France Loisirs, qui a ouvert son site en mars 98, prépare une nouvelle version de son web pour la fin de l'année. A ceux qui annoncent que la formule des clubs est condamnée par l'arrivée des librairies en ligne, son responsable répond en mettant en avant le savoir faire "communautaire" acquis par France Loisirs sur le Web.

Propos recueillis par Philippe Guerrier le 04 septembre 1999 .

JDNet : La formule des clubs est-elle condamnée sur Internet comme le pense François-Henri Pinault, le patron de la Fnac?
Frédéric Jumentier : Pas les clubs conviviaux en tous cas et France Loisirs en est un. Le site respecte la hiérarchie du catalogue papier de manière à ne pas désorienter les visiteurs mais nous avons surtout une vertu de recommandation. Nous proposons un contenu informatif, avec une fiche par livre avec un résumé, la première page du livre, l'avis des adhérents, des extraits de critiques et une petite note biographique de l'auteur. Nous avons également un espace "détente" sur notre site avec des forums et des jeux. Nous développons également des romans interactifs et organisons des sessions de chat quasiment toutes les semaines avec des auteurs mais aussi des musiciens, Jean-Louis Aubert par exemple. Ces sessions peuvent accueillir plusieurs centaines de participants si l'invité(e) est réputé. C'était le cas avec Mary Higgins Clark. Nous avons déjà organisé une quarantaine de sessions de chat depuis l'ouverture du site en mars 98. La prochaine étape, pour les "chats", ce sera la vidéo.

Comment se passe vos "cyber-affaires" du mardi ?
Elles vont continuer. L'objectif de cette opération hebdomadaire, qui a débuté en août, est de vendre dix livres à prix cassés -à raison de 15 exemplaires par ouvrage- entre le mardi 10 heures et le mercredi même heure pour la clôture. Les internautes voient le stock se décrémenter en temps réel sur le site. C'est un bon moyen pour fixer un rendez-vous régulier... et cela nos permet pour vendre une centaine de livres en une journée.

Vous allez présenter un nouvel outil sur le site à partir du 15 septembre...
C'est un outil de "recherche intuitive", un module d'aide au choix d'un livre. L'internaute dispose de 24 univers sonores et visuels censés représenter divers genres littéraires (histoires policières, romans historiques, détente...), qui correspondent au final à autant de livres. Il s'agit de recréer un espace chaleureux et sympathique. Nous essayons de sortir de la logique de moteur de recherche pour mettre l'accent sur des éléments plus subjectifs. La sélection de livres pour la recherche intuitive devrait changer tous les mois. Une icône sera présente dès la page d'accueil pour accompagner l'internaute dans cette découverte. C'est une technologie développée en flash, qui reste dans notre philosophie d'aide au choix des livres. La réalisation graphique et technique est signée par l'Agence Pole Nord.

Quelles sont les grandes orientations de la nouvelle version du site?
Elle sera présentée avant la fin de l'année. Nous avons déjà procédé à un lifting en février dernier mais là il s'agira vraiment d'une refonte, notamment de la charte graphique. Nous voulons renforcer l'aspect communauté et la recherche guidée sur des critères réels. France Loisirs va également couvrir prochainement un évènement culturel de manière très innovante. Nous allons aussi mettre en place des éléments personnalisés pour nos adhérents car en tant que club, nous avons un grand avantage par rapport aux libraires en ligne: nous connaissons déjà les goûts de nos clients. Nous ferons également une place plus importante aux autres produits (CD, vidéo...) même s'il est vrai que 75% de nos ventes en général sont des livres.

Avez-vous l'intention d'ouvrir votre site au grand public?
Clairement non. Nous voulons rester sur le marché des clubs. Car nous voyons que les libraires en ligne ont maintenant tendance à segmenter leur offre pour former des communautés. France Loisirs a déjà une marge d'avance dans ce domaine car nous sommes déjà un club. Toutefois, nous allons développer le recrutement de nouveaux abonnés par Internet. France Loisirs gagne 800.000 nouveaux adhérents par an. Le potentiel Internet est fort. 4% de nos clients disposent d'un accès Internet. Ca ne veut pas dire qu'ils utilisent tous le service en ligne du club. Mais nous avons 160.000 clients qu'il faut intéresser. Soit potentiellement 100 millions de francs de ventes en ligne. Et puis, sur Internet, il faut prendre en compte le profil des clients. Il est intéressant de remarquer que 75% de nos adhérents sont des femmes et 25% des hommes. Sur Internet, c'est équitable: 50/50.

Comment comptez-vous attirer de nouveaux clients sur Internet ?
En développant des offres spéciales Internet et des formules "clubs" mais avec en revanche un accès restreint au catalogue.

Avez-vous l'intention de développer des partenariats ?
Clairement oui. Nous pouvons monter des librairies électroniques pour des partenaires en co-branding. Cet axe sera aussi développé en terme de fourniture de contenu lors de l'évènement culturel dont je vous parlais tout à l'heure.

Quelles relations avez-vous avec le libraire en ligne BOL qui a les mêmes actionnaires que vous (Bertelsmann et Havas) ?
On est tout à fait complémentaire. C'est une librairie grand public avec une offre très large et des prix du marché. France Loisirs est un club de livres avec un catalogue de titres sélectionnés mais avec des prix plus attractifs. Les deux marchent la main dans la main. On a déjà des collaborations avec BOL. La librairie est mentionnée sur notre catalogue papier avec des encarts conjoints.

Quel est votre chiffre d'affaires en ligne ?
C'est confidentiel. Toutefois, je vous donne un élément: en France, nous avons 8% de part du marché "physique". Sur Internet, c'est plus.

Frédéric Jumentier, 36 ans, est membre du Comité exécutif de France Loisirs, en charge du multimédia et des systèmes d'information. Il a occupé auparavant le poste de directeur des opérations de France Loisirs. Il a débuté sa carrière dans le capital-risque à San Francisco pour Paribas Technology (1986-87), puis au Ministère de l'Industrie (1988-91) en tant que directeur du développement industriel de la DRIRE Haute Normandie. De 1992 à 96, il était consultant puis chef de projet senior chez McKinsey&Co à Paris, spécialisé dans les télecoms et la stratégie. Il est polytechnicien (X82) et ingénieur des ponts et chaussées.

Le site de France Loisirs en chiffre :