Avec plus
de 20 sites en régie et 30 millions de bandeaux publicitaires
affichés chaque mois, Accesite rejoint AdLink, le réseau
européen piloté par la régie allemande 1&1.
Son fondateur, Rémy Ladreyt, restera aux commandes et annonce
la mort, à terme, des régies franco-françaises.
Propos recueillis par Alain
Steinmann le 08 juin 1999
.
JDNet:
Pouvez-vous nous présenter
Accesite en quelques mots?
Rémy Ladreyt: La régie a été
créée en avril 1996 à la demande du marché
français avec deux pôles au départ: la banque-finance
et l'actualité. Aujourd'hui, nous avons entre 20 et 30
sites en régie pour plus de 30 millions de bandeaux affichés
chaque mois. Nos principales références en régie
sont le Groupe Desfossés, Radio France, "Ouest-France",
"Les Dernières nouvelles d'Alsace", "L'Est
Républicain" et Business Village. Depuis le début
de l'année, nous avons dû commercialiser nos espaces
à 200 annonceurs environ. Les derniers sites que nous avons
en régie sont Star Wars et deux bouquets, l'un sur le médical,
l'autre pour les jeunes.
Quels sont vos taux de remplissage?
Il
y a des sites où nous vendons 100% de l'espace publicitaire.
Sur certains sites du type La Tribune, les annonceurs doivent
attendre de deux à trois mois pour pouvoir passer. En général,
nous vendons entre 40 et 80% de l'espace disponible. Les sites
qui se vendent le mieux sont la finance, la PQR, Radio France.
Nos campagnes durent de trois heures à un an!
La
constitution d'un réseau paneuropéen est une étape
obligée?
C'était
la vocation d'Accesite. A terme, 50% des régies seront
internationales car 50% des budgets seront internationaux. En
conservant notre statut franco-français, nous serions
apparus comme les Gaulois du Web. A terme, les régies
franco-françaises vont mourir. Autant les éditeurs
pourront rester localisés, autant les réseaux
de communication seront internationaux.
Pourtant,
il y a cinq mois, vous faisiez entrer trois business-angels
dans votre capital...
Nous ne maîtrisions pas le timing. Je voyais la vocation
internationale d'Accesite pour l'an 2000, pas pour 1999...
Quelle
forme va prendre le réseau paneuropéen ?
1&1 ne va pas être le nom de
la nouvelle régie. C'était purement l'opérateur
financier. A priori, le nom de la nouvelle régie sera
Adlink. Nous sommes en période de test et d'évaluation.
C'est une continuité par rapport au réseau déjà
en place, vous voyez. Nous allons fonctionner à
l'européenne, les patrons des régies qui vont
nous rejoindre vont rester les patrons chez eux.
Quels
sont les pays qui vont intégrer Adlink?
Ca, je ne peux pas vous le dire. Pour
l'instant, Adlink regroupe les pays suivants: la France (Accesite),
l'Allemagne (1&1), le Royaume-Uni (TSMSi), la Scandinavie
(1&1 Scandinavie), l'Espagne (Interactive Network), l'Italie
(ClickIt) et l'Autriche (Austria Online). Je pense qu'en
Europe, trois pays sont prêts: l'Angleterre, l'Allemagne
et la Suède. La France, le Bénélux et l'Espagne
devraient être prêts rapidement.
Vos
objectifs pour 1999 et 2000?
Pour 1999, nous misons sur de 20 à
30% de budgets internationaux et sur 20 millions de chiffre
d'affaires net. Sur les premiers mois de l'année, nous
sommes déjà au-delà de ces objectifs. Pour
2000, cela devrait être énorme... Supérieur
à 40 millions nets.
Quels sont les types de publicités privilégiés
en France?
Nous vendons encore 80% de bandeaux. C'est normal puisqu'en
France, nous sommes encore aux débuts de la publicité
en ligne. Les trois quarts des annonceurs viennent de créer
leur site, il faut les laisser tester le média sans les
pousser vers des solutions qui n'ont jamais été
testées. Il faut y aller doucement, leur laisser le temps
de comprendre.
Les 20% restant concernent le sponsoring avec des boutons, du
publi-rédactionnel (pour Nokia récemment) et l'habillage
des rubriques (sur les annonceurs informatiques essentiellement).
Mais si je devais vendre un encart publicitaire à un
nouvel annonceur, je lui conseillerais le bandeau simple.
Le bandeau n'est pas trop réducteur?
C'est
complètement réducteur. Le bandeau, c'est la télé
des années 60. Le futur de la publicité en ligne,
c'est le clip vidéo interactif. Le bandeau va survivre
encore un peu, je ne sais pas sur quelle durée mais le
"rich media" est révolutionnaire. C'est un
danger pour les éditeurs, ça peut squeezer leur
audience. Mais pour l'annonceur, c'est formidable: il va devoir
créer son propre contenu!
Quel
est votre taux de clic moyen? Est-il en baisse comme aux Etats-Unis?
Le taux de clic moyen est très différent selon
les sites et les publicités: pour l'instant, il varie
de 0,15% à 5%.
En général, le taux de clic est en baisse sensible
mais nous ne le ressentons pas de manière permanente.
C'est sûrement dû à une petite saturation
de la publicité en ligne. Mais les internautes devront
s'y faire et ils n'ont pas tous compris que contenu gratuit
= publicité. Il y a encore un gros travail d'éducation
des internautes à faire.
Mais pour moi, le taux de clic, ça ne veut rien dire,
c'est une fausse valeur marketing. Il faut parler de taux de
conversion. C'est un indice bien plus parlant.
Quelle est la recette d'Accesite
pour réussir une bonne campagne sur le Web?
Il n'y a pas de recette pour avoir un bon taux
de clic et de conversion. Par exemple, dans la finance, nous
avons tout les annonceurs et il y en a toujours qui ont un taux
de clic largement inférieur à tous les autres
quelles que soient les créations. C'est peut-être
une question de marque ou de je ne sais quoi mais la création
de la bannière seule n'est pas responsable du taux de
clic.
Justement,
les annonceurs ne sont-ils pas tentés de croire que le
coût d'acquisition est plus élevé sur le
web que sur les autres médias?
Ce n'est pas du tout le cas! Quand on voit que Procter dit que
50% de son budget pub sera sur Internet dans les années
à venir, ce n'est pas pour rien. Surtout que le pouvoir
d'achat des clients recrutés sur le Net est bien supérieur
à celui des clients "normaux". Le web procure
d'autres avantages à l'annonceur, comme la possibilité
de juger immédiatement de l'efficacité d'une campagne
et de choisir (ou de ne plus choisir) un support en fonction.
Quelle
est la part des centrales dans vos clients?
A
peu près 50%. C'est un chiffre en augmentation. Je crois
que le monde de la com' traditionnelle a loupé le coche
de la publicité en ligne. Ils devront mettre davantage
de moyens pour rattraper le retard et ont déjà
perdu de la crédibilité sur ce média. Actuellement,
je pense que seulement 5 agences ont franchi le cap. Ce sont
des grosses agences mais toutes les agences les plus importantes
n'ont pas encore fait leur entrée sur le Web. Le nombre
d'agences actives sur Internet est négligeable.
Quels
conseils donneriez-vous aux éditeurs et aux annonceurs
qui veulent se lancer sur le web aujourd'hui?
Les
éditeurs peuvent se focaliser sur des sites de contenu
qui ne sont pas encore développés en France. L'automobile,
les sites enfants et femmes ou le sport sont des secteurs qui
peuvent intéresser du monde... En général,
les sites de contenu doivent pouvoir fournir à leurs
visiteurs une grande quantité de contenu et une réactualisation
journalière.
Les annonceurs doivent de leur côté créer
un site dynamique qui englobe du contenu et faire jouer l'interactivité
jusqu'au bout.
Qu'aimez-vous
sur le Net?
A peu près tout. J'adore ce nouveau média! Il
offre une rapidité d'information, quand on sait ce qu'on
cherche, il est démocratique et permet une réelle
ventilation de l'information.
Que
détestez-vous sur le Net?
Le manque de réactivité des pouvoirs publics (rires)
et le monopole de certains... mais je n'en dirai pas plus.
Vous
achetez sur Internet?
Oui, des CD sur des sites américains et sur Alapage,
des fleurs sur Interflora.
Rien
de plus original?
Si, j'ai aussi acheté des jeux vidéo sur des sites
américains et pour réserver mes vacances, j'ai
surfé sur des webs d'hôtels indépendants
mais je n'ai pas acheté car soit la documentation était
incomplète et assez mal faite soit il n'était
pas possible de réserver en ligne. En général,
je trouve que les vépécistes communiquent mal
et qu'on n'a pas connaissance du site en feuilletant leur catalogue.
Si ma femme savait que la Redoute avait un web, elle commanderait
en ligne, c'est sûr.
Accesite en chiffres: