prestataires?
Non.
En revanche on a peut-être un certain nombre de caractéristiques
qui sont très particulières. La première, c'est que nous avons
a priori la taille critique d'une agence relativement importante
dans un marché où il y a plutôt des petites structures.
Deuxièmement, nous sommes indépendants ce qui est de plus en plus
rare dans ce marché. Ensuite nous faisons depuis le début 30 à
35% de notre chiffre d'affaires à l'export. Cela signifie pour
nous qu'Internet n'est pas seulement réduit à la
France, mais au monde. Internet ce n'est pas du tout français,
c'est une vision globale. Le dernier point qui est peut-être un
petit peu plus humain, car il faut parler des hommes, c'est que
nous respectons énormément notre équipe, qui est notre
plus grand capital. Ce qui fait que, depuis le début, nous avons
un turnover qui est nul. C'est pour nous un souci de chaque instant
de faire en sorte que, dans un métier où les gens travaillent
énormément, par le biais peut-être d'une participation au capital
ou par le biais de la recherche d'une ambiance, d'une atmosphère
de travail qui soit agréable, l'ensemble des collaborateurs soit
le plus heureux possible dans un métier qui devient de plus en
plus difficile. Je crois que c'est un point important et peut-être
atypique effectivement. Cela pourrait se résumer avec une formule
qui va sortir en communication sur l'image de notre société, nous
sommes à la recherche et nous tenons absoulment à garder,
le "e-spirit", c'est à dire l'esprit Internet qui fait
que nous vivons au rythme de l'Internet et que l'atmosphère et
la chaleur de travail est un élément essentiel de ce monde un
petit peu électronique.