JDN.
Nurun France a connu de profonds changements dans son
management, à commencer par votre nomination
début décembre. Pouvez-vous nous en dire
plus ?
Antoine Pabst. Le départ
fin 2003 d'Alain
Peron, directeur général Europe, puis
celui de Charlotte
Weill, directrice du développement, a effectivement
provoqué une profonde réorganisation,
mais qui s'est traduite principalement par des mouvements
internes. C'est le cas notamment de la nomination de
Clément Delpirou au poste de directeur général
France, alors qu'il était précédemment
directeur grands comptes dans la société.
Cette
réorganisation s'accompagne-t-elle de modifications
dans vos activités ?
Sans que cela soit directement lié,
Nurun France a en effet plusieurs nouveaux projets pour
l'année 2004. Le principal est le développement
de notre expertise en matière d'e-CRM. C'est
un domaine encore assez mal traité, alors que
le potentiel est énorme. Selon moi, la façon
de gérer la relation client sur Internet ou en
offline n'est pas très différente. Il
y a finalement beaucoup de similitudes avec la façon
dont un magasin gère sa tête de gondole
et la relation avec ses clients. Mon expérience
précédente chez The Sales Machine m'a
prouvée que les réflexes sont identiques
sur le on et sur le off. On peut même imaginer
que d'ici quelques années Internet devienne un
pilier de la relation client, voire qu'il soit l'outil
majeur dans certains domaines comme le marché
des jeunes, les sociétés de services payants
(téléphonie, télévision
payante, etc.) ou encore dans le BtoB. A terme, on peut
penser qu'une web-agency comme Nurun pourra avoir la
maîtrise de l'ensemble de la stratégie
de contacts d'une société, à la
fois on et offline.
Que
manque-t-il aujourd'hui aux agences Internet pour devenir
centrales dans les problématiques de relation
client des entreprises ?
Il manque encore une certaine expertise de l'outil.
C'est pourquoi Nurun engage par exemple cette année
une étude sur les jeunes et les meilleures façons
de communiquer avec eux via un support interactif. Notre
vocation est d'amener à un rééquilibrage
du média dans les stratégies de relation
client. Nous ne disons pas que le papier doit disparaître,
car il est crucial dans certaines phases de la relation
avec le client. Mais, à côté de
ça, il y a toutes les dimensions de dialogue
que peut gérer Internet.
Cela
signifie-t-il que Nurun France va vers une spécialisation
dans le CRM ?
Absolument pas. Il s'agit plutôt
d'une nouvelle brique que l'on souhaite développer
en parallèle de notre expertise outil en matière
de réalisation de sites corporate et de projets
e-business. C'est une troisième brique qui s'ajoute :
elle ne remplace pas les autres. Cela va dans le sens
de la stratégie du groupe Nurun où chaque
entité du réseau développe une
certaine expertise. Au Canada, par exemple, le bureau
local a acquis un fort niveau technologique, à
New York, l'équipe développe une expertise
média, à Barcelone, priorité est
donnée aux recrutements de collaborateurs de
haut niveau et en France, la réflexion sur l'e-CRM
est désormais stratégique. Les relations
entre les différentes entités du réseau
étant très étroites, il est ainsi
possible de multiplier les expertises et d'en faire
bénéficier l'ensemble du groupe.
Quel
bilan tirez-vous des activités de Nurun en 2003
et de l'évolution plus globale du marché ?
Après 2001 et 2002 qui ont été
des années difficiles, 2003 a été
une année de rétablissement, une belle
année de transition. Nurun France a réalisé
un chiffre d'affaires de 6,3 millions d'euros tout en
ayant un résultat net légèrement
positif. 2004 et 2005 seront, selon nous, des années
de progression. Nous sentons déjà la reprise
avec une nouvelle dynamique de marché. Le meilleur
exemple est le nombre de compétitions auxquelles
nous participons en ce début d'année.
Il est double de celui de 2003. Nous avons vraiment
le sentiment que cette reprise n'est pas qu'un souffle,
mais que c'est sérieux.
La
demande des annonceurs a-t-elle évolué ?
Elle est plus mature. Les annonceurs
se penchent à nouveau sur le rôle d'Internet
et sur la façon dont ils le gèrent. Ils
viennent nous voir, nous et les autres agences du marché,
avec de vraies problématiques de communication,
et ils intègrent le Web dans l'ensemble de leur
stratégie de communication, pas seulement comme
un média marginal. Par ailleurs, les budgets
ont nettement augmenté cette année par
rapport à 2003. Certains clients diminuent la
part de certains médias offline pour privilégier
le Web. C'est nouveau.
Et
où en est le marché des web-agencies ?
Le marché des agences s'est un
peu épuré. Il est maintenant structuré
autour de quatre ou cinq gros acteurs. Cette stabilité
fait que, désormais, on bataille plus sur les
prix que sur les budgets, comme c'était le cas
il y a un an ou deux. Cela dit, le fait que nous ayons
atteint une certaine stabilité ne nous interdit
pas d'éventuelles acquisitions de petites structures
afin de renforcer nos activités dans un domaine
particulier.
Pourriez-vous
nous citer un site, non réalisé par Nurun,
mais dont la réalisation vous a particulièrement
marquée ?
Je trouve le site de Mc Donald's, réalisé
par notre confrère Duke, particulièrement
novateur de part son design et son mode de navigation.
Et
si vous deviez retenir une réalisation particulièrement
originale de Nurun ?
Le site du Club Med m'a vraiment impressionné,
à la fois sur le design et sur le confort dans
l'usage. C'est très beau, très bien réalisé
et en même temps très pratique. Une chose
rare sur Internet !
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Antoine Pabst a
rejoint Nurun en décembre 2003 pour prendre en charge
le développement européen de la société. Directeur général
Europe et président-directeur général de Nurun France,
il supervise les activités des bureaux de Paris, Milan
et Barcelone, tout en coordonnant les stratégies d'alliances
et d'acquisitions de la société en Europe. Diplômé en
histoire, communication et droit des affaires, Antoine
Pabst a commencé sa carrière chez Piment, agence conseil
en promotion des ventes en 1984, avant de rejoindre
Wunderman Cato Johnson (Young & Rubicam) en 1987. Fondateur-associé
de The Sales Machine en 1993, puis directeur général
de The Sales Machine Group / Euro RSCG en 1997, il a
contribué au management des entités du groupe : The
Sales Machine (communication commerciale), The Connect
Machine (internet, data management), Zen (marketing
direct, promotion des ventes) Vitesse (corporate, événement,
relation presse) et Motivforce (motivation des forces
de vente).
Le Groupe Nurun
est une filiale du groupe de médias canadien, Quebecor
Média Inc. La web-agency compte parmi ses clients des
références telles que L'Oréal, le Groupe
Danone, Pfizer, Skyteam, Thomas Cook, Europcar ou encore
Dassault Aviation. Nurun dispose d'un réseau international
implanté dans plusieurs villes du Canada, des États-Unis
et d'Europe.
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