Filiale de
l'Allemande ConSors, détenue elle-même majoritairement
par la banque Schmidt, Consors.fr, anciennement Euraxfin, est
un des leaders en France du courtage en ligne. Coté depuis
le début de l'année 99 au marché libre et
après un excellent parcours sur ce compartiment (+267%),
la société vient de réaliser son transfert
au Nouveau marché pour se donner encore plus de visibilité.
L'occasion de faire le point avec le président de Consors
France sur la tempête boursière qui s'est abattue
sur les valeurs internet la semaine dernière et sur la
stratégie de la société pour cette année.
Propos recueillis par Jérôme
Batteau le 10 avril 2000
.
JDNet.
La bourse vient de vivre une semaine agitée. Quel regard
portez vous sur cette correction des valeurs internet?
Yves Naccache. J'ai trouvé que cela s'était
passé finalement dans d'assez bonnes conditions. Malgré
la violence de la chute, la semaine a été plutôt
bien maîtrisée par les opérateurs et on ne
peut pas dire qu'il y ait eu une ambiance de krach, même
chez les clients que nous avions au téléphone. Car
cette chute a aussi permis aux investisseurs de se replacer sur
des grandes valeurs technologiques comme TF1 ou Equant. La sélectivité
attendue ne s'est finalement pas faite entre les dotcom mais plutôt
entre les dotcom et les les valeurs qui ont un pied dans les deux
économies. Ces dernières seront d'ailleurs certainement
favorisées dans les jours qui viennent.
Cette
forte volatilité profite-t-elle à Consors?
La semaine a été globalement bonne puisqu'on a enregistre
près de 20% d'ordres en plus. Mais ce n'est pas non plus
exceptionnel.
Et
c'est justement cette semaine là que vous choisissez pour
votre transfert au Nouveau marché. Regrettez-vous de ne
pas avoir retardé l'opération en attendant une conjoncture
meilleure?
Non parce que déjà nous sommes très contents
d'être coté sur ce marché et finalement peu
importe la date. Ensuite nous avons été introduits
par simple transfert donc sans augmentation de capital ce qui
était moins pénalisant pour nous pendant cette période.
Enfin si le cours était resté à 20 euros
[NDLR : l'action a été introduite à 29,5
euros et est descendue à 23,5 euros le jour de la correction]
nous nous serions posés des questions mais il n'en a rien
été . Donc finalement on ne regrette rien. [NDLR
: Le titre a clôturé hier soir à 27,11 euros].
Quels
sont les chiffres de ConSors pour le mois d'avril et quel est
le profil type de vos clients?
Nous comptons 17.000 clients. Ce sont principalement des
hommes, habitant Paris ou sa région, qui avaient déjà
une excellente culture boursière avant de venir chez nous
et dont le portefeuille moyen est évalué à
35.000 euros.
La
taille du portefeuille est donc importante. Allez vous continuer
à cibler votre offre sur ces gros clients ?
Oui, mais nous sommes rentrés dans une deuxième
phase où nous cherchons désormais à faire
venir des particuliers aisés qui n'ont pas forcément
une bonne culture de la Bourse ou qui n'ont même jamais
eu de portefeuille.
Quel
sont justement les moyens mis en oeuvre pour attirer ces nouveaux
clients ?
Nous disposons d'un budget de 10 millions d'euros. La majorité
de nos clients sont venus grâce à la publicité
donc nous continuerons dans cette voie. Mais nous irons certainement
de moins en moins vers la presse financière ou spécialisée
et de plus en plus vers les médias grand public comme la
télévision.
Pour
acquérir de nouveaux clients, deux courtiers en ligne se
sont liés avec des fournisseurs d'accès (Etna avec
Free, Wargny avec Infosources). Est-ce une idée à
laquelle vous réfléchissez?
Non pas vraiment. Si on devait signer des partenariats ce serait
plutôt dans un autre secteur que les fournisseurs d'accès.
Nous avons par exemple déjà un contrat qui nous
unit avec la Lufthansa. C'est une sorte d'échange "miles"
contre trading. Nous pensons que les synergies de ce type sont
plus intelligentes pour notre activité.
Certains
parlent déjà de rentabiliser l'activité de
courtage en ligne par de la publicité. Quel est votre avis
sur la question ?
Nous y sommes clairement défavorables. Selon nos études
les frais de courtage rapportent 20% de plus que la publicité
pour un courtier en ligne. Je ne vois donc pas comment ce modèle
pourrait être rentable. Cela a été tenté
aux USA et finalement abandonné, c'est donc un signe. En
plus je suis persuadé que ce modèle aurait une incidence
notable sur la qualité du service offert.
Ces
nouvelles offres multiplient en tout cas encore le nombre de courtiers
en France. Faites vous partie de ceux qui pensent que certains
courtiers ne survivront pas à une telle concurrence?
Nous, on ne pense pas qu'il y en ait trop.
Si vous regardez bien en ce moment, il y déjà une
sélection qui s'est opérée puisque cinq courtiers
se partagent 80% du marché. Mais malgré cela avec
un nombre limité de clients les autres courtiers en ligne
peuvent très bien être rentables. L'hypothèse
de quelques faillites est donc à mon avis à écarter.
En revanche, il pourrait y avoir des rachats mais certainement
pas entre les gros du secteur. Les cibles seront plutôt
des courtiers en ligne qui sont dans une niche.
Et
ConSors a déjà sa cible ?
Non. Pour l'instant les rachats ne sont pas à l'ordre du
jour.
Vous
avez fait une tentative d'introduction en ligne avec Automatech
au mois de décembre mais l'expérience n'a pas été
renouvelée. Pourquoi?
Ce n'est pas une tentative mais une réalisation puisque
l'introduction a été réussie. Mais la tempête
médiatique a été telle que nous avons préféré
freiner un peu les projets. De plus nous sommes maintenant dans
l'attente d'un accord des autorités de tutelle pour renouveler
l'opération. Et si tout se passe bien nous devrions de
nouveau en proposer une aux alentours du mois de juin.
Mais
jusqu'à là plusieurs acteurs comme First-offer ou
Epo.com vont proposer ce produit et ainsi vous concurrencer. Pourquoi
ne pas avoir envisagé de partenariats avec ces sociétés?
Parce que nous avons toutes les cartes en main pour le faire nous
même. ConSors Allemagne a réalisé une dizaine
d'introductions de ce type et maîtrise la chaîne de
bout en bout. De plus les sociétés que vous citez
ne sont pas vraiment des concurrentes car elles sont sur une niche.
Je les vois même plutôt d'un bon oeil puisqu'une fois
que vous avez vos titres, il faut bien les revendre chez un courtier
en ligne.
Les
courtiers en ligne comme Bourse-Direct se mettent à créer
des relais physiques. N'est ce pas curieux alors qu'on pensait
que le online permettait de s'affranchir des contraintes des structures
traditionnelles?
Oui, effectivement. Mais vous savez, je pense qu'il va y avoir
de moins en moins de différence entre le online et le offline.
Les prochaines fusions iront peut être même dans ce
sens car il faut désormais avoir une logique hybride entre
espace physique et internet pour réussir. En ce qui nous
concerne, nous avons ouvert par exemple un showroom en plein centre
de Paris pour que les clients viennent nous voir. On est un peu
obligé, mais on n'aura pas pour autant des centaines d'agences
dans toute la France.
Qu'est
ce vous aimez sur internet?
J'aime beaucoup les sites américains d'information financière.
Chaque semaine je fais un petit tour chez eux pour voir les évolutions
du métier là-bas.
Et
qu'est-ce que vous n'aimez pas sur le Web?
Je n'aime pas les dérapages dans les forums financiers.
Il y a vraiment trop d'accusations ou de fausses informations
qui peuvent déstabiliser un titre. Je pense qu'un peu de
contrôle sur les forums ne ferait pas de mal.
Avez
vous déjà acheté sur internet ?
Oui. J'ai récemment acquis des clubs de golf sur eBay.
Ce n'était pas forcément une bonne affaire mais
cela m'a permis de tester le système des enchères
sur internet.
Sinon j'achète évidemment des actions.
Yves Naccache
est diplômé de l'Ecole supérieur de commerce
de Paris (ESCP). Après avoir travaillé neuf ans
comme spécialiste des produits dérivés au
Crédit Lyonnais, il a fondé avec quatre autres personnes
le site de courtage en ligne d'Axfin. Le courtier en ligne a ensuite
été racheté en juillet 1999 par le discount
brokers allemand ConSors et a pris le nom de sa maison mère
au début de l'année 2000.
ConSors
France en chiffres
Actionnariat
de Consors France
|
Consors
Discount-Broker AG: 53%
Public : 22%
Fondateurs : 25%
|
Produit
bancaire 99
|
57,9 millions de francs
|
Résultat
net 99
|
-
8,8 millions de francs
|
Nbre
de clients
|
17.000
|
Nombre
d'ordres exécutés par mois par clients
|
Entre
7 et 8
|
Objectif
2000
|
Produit
bancaire : 177,4 MF pour 37.500 comptes
Résultat net : 6,9 MF
|