L'agence 404Found
recentre sa stratégie dans le recrutement et la fidélisation
des internautes. Elle a développé un logiciel, Affilient,
dont l'objectif est d'aborder la quasi-totalité des questions
que se posent les sites marchands en matière d'affiliation,
un "passage obligé" pour David Lerman.
Propos recueillis par Philippe Guerrier
le 24 janvier 2000
.
JDNet:
Comment
définiriez-vous le "web management" vu par 404Found
?
David Lerman :
Lors de sa création en juillet 97, 404 Found voulait se
distinguer des autres agences de création Internet en développant
le thème du "web management". C'est une baseline
que l'on va enlever. Maintenant, c'est beaucoup moins pertinent.
Cette qualification ne répond plus à notre positionnement
actuel. Le "web management" au départ, c'était
la création, l'animation de site et la fidélisation
de trafic. Aujourd'hui, nous parlons davantage de recrutement
("customer acquisition") et de fidélisation clients
("customer retention"). Nous apportons cette valeur
ajoutée aux sites marchands et aux sites de contenus/portails.
Comment
est structurée l'agence ?
Nous avons trois pôles: conseil, agence, logiciels. Chaque
partie dispose d'une certaine autonomie. Pour la première
partie, nous dispensons du conseil auprès des start-ups.
Nous les accompagnons dès le départ dans leurs stratégies
et leur business model. Nous leur indiquons quelles fonctionnalités
il faut intégrer dès le départ pour recruter
et pour fidéliser. Par exemple, c'est le cas des Editions
Atlas. Nous avons aussi accompagné Clust.com jusqu'à
la charte graphique. Côté agence, on intervient une
fois que les sites sont créés. C'est une agence
de pub "online": campagne de bandeaux, événementiel,
marketing viral, etc. Pour le dernier pôle software, nous
avons développé un programme de gestion d'affiliation.
Les
différents pôles représentent quelle proportion
dans le chiffre d'affaires ?
Grosso
modo : 40% conseils, idem pour l'activité agence et 20%
pour les logiciels. Compte tenu de notre développement
européen, la dernière partie devrait représenter
une part de plus en plus importante. Aujourd'hui, nous sommes
présents à Paris, Barcelone et Londres. Nous ouvrons
Milan et Berlin début mars. C'est la partie logiciel que
l'on exporte en premier lieu.
La
fidélisation est une étape auquelle il faut penser
dès le début du projet ?
La fidélisation est liée au contenu du site et à
ses fonctionnalités intrinsèques. Quand on prend
un projet en amont, il faut accentuer les notions de fidélité
une fois les fonctionnalités arrêtées. Par
exemple, c'est le cas d'un économiseur d'écran sur
le site de Canal Plus Espagne à télécharger,
qui permet de découvrir les résultats mis à
jour à l'écran. C'est fidélisant. On peut
également créer des barres d'outils intégrées
à des navigateurs avec les cours de la bourse par exemple.
Mais
quelles démarches préconisez-vous pour un site déjà
ouvert que vous reprenez en main ?
On
met d'abord des rustines puis on change la roue. Il faut repenser
les choses à la base. Actuellement, les gens se concentrent
sur l'acquisition de parts de marché. Ce n'est pas suffisant.
L'affiliation,
c'est un passage obligatoire pour les sites marchands ?
Très clairement oui. Une étude Jupiter indique que
l'affiliation en 2002 génèrera 24% du CA des sites
marchands directement et 30% indirectement, c'est à dire
après un premier passage de l'internaute. Une étude
plus récente de Forrester indique que sur 50 marchands
interrogés qui ont en moyenne 10.000 affiliés, ce
système génère 13% du CA (21% prévu
en 2002). Par conséquent, on peut dire qu'aujourd'hui un
marchand qui met pas en place un programme d'affiliation se prive
de 15% de son chiffre d'affaires.
Quels
conseils donneriez-vous aux marchands pour lancer un programme
d'affiliation ?
Il faut déterminer le bon programme. Il
faut également voir ce qu'attendent les affiliés,
dont les motivations peuvent parfois dépasser la rénumération:
des opération de co-branding, etc. L'intérêt
de l'affilié, ce n'est pas forcément percevoir une
commission. C'est proposer aux internautes un service intégré.
Prenons Boursorama par exemple: le site propose de l'information
financière. Il est naturel pour eux de proposer un accès
aux brokers. Nous proposons des tests de scénarios d'affiliation
avant même de proposer l'outil Affilient. Ensuite, il y
a une phase de recrutement. Enfin, on passe à la phase
technique.
Pouvez-nous
présenter Affilient ?
L'outil répond à 99% des besoins
d'un marchand en matière d'affiliation: il permet de gérer
le recrutement automatique ou semi-automatique des affiliés,
la gestion des contrats (définition exacte des relations
particulières entre le site affiliant et le site affilié),
les gestion de statistiques, la gestion comptable. C'est
un outil qui marche en environnement NT et SQL Server. C'est un
produit qui peut s'interfacer à distance avec n'importe
quel site marchand. Il est particulièrement bien interfacé
avec Site Server. Il faut compter une demi-journée pour
l'installation sur un site marchand.
Comment
cet outil est-il
accueilli par les clients ?
Après
les démonstrations, les gens se sentent en général
rassurés. C'est un produit complexe dans sa conception
mais pas dédié aux techniciens pour son utilisation.
Nous avons commencé la commerciliasation d'Affilient depuis
le 15 décembre dernier dans sa version 1.0. Cet outil a
nécessité deux ans de travail de conception. Son
coup d'acquisition est de 10.000 euros. Nous avons actuellement
une dizaine de clients intéressés. Pour l'an 2000,
nous misons sur 150-200 clients essentiellement sur l'Allemagne,
l'Angleterre, l'Espagne et France.
Vous
êtes concurrencés par qui dans ce domaine ?
iMédiation
mais je le connais mal. Il semble que les clients écartent
cet outil pour des raisons de prix. Mais aussi parce que nous
n'avons pas le même type de cible.
Vous
travaillez sur un deuxième logiciel ?
Oui, c'est un produit stratégique tout aussi
intéressant. Mais nous restons discret sur le sujet pour
le moment. Mais la philosophie reste la même: simplifier
un concept et faciliter l'utlisation, faire gagner du temps aux
sites qui vont l'intégrer.
Sur
quels grands projets travaillez-vous ?
Nous
travaillons sur trois gros projets en amont pour des starts-ups:
un portail diététique et nutrition et deux projets
"B to B"
au niveau européen. Ce qui est intéressant de remarquer,
c'est qu'il y a six mois, nous voyions de jeunes entrepreneurs
lancer des start-up. Maintenant, nous voyons des équipes,
qui sur le papier, ont des CV assez incroyables.
De
c ombien de clients disposez-vous ?
Une soixantaine. En terme de budget Internet, Thomson Multimédia
nous alloue l'un des budgets les plus importants, c'est à
dire plus d'un million de francs. Nous avons également
Vivendi avec Powow.net, RESpublica, WStore...
Comment comptez-vous assurer votre développement ?
Nous allons faire appel à du capital-risque
prochainement. Ce sera notre deuxième tour de table. En
juin 99, nous avons levé 3 millions de francs auprès
d'investisseurs privés.
Quel
chiffre d'affaires prévoyez-vous cette année ?
45 millions de francs sur toute l'Europe. En 1999, nous avons
réalisé un CA de 8 millions de francs.
Vous
allez vous concentrer sur un développement européen
?
Oui mais nous sommes en train de passer des accords avec
certaines sociétés aux Etats-Unis.
Vous
travaillez souvent avec GFI pour la partie technique. Avez-vous
envisagé de vous rapprocher?
On travaille souvent avec GFI
mais nous n'avons jamais envisagé un rapprochement. Lorsque
des clients viennent nous voir et nous désignent maître
d'oeuvres, nous recommandons GFI derrière pour la réalisation
technique. Il n'y pas de zone de concurrence entre nous. Et puis,
GFI a également des gros clients avec qui on peut faire
affaire. Mais il est vrai que l'on a été approché
auparavant par d'autres sociétés. Les offres n'étaient
pas sérieuses au-delà de l'aspect financier.
Quels
sites d'informations consultez-vous ?
L'Industry
Standard. Bloomberg
pour tout ce qui est généraliste.
Quels
sites regardez-vous pour vos loisirs ?
J'aime bien AlloCiné
pour l'intelligence du site et de son contenu. J'aime Internet
Movie Database.
Estimez-vous
qu'Amazon a réussi sa politique d'affiliation ?
Si tous les sites marchands suivaient cet exemple, ils multiplieraient
certainement leurs ventes.
Qu'aimez-vous
sur Internet
L'exhaustivité de l'information.
Que
détestez-vous sur Internet ?
Les moyens de "vaporware" sur ce média, c'est
à dire le manque d'humilité, le manque de recul.
C'est une expression utilisée pour les éditeurs
quand ils annonçaient des versions six mois à l'avance
pour geler le marché. Beaucoup
d'acteurs de l'Internet jouent sur l'effet d'annonce.
David Lerman, 29 ans, diplômé de l'EDHEC promotion
95, est l'un des fondateurs de 404Found en juillet 97. Il a occupé
auparavant le poste de consultant Internet/Intranet pour une petite
société de conseil.